Le terrain africain parait encore assez mal préparé à l’éclosion de ce type d’exercice
En Afrique, c’est hélas, une autre affaire. Rarement, l’on a vu, en effet, deux prétendants au fauteuil présidentiel, se soumettre à ce genre d’exercice. Certes, la Côte d’ivoire en a tenté l’expérience à travers le mémorable débat télévisé de l’entre-deux-tours de l’élection de 2010, qui avait opposé le président sortant Laurent Gbagbo à son très redouté challenger Alassane Dramane Ouattara. Mais à combien s’élèvent-ils à travers le continent, ces exemples ? Un chiffre dérisoire. Si l’on en est arrivé à ce maigre bilan, c’est que les seconds tours de scrutin sont assez rares en Afrique. Ici, contrairement à l’Occident, les élections se gagnent quasiment au premier tour. C’est le règne quasi implacable du coup « K.-O. » ontroversé qui ne laisse évidemment aucune place à un second tour, a fortiori à un débat télévisé d’entre-deux-tours.
Et puis, à supposer même qu’il y ait second tour, très peu de dirigeants africains accepteraient de se prêter volontiers à l’épreuve du débat télévisé ; tant ils craindraient que leurs passifs ne soient mis à nu sur un plateau de télévision. Et puis, il y a que bien des chefs d’Etat africains, sont déconnectés des réalités de leur peuple. Un handicap qu’ils se gêneraient d’étaler devant leurs concitoyens à l’occasion d’un débat. Un dirigeant comme Paul Biya du Cameroun, ce féru de farniente de longue durée à l’étranger, prendrait-il le risque de se soumettre à une confrontation diffusée avec son principal opposant ? Il ne faut pas rêver. Du reste, où passerait ce dernier pour accéder à ce fameux tour ?
Sur la même lancée, il faut avouer que ce genre de débat peut être très mal vécu par tout dirigeant quasiment élevé au rang de demiurge comme on en voit souvent sur le continent. Un chef, c’est connu, ça ne supporte pas la contradiction ni la critique a fortiori une bérézina par laquelle se solderait un duel oratoire.
Au total, on peut faire le constat que le terrain africain parait encore assez mal préparé à l’éclosion de ce type d’exercice. Sur le continent, la dernière ligne droite, après un premier tour, est plutôt souvent marquée par l’usage de l’argument de la force au détriment de la force des arguments. Et cette période cruciale est aussi l’occasion de faire circuler les mallettes en vue d’alliances politiques, bien souvent au détriment des peuples.
Ce qui est bien dommage. En tout état de cause, il faudra bien que la culture du débat télévisé soit ancrée dans les habitudes du continent ; toute chose qui contribuera à apporter un plus à la démocratie. Autrement dit, ce type d’exercice peut et doit s’appliquer aux candidats africains.
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