en Côte d’Ivoire, les Guinéens d’Abidjan –

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Près de 3 millions de Guinéens vivent en Côte d’Ivoire, selon Kaba Sekou, le président du Haut Conseil de la diaspora section Côte d’Ivoire. Guinéens et Ivoiriens sont proches par la géographie, la langue, la culture et même la gastronomie. Reportage à Adjamé, l’un des quartiers de prédilection de la diaspora guinéenne d’Abidjan.

Mariam Diallo vit en Côte d’Ivoire depuis 20 ans. Dans ce coin de rue d’Adjamé, au centre d’Abidjan, elle vend des plats bon marché qu’elle maintient au chaud sur son petit stand. Les Guinéens sont nombreux dans ce quartier populaire, raconte-t-elle, ainsi qu’à Yopougon et à Treichville. Leurs secteurs de prédilection ? Le commerce, la couture et surtout, la restauration. « Je me sens bien ici, les affaires vont bien. J’ai mon petit restaurant où je vends du riz, des sauces feuilles, du mafé. C’est de la cuisine guinéenne. Mais j’ai des clients ivoiriens, des clients guinéens, des clients nigériens… Tout »

Les Ivoiriens associent le nom de « Diallo », l’un des plus répandus en Guinée, aux boutiquiers et surtout aux kiosquiers. Ils servent le matin du pain et du café, et toute la journée, des spaghettis, des rognons et des petits pois. Une tradition culinaire qui n’est ni totalement guinéenne, ni totalement ivoirienne, mais née précisément dans cette diaspora. Un symbole de l’intégration, se félicite Abdoulaye Sow, résident de Côte d’Ivoire depuis 1992, qui tient l’un de ces kiosques. « Les débuts étaient difficiles pour nous ici, les étrangers subissaient des tracasseries policières, mais les choses se sont améliorées et maintenant les Guinéens et les Ivoiriens vivent en bonne intelligence : « Sans problème »»

Pendant les différentes crises politiques de Côte d’Ivoire, les Guinéens ont moins été ciblés que les autres ressortissants de la sous-région, comme les Burkinabés et des Maliens, explique Ahmadou Lamarana Diallo, 39 ans, commerçant et professeur de fulfulde à l’Académie ivoirienne des langues maternelles. En revanche, la Guinée n’est pas membre de l’Uemoa, et ses ressortissants peuvent parfois en pâtir. « La Guinée, c’est un pays voisin de la Côte d’Ivoire, mais d’une certaine manière, un peu éloigné. Appeler à Conakry, c’est plus cher qu’appeler au Niger. Les étudiants guinéens ici, qui sont hors Uemoa, nous payons parfois six fois plus cher que les Ivoiriens. Pour un master ici, il faudra débourser 400 000 francs CFA, tandis qu’un Ivoirien, c’est 60 000, et un Malien, c’est 100 000. Pour une licence, le Guinéen paie 300 000 et le Malien, 100 000. Nous souhaiterions que cela se règle. Il y a beaucoup de jeunes ici, qui ont le bac ivoirien, qui sont nés et ont grandi ici, ils ne peuvent pas continuer leurs études dans les institutions de l’enseignement supérieur public au même titre que leurs voisins maliens ou nigériens. »

Les premiers Guinéens de Côte d’Ivoire étaient des intellectuels et des réfugiés politiques, raconte Ahmadou Lamarana Diallo, qui fuyaient le régime de Sékou Touré. Mais aujourd’hui, la plupart des membres de la diaspora s’y sont installés pour des raisons économiques. Ils rêvent de retourner finir leurs jours en Guinée, en laissant leurs enfants en Côte d’Ivoire, pour poursuivre leurs activités.

RFI