Trump supprime le financement des médias publics à l’étranger

0
17

Presque tout le personnel des radios Voice of America (VOA), Radio Free Asia et d’autres médias financés par des fonds américains ont été renvoyés dimanche, après la signature d’un décret par le président américain, Donald Trump. Une décision décriée par de nombreux groupes de défense de la liberté de presse.

 

Le démantèlement progressif du United States Agency for Global Media (USAGM), responsable du contrôle des radios et télévisions internationales financées par le gouvernement américain a commencé rapidement après la signature du décret visant à réduire la bureaucratie fédérale.

 

« Si vous êtes un employé de l’agence, regardez vos courriels immédiatement pour plus d’information », a publié sur X Kari Lake, conseillère de l’agence depuis février et fervente partisane de Donald Trump. Dans ces courriels, des centaines de journalistes et autres employés de VOA ont été informés qu’ils perdraient leur carte de presse, que l’accès à leurs bureaux leur serait interdit et qu’ils devaient immédiatement rendre leurs téléphones professionnels et autres équipements de travail.

 

Selon la Maison-Blanche, ces mesures garantissent que « les contribuables n’aient plus à payer pour la propagande radicale ». Kari Lake, dans un courrier électronique, écrit que les subventions fédérales aux médias « ne font plus partie des priorités » de l’agence.

 

« Ce qui est ironique, c’est que c’est une ancienne journaliste », lance Antoine Char, ancien professeur en journalisme à l’UQAM et directeur du site En retrait. Lui-même ancien journaliste, il voit dans ces compressions une attaque claire envers la liberté de presse. « Je suis obligé de me ranger du côté des organisations de défense de la liberté de presse. »

 

La VOA et Radio Free Europe, toutes deux touchées par les compressions, avaient été créées pour montrer le « soft power » des Américains, explique M. Char. « On voulait montrer qu’on était pour la démocratie, c’est l’image qu’on voulait donner », rappelle-t-il. « Supprimer, ou alléger ou abattre ces institutions, c’est un coup dur. »

 

« Besoin d’une réforme réfléchie »

Le directeur de la VOA, Michael Abramowitz, a fait savoir qu’il faisait partie des 1300 membres du personnel congédiés.

 

« VOA a besoin d’une réforme réfléchie, et nous avons fait des progrès à cet égard. Mais la mesure d’aujourd’hui va empêcher la Voix de l’Amérique de mener à bien sa mission vitale », a-t-il écrit sur Facebook, soulignant que les émissions de la radio, en 48 langues, touchent 360 millions de personnes chaque semaine dans le monde.

 

« Avec ces médias, on pouvait avoir une image de ce qui se passait de l’autre côté », ajoute Antoine Char. Désormais, « la Russie, l’Iran, la Corée du Nord applaudissent des deux mains », juge-t-il.

 

Les médias comme Voice of America ou Radio Free Asia sont depuis longtemps considérés comme des « voix de l’Amérique » dans des pays où l’accès à une information indépendante est jugé plus difficile, en Europe orientale, au Moyen-Orient ou en Asie.

 

« Il est scandaleux que la Maison-Blanche cherche à vider de sa substance une agence financée par le Congrès qui soutient un journalisme indépendant remettant en question la parole de régimes autoritaires dans le monde entier », a réagi un responsable du Comité de protection des journalistes (CPJ), Carlos Martinez de la Serna.

 

Pour Reporters sans frontières (RSF), cette décision « menace la liberté de la presse dans le monde et réduit à néant 80 ans d’Histoire américaine en faveur de la libre circulation de l’information ». Il s’agit d’un « énorme cadeau aux ennemis de l’Amérique », a aussi regretté le président de Radio Free Europe / Radio Liberty, Stephen Capus, dans un communiqué.

 

« Les ayatollahs iraniens, les dirigeants communistes chinois et les autocrates de Moscou et de Minsk [en Biélorussie] ne pourraient que se réjouir de la disparition de RFE / RL après 75 ans » d’existence, a déclaré M. Capus dans un communiqué.

 

Le démantèlement des médias publics opérant à l’étranger pourrait toutefois se heurter à des obstacles, car c’est le Congrès qui détient le dernier mot, et certains organismes, comme Radio Free Asia, ont bénéficié d’un soutien des démocrates comme des républicains par le passé.

 

Avec l’Agence France-Presse

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici