Les procédures judiciaires se poursuivent contre Ahmed Kanté, dont l’innocence demeure incertaine et éthiquement contestée

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L’affaire opposant la société ABC à Ahmed Kanté secoue une nouvelle fois la scène judiciaire guinéenne. Deux dossiers pénaux distincts sont actuellement pendants, soulevant des interrogations éthiques majeures autour de l’acquisition par Kanté du contrôle majoritaire de GIC et de sa demande de licence minière pour l’ex-Axis. Malgré la gravité des accusations, l’homme d’affaires continue de se déclarer non coupable, tandis que la procédure judiciaire suit son cours.

Conformément au Code pénal guinéen, le processus judiciaire suit plusieurs étapes : enquête préliminaire, phase d’instruction, jugement en première instance, appel, et recours éventuel devant la Cour suprême. Pour obtenir une déclaration de non-culpabilité, Kanté doit franchir chacune de ces étapes.

Première affaire – Tribunal correctionnel de Kaloum

• Parties en présence : Procureur de Kaloum contre Ahmed Kanté, Claude Lorcy et Philip Rogers. Partie civile : ABC.

• Enquête préliminaire : terminée avec ordonnance initiant l’affaire.

• Phase d’instruction : complétée, ordonnance visant à condamner Kanté, Lorcy et Rogers pour abus de confiance et concurrence déloyale.

• Jugement en première instance : le tribunal a déclaré les prévenus non coupables, en contradiction avec la position du procureur.

• Appel : en cours. Le procureur et ABC ont interjeté appel.

• Cour suprême : à venir.

Deuxième affaire – CRIEF

• Parties en présence : Procureur spécial de la CRIEF contre Kanté. Partie civile : Claude Lorcy et Mme Lorcy (héritière).

• Enquête préliminaire : terminée, ordonnance initiant l’affaire contre Kanté.

• Phase d’instruction : en cours. Kanté est poursuivi pour abus de confiance et enrichissement illicite.

Contrairement aux idées reçues, ces procédures n’opposent pas directement ABC ou Mme Lorcy à Kanté, mais bien l’État guinéen, représenté par deux procureurs différents, contre Kanté, Lorcy et Rogers. Le ministère public agit ainsi au nom de la République.

Ces deux dossiers sont interconnectés. Initialement, Claude Lorcy, directeur d’AGB2A et soutien de Kanté, gérait le partage des fonds d’un projet en cours. Après un désaccord, Lorcy a coopéré avec le procureur de Kaloum, fournissant des informations déterminantes qui ont conduit à l’ouverture de la procédure devant la CRIEF.

Une ordonnance récente de la CRIEF révèle que Kanté aurait créé GIC en utilisant des prête-noms comme actionnaires avant de devenir lui-même actionnaire, contredisant ses déclarations devant le Tribunal correctionnel de Kaloum. Ces éléments renforcent la position du procureur et constituent une preuve supplémentaire de l’intention de poursuivre Kanté pour abus de confiance et enrichissement illicite.

Lors de la dernière audience en première instance, le procureur Youssouf Fofana avait qualifié les actes de Kanté de « banditisme intellectuel », soulignant la gravité des faits. Tous les témoins, y compris SD-Mining et Claude Lorcy, ont témoigné contre lui, tandis que la défense n’a présenté ni témoins ni documents. Le procureur avait requis les peines maximales, incluant quatre ans de prison.

Le dossier, renforcé par les preuves de la CRIEF, est désormais porté devant la cour d’appel. La procédure, initiée par ABC en janvier 2022, a déjà duré près de trois ans et pourrait s’étendre davantage avec l’appel et un éventuel recours à la Cour suprême. La procédure devant la CRIEF pourrait également allonger les délais.

Ainsi, pour être déclaré « non coupable », Kanté devra franchir toutes ces étapes, un parcours long et semé d’embûches, compte tenu des preuves accumulées contre lui.

Le fait que Kanté et sa société GIC aient postulé pour la licence minière de l’ex-Axis soulève une question éthique et juridique importante : est-il légal ou moral de lui accorder cette licence alors qu’il se déclare publiquement non coupable, avec un risque réel d’être condamné par la suite ?

Pour l’instant, l’avenir de cette affaire reste suspendu aux prochaines audiences et à la décision de la justice guinéenne.

In avenirguinee.org 

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