Après des années de silence, le cinéma guinéen a décidé de faire entendre sa voix et fait son come-back sous l’impulsion du Ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat qui a élaboré le plan stratégique de développement des secteurs du cinéma, de la vidéo et de la photographie en Guinée afin de structurer et de dynamiser le secteur. Noel Lamah, le Directeur Général de l’ONACIG (Office national du Cinéma, de la Vidéo et de la photographie de Guinée), s’est d’ailleurs rendu au Festival de Cannes pour le présenter et trouver des relais et des partenaires pour assurer son succès. Nous l’avons rencontré…
Suite à des études de cinéma menées entre la Guinée, le Sénégal et l’Afrique du Nord, puis la création d’une société de production (Les Films Holowaba), Noël Vagbanân Lamah s’est fait un nom dans l’industrie du cinéma en créant en 2013 le Festival de la Création Cinématographique de Guinée (FECCIG).
Depuis plus de 10 ans, le FECCIG fait bouger les amoureux du cinéma et est devenu un rendez-vous incontournable. Chef de département adjoint au sein de Institut Supérieur des Arts Mory Kanté, un établissement d’enseignement supérieur public de Guinée, situé dans la préfecture de Dubréka, Noël Lamah est depuis 2022, Directeur général de l’ONACIG.
Structure, réglementer, professionnaliser et valoriser le cinéma guinéen
La mission de l’ONACIG est vaste. L’institution entend réglementer les métiers du cinéma, mais aussi contribuer à la formation des intervenants, préserver la mémoire collective et promouvoir le cinéma national. “Nous souhaitons donner un nouveau souffle à l’univers du cinéma guinéen”, explique M. Lamah. “Ce qui nous a amené à concevoir un plan stratégique sur 5 ans visant à moderniser et digitaliser les équipements et les services en faveur du cinéma. Nous sommes aujourd’hui dans une formidable phase de relance de notre industrie”.
Le cinéma guinéen à la conquête de Cannes
La visite de Noël Lamah au Festival de Cannes s’inscrit dans cette démarche. Il a profité de cet événement majeur réunissant des professionnels, partenaires et investisseurs du monde entier pour mettre en avant les priorités du gouvernement guinéen en matière de cinéma, en particulier les infrastructures cinématographiques telles que les studios de production et de postproduction, les salles de cinéma multiplexes et la Cinémathèque Nationale de Guinée.
“L’un des volets de ce plan stratégique porte bien entendu sur les infrastructures, notamment la rénovation et le rééquipement de certaines salles de l’État avec un model partenariat public privé (PPP), ou encore la construction et l’équipement de la cinémathèque nationale qui abritera le patrimoine cinématographique guinéen avec un espace de visionnage dédié, poursuit M. Lamah.
“Nous sommes à la recherche de partenaires qui s’intéressent au sujet, car l’Etat ne pourra pas financer seul ce projet. Voilà pourquoi nous prévoyons une loi permettant aux partenaires privés susceptibles de soutenir ce projet de bénéficier d’allègements fiscaux et d’exonérations de taxes”.
Des réformes déjà engagées
Plusieurs projets ont déjà vu le jour en ce sens, notamment la vulgarisation de la stratégie de développement des secteurs du cinéma, de la vidéo et de la photographie auprès des acteurs, et des partenaires techniques et financiers pour la mobilisation des ressources nécessaires à sa mise en œuvre. A cela s’ajoute la loi réglementant le cinéma et définissant les mécanismes de financement du cinéma en Guinée dont le Fonds de développement de l’industrie cinématographique (FODIC).
Repositionner la Guinée dans la cartographie du cinéma africain et mondial
“Ma présence à Cannes est l’occasion de présenter les opportunités d’investissement dans le secteur cinématographique guinéen aux investisseurs étrangers, en mettant l’accent sur la création de partenariats et de collaborations voulu et soutenu par le chef de l’État le Général Mamadi Doumbouya”, précise Noël Lamah.
“Nous avons notamment pris contact avec l’OIF (Organisme International de la Francophonie) et nous avons d’ores et déjà planifié différentes rencontres avec des responsables de fonds et des maisons de production.
Nous pouvons donc affirmer que cette visite sur la Croisette a été fructueuse et nous a permis d’offrir une nouvelle visibilité au cinéma guinéen”.
Une digitalisation au sens large avec l’appui de GDExpert
Si le cinéma est touché par la vague de digitalisation, avec notamment un programme de numérisation et de préservation du patrimoine guinéen, la digitalisation est aussi devenue une priorité pour les différentes administrations du pays. “C’est le cas au sein du ministère de la culture, du tourisme et de l’artisanat”, souligne le directeur de l’ONACIG. Nous sommes en phase de digitalisation de tous les documents et tous les flux qui sont encore au format papier.
C’est l’un des objectifs du Ministre Moussa Moïse Sylla qui voit en cette digitalisation des flux documentaires, un moyen de mieux sécuriser les données, d’améliorer l’efficacité opérationnelle du Ministère et d’accélérer ses opérations”. C’est grâce à ce voyage en France que Noël Lamah a pu rencontrer l’équipe de GDExpert, acteur majeur sur le marché africain et spécialiste de cette question.
Un séjour qui aura donc été particulièrement fructueux à la fois pour le cinéma guinéen qui a pu éclore et briller aux yeux du monde, mais aussi pour les institutions du pays qui se sont engagées sur la voie de la digitalisation et qui sont à la recherche de partenaires technologiques pour mener à bien ces projets.