Conakry, autrefois surnommée la perle de l’Afrique de l’Ouest, est aujourd’hui un triste reflet de ce qu’elle était. La capitale guinéenne, qui jadis attirait les regards admiratifs par sa beauté, son harmonie et son dynamisme, est devenue un lieu où règnent la saleté, l’incivisme et l’inaction des autorités. Une ville où chaque coin de rue raconte une histoire de négligence et de désordre, et où le citoyen lambda semble livré à lui-même, désemparé face à un environnement de plus en plus insalubre et dangereux.
Le stationnement anarchique est l’une des premières plaies visibles de Conakry. Les rues de la capitale sont devenues des parkings improvisés où camions remorques, taxis, et véhicules personnels sont abandonnés pendant des mois, privant les citoyens d’un espace vital. Que ce soit à Madina, au quartier Kaloum, Dixinn, Gbèssia ou à la périphérie de la ville, on se demande comment ces véhicules ont pu s’installer là, ne gênant pas seulement la circulation mais causant également des accidents mortels.
Ces engins stationnés çà et là au bord de la route, sans aucune régulation, augmentent les risques pour les conducteurs et les piétons. Dans une ville où les routes sont déjà étroites et mal entretenues, la situation devient dangereuse à chaque heure du jour et de la nuit.
Même les rues nouvellement construites par les autorités du pays dans les différents quartiers de Conakry pour permettre à la fluidité de la circulation n’échappent pas à cette triste réalité.
Le Grand Pont de Madina, autrefois symbole de connectivité, est devenu un véritable déversoir d’ordures. En plein cœur de la capitale, ce pont est désormais envahi par des déchets qui s’accumulent et créent un environnement insupportable.
Le pire, c’est que certains, indifférents à la dégradation de leur propre ville, mettent le feu à ces ordures, ne se souciant guère des conséquences. La chaleur intense générée par ces incendies ronge lentement le béton du pont, créant des fissures qui risquent, à terme, de compromettre sa solidité. Cette situation est non seulement insalubre, mais aussi un danger réel pour les habitants, les usagers de la route et les biens publics.
Le décor n’est guère plus reluisant dans d’autres coins stratégiques de la ville. Derrière le Palais du Peuple, un site symbolique, la corniche, au bord de la mer, les infrastructures construites il y a plusieurs années par des gouverneurs successifs sont aujourd’hui méconnaissables.
Les barrières en ciment, qui étaient autrefois des structures solides et esthétiques, sont désormais vieillissantes, brisées et rongées par les intempéries. La chaleur du soleil et le passage du temps ont laissé des cicatrices profondes, et ce sont aujourd’hui des vestiges d’un passé glorieux, maltraités et abandonnés à leur triste sort. L’état de ces infrastructures est le reflet du manque de vision, de la négligence et de l’irresponsabilité des autorités compétentes surtout le gouvernorat de la ville de Conakry.
La gouverneure de la ville, Générale à la retraite N’Mahawa Sylla chargée de la gestion et de l’ordonnancement de la capitale, brille par son absence d’action et son inertie. À quoi sert-il de se parer du titre de gouverneur si l’on n’agit pas face aux urgences que rencontrent les citoyens au quotidien ?
La saleté, les embouteillages, les infrastructures en ruines, la pollution de l’air, l’inaction face aux risques de maladies liés à la mauvaise gestion des déchets, tout cela est ignoré, comme si la gouverneure et les autorités en place s’étaient déconnectées des réalités de la vie de leurs administrés.
Le comble de l’ironie réside dans le fait que cette ville, jadis un exemple de beauté et d’ordre dans la région, est aujourd’hui plongée dans un marasme total. Une ville où les services de base semblent relégués au second plan, où l’indiscipline règne en maître, où les infrastructures sont dégradées, et où l’ambiance est polluée tant par les déchets physiques que par l’inaction des dirigeants.
Face à cette situation alarmante, la question qui se pose est simple : où sont les priorités du gouvernorat et la police routière quand on sait que dans les années précédentes, le Général Mathurin Bangoura, à l’époque gouverneur avait déclaré une » guerre » sans merci contre ces desordres monstrueux?
Pourquoi la capitale, moteur économique du pays, est-elle laissée à l’abandon, dans un état qui frôle le chaos ? Le gouvernorat doit cesser de fermer les yeux sur les souffrances quotidiennes des habitants et prendre des mesures urgentes pour redonner à Conakry son lustre d’antan.
La gouverneure de la ville de Conakry, N’Mahawa Sylla doit s’engager dans un véritable plan de modernisation de la ville, prendre des mesures concrètes pour lutter contre le stationnement anarchique, promouvoir une gestion efficace des déchets, rénover les infrastructures et, surtout, remettre de l’ordre là où règne le chaos.
Les citoyens guinéens méritent mieux. Ils méritent une ville propre, moderne et bien gérée. Ce n’est pas trop demander. Mais pour cela, il faut une prise de conscience collective et des actions concrètes de la part des autorités compétentes. La « perle de l’Afrique de l’Ouest » ne doit pas se transformer en un simple souvenir.
Minkael BARRY