Accueil POLITIQUE Le journaliste Djiba Millimouno entre les mains de la gendarmerie depuis jeudi
C’est une affaire qui secoue le milieu des médias guinéens. Djiba Millimouno, figure connue du journalisme local et ancien chroniqueur de l’émission « Les Grandes Gueules » sur Hadafo Médias, traverse depuis jeudi dernier une épreuve judiciaire dont l’issue reste incertaine.
Ce lundi 6 octobre 2025, après avoir été présenté au parquet du tribunal de première instance de Kaloum, le journaliste a été reconduit au Haut commandement de la gendarmerie nationale.
Tout a commencé jeudi lorsque des gendarmes ont interpellé Djiba Millimouno à Kipé. Placé en garde à vue à la Brigade de recherche, il a ensuite été transféré à la Direction centrale des investigations judiciaires de Kaloum où il a passé plusieurs jours. Sa présentation au tribunal lundi a suscité l’espoir d’un dénouement rapide, mais le journaliste est reparti vers la gendarmerie après son audition devant le magistrat.
Selon le conseil de Djiba Millimouno, aucune plainte officielle n’a été déposée contre son client. L’avocat précise également que le journaliste a été arrêté sans avoir reçu de convocation préalable. Des affirmations qui soulèvent des questions sur les fondements juridiques de cette arrestation et qui alimentent les préoccupations de la profession.
Cette affaire s’inscrit dans le contexte d’une polémique qui agite les réseaux sociaux et les médias guinéens. La blogueuse Maya La Solution selon nos sources avait publié une vidéo remettant en cause les informations concernant l’enlèvement du père de Mamoudou Babila Keita, journaliste actuellement en exil.
Djiba Millimouno, fidèle à son tempérament combatif forgé durant ses années dans les débats télévisés, aurait contesté cette version des faits.
Une joute médiatique. Des échanges vifs sur les réseaux sociaux. Une controverse publique autour d’un sujet sensible. Voilà le terreau sur lequel cette affaire judiciaire a germé. Pour beaucoup d’observateurs, le passage d’une dispute médiatique à une arrestation en bonne et forme soulève des interrogations légitimes sur la liberté d’expression et les limites du débat public dans le pays.
Le milieu journalistique guinéen suit cette affaire avec une attention particulière. Djiba Millimouno n’est pas un inconnu. Chroniqueur au verbe acéré, il s’est fait connaître par ses prises de position sans concession dans l’émission « Les Grandes Gueules », un programme qui n’hésitait pas à aborder les sujets qui fâchent.
Son arrestation, dans un contexte où aucune plainte formelle ne serait enregistrée selon son avocat, interpelle ses confrères qui y voient un signal préoccupant pour l’exercice de leur métier.
Comment en est-on arrivé là ? Comment une polémique entre un journaliste et une blogueuse a-t-elle pu déboucher sur une arrestation suivie de plusieurs jours de détention ? Ces questions méritent d’être posées, non pas pour jeter l’opprobre sur quiconque, mais pour comprendre les mécanismes à l’œuvre et les lignes rouges qui régissent désormais le débat public en Guinée.
Au moment où ces lignes sont écrites, Djiba Millimouno demeure au Haut commandement de la gendarmerie nationale. Sa situation juridique reste floue.
Aucune communication officielle n’a été faite par les autorités compétentes pour éclairer l’opinion publique sur les motifs précis de cette arrestation ni sur la suite qui sera donnée à ce dossier.
Pour la famille du journaliste, pour ses collègues, pour tous ceux qui suivent cette affaire, l’attente se prolonge dans l’incertitude. Quelle sera la prochaine étape ? Quelles charges, si charges il y a, seront finalement retenues contre Djiba Millimouno ?
Cette affaire, au-delà de son aspect individuel, pose des questions plus larges sur l’état de la liberté d’expression dans le pays. Quand un journaliste peut se retrouver derrière les barreaux suite à une dispute médiatique, quand les limites du débat public semblent se rétrécir au gré des susceptibilités, c’est toute la profession qui s’interroge sur les conditions d’exercice de son métier.
Djiba Millimouno attend. Sa famille attend. Ses confrères attendent. L’opinion publique attend. Tous espèrent que la lumière sera rapidement faite sur cette affaire et que la justice, dans sa sagesse, saura faire la part des choses entre une polémique médiatique, aussi vive soit-elle, et des faits qui justifieraient réellement une privation de liberté.
Minkael Barry