Chômage en Guinée : Quand le lavage de véhicules devient un refuge pour les jeunes

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Face à la persistance du chômage, de nombreux jeunes de Conakry se tournent vers des activités informelles pour assurer leur subsistance et celle de leur famille. Parmi ces initiatives, le lavage de véhicules s’impose comme une solution de survie, visible le long des routes et aux carrefours de la capitale.

Notre reporter a rencontré hier, mardi 22 juillet 2025, un groupe de ces jeunes dans un auto-lavage situé près du grand rond-point du Km36, dans la commune de Sanoyah. Ici, ils sont entre trois et quatre à collaborer. Le profil des travailleurs est varié : on y trouve d’anciens élèves, des étudiants et même un élève actuellement en classe de terminale.

Ousmane Conté, diplômé depuis 2020, a choisi cette voie après ses études. Il gère l’activité lancée par son frère et témoigne de son importance. « L’activité de lavage était une initiative de mon frère, mais il est absent. Je gère maintenant et je comprends mieux l’intérêt de créer un lavage. Au début, je me disais qu’il se fatiguait trop, qu’il ne dormait pas bien. Mais j’ai compris : mieux vaut se concentrer sur le lavage des véhicules que de traîner dehors. Et ici, le peu que tu gagnes, tu l’économises et tu peux subvenir à tes petits besoins sans problème. Alhamdulillah, ça va très bien pour le moment. Il y a une bonne entente entre nous et les clients. Personne ne se plaint. Pour l’eau, on utilise celle de la SEG, et ça nous convient. Les motos, en particulier, sont une bonne source de revenus qui nous aide à faire face aux défis quotidiens, car maman et papa n’ont pas d’argent. C’est pour ça que je me suis dit, au lieu de rester à la maison à préparer le thé chaque jour, je suis venu travailler ici. Rester à la maison, c’est juste perdre son temps », a souligné Ousmane Conté.

Contrairement à Ousmane, Baldé Mohamed Bobo n’a pas réussi à décrocher son baccalauréat. Il s’est lancé dans cette activité il y a plus d’un an pour échapper au chômage et gagner sa vie. Quand l’activité est bonne, il peut laver plus de cinq véhicules par jour. Les prix varient entre 20 000 et 25 000 GNF par voiture, un montant qui leur permet de s’en sortir.

« J’ai fait plus d’une année ici maintenant. Avant, j’étais à l’école, mais le baccalauréat m’a « fatigué » [réf. à l’échec]. Pour ne pas me retrouver sans rien faire, je préfère être là. Je n’ai pas été à l’université, mais je possède mon diplôme du BEPC. Et aujourd’hui, je suis dans cette situation pour plusieurs raisons. La première, c’est d’abord pour aider mes parents et aussi subvenir à mes besoins. La deuxième, c’est trouver de l’argent pour mieux préparer encore une fois mon baccalauréat, car il faut suivre des cours de révision. Je dois aller à l’université cette fois-ci », a expliqué Baldé Mohamed, affichant une détermination inébranlable.

Ces jeunes laveurs de véhicules font face à de nombreuses difficultés au quotidien. Ils signalent notamment des cas de malentendus et d’accusations injustifiées de la part de certains propriétaires de véhicules, souvent liées à des pertes présumées d’objets dans les voitures lavées.

Conscients de l’ampleur du chômage qui frappe particulièrement la jeunesse guinéenne, ces jeunes lancent un appel pressant à l’État. Ils demandent la création d’entreprises et des opportunités d’emploi stables, qu’ils perçoivent comme la seule solution durable pour atténuer le fardeau du chômage au sein de la couche juvénile de la sociSylla.

Par Sana Sylla

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