Accueil OPINION Du Venezuela au Nigéria : Le Président Trump, un « humaniste »...
L’histoire géopolitique est un cycle perpétuel de prédation déguisée. Aujourd’hui, l’administration américaine, sous la bannière de la défense des droits de l’homme, menace d’une intervention au Venezuela et au Nigéria.
Cette posture est un cas d’école de l’hypocrisie impériale : ces deux nations, qui possèdent l’une la première réserve mondiale prouvée de pétrole (le Venezuela, avec plus de 300 milliards de barils, soit environ un cinquième des réserves mondiales, confirmant ainsi sa richesse stratégique, et le Guyana voisin, dont la découverte récente de 11 milliards de barils dans l’Essequibo ravive la crise frontalière et les convoitises) et l’autre est le premier producteur d’or noir d’Afrique (le Nigeria n’est pas seulement le premier producteur de pétrole d’Afrique, mais aussi le pays le plus peuplé du continent, avec plus de 200 millions d’habitants, et la plus grande économie par PIB, ce qui rend sa stabilité cruciale pour toute la région), sont subitement devenues des menaces existentielles qu’il faut « libérer ». Le Président Trump incarne ici la fourberie insolente du mythe du sauveur blanc, une supercherie qui, depuis cinq siècles, a permis aux puissances coloniales de prospérer sur l’indigence et le pillage du reste du monde.
Le journaliste Alain Foka a inlassablement décortiqué cette mécanique : pour justifier une invasion au mépris du droit international, Washington et ses alliés médiatiques construisent un narratif de démonisation et de diabolisation des dirigeants étrangers récalcitrants. Le schéma est invariablement le même, il s’agit d’une ingénierie du consentement où le dirigeant est peint comme un tyran sanguinaire, l’État accusé d’être un soutien du terrorisme, un narco-État ou un arsenal secret, et où une crise humanitaire (aggravée ou provoquée par des sanctions) est amplifiée pour brandir le droit d’ingérence, tout cela pour masquer l’objectif réel d’extorsion des richesses.
L’histoire récente semble suggérer que l’ambition d’un pays du Sud global de maîtriser ses propres richesses et de les répartir au bénéfice de sa population est, pour ses dirigeants, un pari risqué, souvent payé au prix fort. L’idéal de souveraineté économique, qui postule le droit inaliénable d’une nation à l’autodétermination sur ses ressources, s’est heurté à plusieurs reprises aux intérêts établis des puissances économiques et géopolitiques étrangères.
La Doctrine Monroe : L’Amérique aux Américains, de Bouclier à Chaîne pour l’Amérique Latine.
Initialement proclamée en 1823 par le président américain James Monroe, la doctrine qui porte son nom est l’un des principes fondateurs de la politique étrangère des États-Unis. Si elle fut d’abord présentée comme un bouclier protecteur pour les nouvelles républiques d’Amérique Latine, elle s’est rapidement transformée en un instrument d’hégémonie, d’ingérence, d’intimidations politiques, de soutien à des mouvements rebelles et d’agressions armées dont les conséquences négatives continuent de marquer la région.
Le cœur de ce principe repose sur deux piliers : l’exclusion des puissances coloniales européennes du continent américain, qui ne pouvait plus être ouvert à leur domination, et une promesse de non-intervention réciproque entre les Amériques et l’Europe. En définissant l’hémisphère occidental comme sa sphère d’influence exclusive, les États-Unis s’érigeaient de facto en gardien du continent, posant les jalons d’une future domination. Pour l’Amérique Latine, l’interprétation de la doctrine a rapidement glissé d’une protection théorique à une souveraineté limitée et bafouée.
L’impact le plus néfaste s’est cristallisé avec le Corollaire Roosevelt de 1904, qui accorda aux États-Unis le droit d’intervenir militairement comme « force de police internationale » en cas de « mauvaise gestion chronique » d’un pays. Sous ce prétexte, les États-Unis ont multiplié les interventions armées et les occupations, notamment à Cuba, en Haïti, au Nicaragua, etc.
Le début du XXe siècle fut marqué par l’Ère de la Diplomatie du Dollar, caractérisée par une intervention notable et prolongée du Corps des Marines des États-Unis (US Marines), qui établit une présence militaire quasi continue au Nicaragua sur plus de deux décennies.
L’Occupation de 1912 à 1933 vit les Marines débarquer initialement pour soutenir un gouvernement conservateur favorable aux intérêts américains, sécuriser les investissements économiques, et contrecarrer toute influence européenne ou japonaise, assurant ainsi une stabilité propice aux affaires américaines. Cependant, leur présence ne fut pas acceptée sans résistance : bien que les Marines se fussent retirés brièvement en 1925, ils revinrent en 1926, déclenchant la Guerre contre Sandino.
Le chef nationaliste et révolutionnaire Augusto César Sandino mena alors une guerre de guérilla acharnée contre les troupes américaines de 1927 à 1933, forçant finalement les États-Unis à se retirer.
Après ce retrait en 1933, les États-Unis ont continué d’exercer leur influence en soutenant la Dictature Somoza. Ils installèrent et appuyèrent la Garde nationale dirigée par Anastasio Somoza García. Bien que cela ne constitue pas une intervention militaire directe, ce soutien politique, militaire et financier massif à la dictature de la famille Somoza (1937–1979) permit aux États-Unis de maintenir leur contrôle stratégique sur le pays et de garantir une stabilité pro-américaine.
L’histoire moderne de l’ingérence américaine culmine avec l’Affaire Iran-Contra dans les Années 1980, qui représente l’intervention la plus controversée.
L’administration Reagan apporta un soutien secret aux groupes armés opposés au gouvernement Sandiniste, qui avait renversé la dictature de Somoza en 1979. Ce soutien aux Contras consista à financer, entraîner et armer ces groupes rebelles antisandinistes pour mener une guerre de guérilla contre le gouvernement établi. Face à la coupure des financements directs par le Congrès américain via l’Amendement Boland, l’administration mit en place un système de financement clandestin impliquant la vente d’armes à l’Iran. Cette action eut des conséquences juridiques majeures, culminant en 1986 par la Condamnation par la CIJ : la Cour internationale de Justice statua que les États-Unis avaient violé le droit international coutumier en intervenant dans les affaires intérieures du Nicaragua, notamment par le financement et l’entraînement des Contras ainsi que par la pose de mines dans les ports, bien que les États-Unis aient choisi d’ignorer cette décision.
Ces actions, uniquement motivées par la protection des intérêts économiques américains dans le sucre, le pétrole ou les fruits, ont sapé la stabilité politique, empêchant les nations d’exercer pleinement leur autonomie.
De plus, durant la Guerre froide, la doctrine fut remodelée pour contrer l’influence communiste. Au nom de la « sécurité nationale », Washington a soutenu, financé et armé des régimes autoritaires et des juntes militaires, notamment en soutenant des coups d’État contre des gouvernements élus jugés trop à gauche. Ces politiques ont engendré des décennies de répression, de violations des droits de l’homme et d’instabilité chronique, entravant le développement économique et démocratique de la région.
En éliminant ses concurrents européens, la doctrine a facilité l’assujettissement économique de l’Amérique Latine aux capitaux et aux marchés américains. Les États-Unis ont pu dicter des conditions commerciales qui favorisaient l’exploitation des ressources locales, maintenant de nombreuses nations dans une dépendance structurelle. Il n’est pas exagéré de noter que ce que les États-Unis considéraient comme leur droit historique à la sécurité est perçu par beaucoup en Amérique Latine comme le socle historique de leur subordination, transformant la promesse de protection en un outil d’hégémonie durable.
L’acharnement du président Trump sur le Venezuela est ancré dans la Doctrine Monroe, qui a justifié l’hégémonie américaine, transformant l’Amérique latine en domaine privé : les agressions commises en vertu de cette doctrine sont innombrables, dont l’un des plus marquants de récente mémoire fut l’éviction brutale et sanglante du président Allende au Chili via un coup d’État organisé par la CIA sans oublier la guerre économique incessante contre Cuba. Le 11 septembre 1973, le physicien et socialiste, démocratiquement élu et non un sanguinaire seigneur de guérilla Salvador Allende est assassiné par le général Pinochet.
Son crime : avoir convaincu les chiliens d’adhérer à son programme de rétributions des immenses richesses de son pays (la principale richesse exploitée était le cuivre, par des entreprises américaines comme Kennecott et Anaconda), couverture sanitaire médicale universelle gratuite pour les chiliens, éducation gratuite pour les chiliens, alors que les États-Unis voyaient dans ce programme une menace existentielle pour leurs entreprises.
Il faut noter que l’appropriation nationale et la répartition des ressources d’un pays sont perçues comme une menace pour des entreprises étrangères car elle remet en cause leur modèle d’affaires, fondé sur le contrôle direct de la chaîne d’approvisionnement, l’accès privilégié à la matière première, et la garantie de marges bénéficiaires maximales par l’élimination des coûts associés à une juste compensation ou à une souveraineté nationale exigeante.
Ces entreprises prospèrent en effet du pillage de ressources, car en imposant des prix d’achat dérisoires ou en négociant des concessions léonines sous la menace et la corruption, elles s’assurent que la majeure partie de la valeur ajoutée générée par ces ressources leur revient, reléguant le pays producteur à un rôle de simple fournisseur à bas coût, ce qui a pour conséquence directe de condamner des millions de personnes à la pauvreté structurelle. Trois ans avant d’exécuter Allende, son économie est délibérément mise à sac via des blocages économiques (le Président Nixon avait ordonné de rendre l’économie chilienne « hurlante » et les crédits internationaux bloqués), pour inciter les chiliens à se révolter, son opposition et une presse hostile (notamment El Mercurio) sont financées par la CIA, des arrestations sont inventées pour le vilipender (les documents déclassifiés ont confirmé le financement de l’opposition et la déstabilisation).
L’objectif affiché d’aujourd’hui « sauver les peuples de la dictature » s’assimile du point de vue africain à la réplique du motif de « mission de civilisation et d’évangélisation » brandi à la Conférence de Berlin en 1884/1885 pour justifier le pillage systématique de l’Afrique. De plus, la malédiction des ressources (ou Resource Curse), un concept bien établi en économie, vient corroborer cette thèse : l’abondance de ressources comme le pétrole au Venezuela et au Nigéria non seulement accroît leur vulnérabilité à l’ingérence extérieure, mais elle a historiquement conduit, pour ces nations, à une dépendance excessive aux exportations et à l’abandon des autres activités productives, laissant des économies fragiles, plus faciles à déstabiliser et à exploiter. Un autre facteur crucial est la capture des actifs et la stratégie de la dette : le régime de sanctions américain a non seulement paralysé les exportations de PDVSA, la compagnie pétrolière nationale vénézuélienne, mais a aussi permis la saisie illégale d’actifs majeurs, comme la raffinerie CITGO aux États-Unis, estimée à plusieurs milliards de dollars, qui a été transférée à l’opposition reconnue par Washington. Ces pressions ont eu un effet dévastateur, faisant chuter la production de pétrole du Venezuela de 3,2 millions de barils par jour en 1998 à moins de 400 000 au plus fort des sanctions, aggravant massivement la crise humanitaire. Cette manœuvre financière, dénoncée par le gouvernement légitime de Chavez puis de Maduro, révèle que l’intervention est avant tout une opération de spoliation d’actifs souverains et de subordination par la dette, où les créanciers occidentaux s’apprêtent à mettre la main sur les réserves pour le compte d’un futur régime « ami » installé par la force ou la déstabilisation. Le cynisme de cette politique atteint son paroxysme lorsque les responsables américains dénoncent eux-mêmes le rôle de leur gouvernement dans la création de l’instabilité qu’il prétend vouloir réparer. L’instabilité n’est pas un échec des régimes vénézuélien ou nigérian, mais bel et bien un outil de justification pour les puissances prédatrices.
Le républicain Scott Perry a publiquement soulevé des allégations extrêmement graves, suggérant un rôle indirect, notamment via des fonds de l’USAID, dans le financement de groupes extrémistes comme Boko Haram au Nigéria. L’ancienne membre du Congrès Tulsi Gabbard, vétérane de l’armée, et actuelle Directrice du renseignement national des États-Unis, a exprimé sa honte face à ces pratiques de création d’ennemis pour justifier l’intervention.
Les Conséquences du Fentanyl et l’Hypocrisie Géopolitique
L’acharnement sur le Venezuela, militairement faible après avoir été affaibli économiquement, contraste brutalement avec la retenue observée face à la Chine, dont la responsabilité dans la crise du fentanyl est pourtant largement reconnue par les autorités américaines. Les conséquences du fentanyl sur les consommateurs américains sont catastrophiques : cette drogue de synthèse, extrêmement puissante, est la cause principale de la crise des opioïdes, entraînant des dizaines de milliers de morts par surdose chaque année, un véritable fléau de santé publique et une sentence de mort pour la jeunesse américaine.
Le fentanyl et ses précurseurs chimiques viennent réellement de la Chine, où des entreprises chimiques produisent et exportent ces substances illégales, souvent via des plateformes en ligne, vers les cartels de la drogue, principalement au Mexique. Le rôle de la Chine dans ce trafic est d’être la source principale des précurseurs chimiques qui sont ensuite transformés en fentanyl, même si Pékin a pris des mesures pour interdire certains composés. Or, malgré cette menace existentielle qui décime sa population, Washington n’envisage pas une guerre armée contre la Chine; la puissance américaine se borne à des pressions diplomatiques et des sanctions ciblées. Cela soulève une question cruciale : les États-Unis seraient-ils incapables de se mesurer à un adversaire ayant une force de défense et de frappe équivalente ?
La puissance militaire de la Chine en 2025 est celle d’une force croissante et redoutable : elle possède la plus grande armée en termes d’effectifs, se modernise rapidement dans les domaines naval (le plus grand nombre de navires de guerre), aérien et technologique (missiles hypersoniques, cyberdéfense). Le défilé militaire de cette année a non seulement impressionné la planète par la démonstration de ses avancées technologiques, mais a surtout confirmé son statut de puissance nucléaire capable de dissuasion et de projection.
La différence de traitement entre l’attaque économique et la menace militaire contre le faible Venezuela et la prudence politique face à la forte Chine est la preuve que les États-Unis mesurent la viabilité de leurs guerres non pas à l’aune de la justice ou de l’urgence sanitaire, mais à celle de la dissuasion militaire et de l’intérêt économique unilatéral.
Les Prétextes du Changement de Régime Ailleurs
Lorsque Saddam Hussein annonce des transactions commerciales de son pétrole en euro au détriment du dollar, il est attaqué et son pays réduit au néant pendant que ses ressources pétrolières sont pillées sous prétexte de possession d’arme de destruction massive. L’image de Colin Powell à l’ONU avec un flacon est restée dans les mémoires de l’humanité (Powell a présenté un flacon contenant prétendument de l’anthrax comme preuve d’ADM, admettant plus tard que les renseignements étaient erronés) et démontre que l’Irak est attaqué pour ses ressources naturelles et non pour une mission messianique d’instaurer la démocratie. L’agression de l’Irak en 2003, menée sous le prétexte fallacieux d’armes de destruction massive, a transformé ce pays en un laboratoire grandeur nature de production du terrorisme sans jamais y implanter la démocratie promise, détruisant les structures étatiques pour s’assurer l’accès aux ressources pétrolières.
Lorsque Kadhafi annonce un dinar-or pour l’Afrique au détriment du dollar, du CFA et de la structure coloniale monétaire qui achève de démolir les économies africaines et réduit ses populations à la pauvreté pendant que celles de l’Occident bâtissent leurs privilèges sur les richesses volées en Afrique, il devient une menace pour Washington et ses alliés qui le font torturer devant des caméras du monde avant de l’assassiner sauvagement et marquer les esprits de ceux de ses pairs qui oseraient suivre ses pas (la prédation a impliqué un largage de bombes par l’OTAN, justifié par la Résolution 1973 de l’ONU, et une collaboration avec des mouvements rebelles, dont certains éléments extrémistes, pour déstabiliser le pays).
L’intervention de l’OTAN en Libye en 2011, prétendument pour protéger les civils, a transformé ce pays riche et stable en un État en faillite, en proie à la guerre civile, qui est devenu, au XXIᵉ siècle, un carrefour de chaos et un véritable marché aux esclaves noirs en Afrique du Nord. Les milliards d’avoirs libyens placés dans les banques occidentales ont été confisqués et le pétrole est pillé en toute impunité par les mêmes agresseurs qui ont ruiné le pays.
Lorsque Hugo Chávez arrive avec une politique similaire à celle d’Allende, il est perçu comme une menace et le même modus operandi est mis en place : menaces, sanctions économiques, tentative d’isolement diplomatique, soutien à son opposition, sabotage de son économie et tentative de son renversement en avril 2002.
Cet événement est survenu dans un contexte de forte polarisation, principalement déclenchée par les mesures du gouvernement visant à reprendre le contrôle de la compagnie pétrolière nationale (PDVSA) et à en affecter les revenus au bien-être de la population, des actions que le président Chávez et ses partisans qualifiaient de souverainistes et de patriotiques.
Le 11 avril 2002, de grandes manifestations de l’opposition et des factions militaires dissidentes ont conduit à des affrontements et à la détention forcée d’Hugo Chávez.
Le pouvoir fut brièvement assumé par l’homme d’affaires corrompu Pedro Carmona Estanga, qui s’est autoproclamé président et a immédiatement démantelé les institutions démocratiques élues. Ce gouvernement de facto a été rapidement reconnu par les États-Unis et l’Espagne. Cependant, la manœuvre a échoué après seulement 47 heures en raison d’une mobilisation massive des partisans de Chávez et de l’action de militaires loyalistes.
Le président élu a été ramené au pouvoir le 13 avril. La reconnaissance rapide du gouvernement de Carmona par Washington, ainsi que l’hostilité affichée de longue date envers le président Chávez, ont alimenté de fortes et persistantes allégations d’implication et de soutien de la part des États-Unis dans cette tentative de renversement du gouvernement démocratique vénézuélien. Les menaces actuelles du président Trump de renverser son successeur dont la tête est mise à prix pour 50 millions de dollars (prime offerte pour l’arrestation du président Nicolás Maduro pour narco-terrorisme), s’inscrivent dans la même logique de prédation coloniale.
Le Nigéria, où les actes terroristes de Boko Haram contre les chrétiens et aussi les musulmans n’ont jamais dérangé personne, devient soudainement un problème lorsque le pays grâce à Dangote bâtit la plus grande raffinerie au monde. Aliko Mohammad Dangote, est un homme d’affaires nigérian d’origine Haoussa, magnat africain le plus riche selon le magazine Forbes, dont les réalisations s’étendent du ciment, au sel, à l’agro-alimentaire. Le milliardaire s’est lancé le défi de l’indépendance économique de l’Afrique.
Sa prouesse, la raffinerie Dangote, d’une capacité impressionnante de 650 000 barils de pétrole brut par jour, en fait la plus grande raffinerie à train unique du monde. Cet exploit a un impact colossal, transformant le Nigeria, qui paradoxalement exportait son brut pour importer son carburant raffiné (une aberration économique dont le cynisme a enrichi l’Occident), en un exportateur net de produits pétroliers finis.
Cet aboutissement représente un espoir de développement économique immense non seulement pour les Nigérians (générant des milliers d’emplois) mais pour l’ensemble des Africains, car cette raffinerie est destinée à desservir le Nigeria et de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et de l’Est en carburant, kérosène et diesel de qualité (elle a d’ailleurs déjà livré des cargaisons aux États-Unis, ce qui témoigne de la qualité de sa production).
Cet exploit est perçu par les États-Unis comme une menace pour leur prétendue « sécurité énergétique » et leur hégémonie pour deux raisons principales.
Premièrement, la raffinerie Dangote vient rompre le modèle de dépendance qui obligeait le Nigeria et d’autres pays africains à acheter des produits raffinés à des multinationales occidentales ou à des négociants basés en Europe, en Asie et aux États-Unis, payant une prime élevée sur un pétrole qu’ils produisaient eux-mêmes à faible coût. Cette rupture prive les grandes compagnies de négoce d’un marché lucratif de plusieurs milliards de dollars et menace l’équilibre de l’offre et de la demande mondiale qui était jusqu’alors favorable aux raffineurs occidentaux.
Deuxièmement, l’instinct de prédation coloniale quasi-congénitale qui anime certaines puissances repose précisément sur l’idée que les populations des pays du Tiers-Monde ne peuvent (et ne doivent pas) tirer profit des ressources extraites de leur sous-sol. Ce credo impérialiste postule que la richesse naturelle doit être extraite (à vil prix), exportée sous forme brute, raffinée par le colonisateur, et revendue au producteur sous forme de produit fini (à prix d’or). L’action de Dangote, qui valorise la richesse in situ et vise l’autonomie énergétique du continent, est une déclaration d’indépendance économique qui défie directement cette vieille structure coloniale.
En devenant autosuffisant et exportateur, le Nigeria échappe à l’emprise du chantage des prix et de la dépendance stratégique, ce qui est une menace existentielle pour ceux qui fondent leur puissance sur la subordination des autres. Cet exploit majeur, faisant du Nigeria un acteur clé de la transformation pétrolière, est la véritable raison pour laquelle l’intérêt soudain des Américains se porte sur des chrétiens nigérians supposément en voie de disparition et qu’il faille sauver avec des actions militaires, alors que de nombreux analystes politiques africains dont le juriste PLO Lumumba pensent que c’est le pétrole qui pousse Trump à menacer d’attaquer le pays.
Le Nigéria, maintient un rejet catégorique de l’installation de toute base militaire étrangère permanente sur son territoire, y compris celles proposées par les États-Unis. Cette position est moins le reflet d’une hostilité que d’un impératif politique inébranlable : la sauvegarde de la souveraineté nationale face à la pression populaire.
Les dirigeants nigérians, malgré une forte coopération sécuritaire avec Washington, sont contraints par un électorat profondément sensibilisé aux questions de néocolonialisme.
L’hébergement d’une base dédiée serait perçu comme une atteinte à la dignité nationale, une décision politiquement suicidaire. L’activité militaire américaine (AFRICOM) au Nigéria est donc limitée à des missions rotatives de formation et de renseignement. L’objectif est de garantir l’accès et la flexibilité opérationnelle sans obtenir un contrôle territorial permanent, contournant ainsi l’interdiction de base formelle. Les forces américaines opèrent depuis des installations sous contrôle nigérian, traduisant les efforts continus de Washington pour s’assurer un pied-à-terre dans ce pays stratégique. Selon une analyse géopolitique critique, la pugnacité des États-Unis à chercher une implantation stable cache un impératif stratégique lié aux ressources.
Dans cette optique, toute escalade ou proposition d’intervention, y compris sous prétexte d’assistance humanitaire ou religieuse, n’est qu’un paravent. L’objectif fondamental reste d’établir un contrôle militaire dans le sud, plus précisément dans le delta du Niger, afin de sécuriser et de garantir un accès direct aux flux d’hydrocarbures. Pour l’opinion publique nigériane, l’acceptation d’une base constituerait un pacte néocolonialiste, mettant la richesse énergétique nationale sous surveillance et dépendance étrangère.
Nicolas Maduro Narcotrafiquant : Une Accusation Politique ou un Fait Démontré ? Le Défi de la Vérification.
Décryptage d’une allégation choc, farfelue, mythes et manipulation. Le prétexte du « narco-État » vénézuélien est une fable : le commentateur médiatique Tucker Carlson l’a d’ailleurs dénoncé, en soulignant que le Venezuela est marginal dans les statistiques sur le trafic de drogues, les véritables fournisseurs des États-Unis étant des alliés traditionnels comme le Mexique et la Colombie, prouvant que l’accusation contre Caracas est un prétexte fallacieux pour s’emparer de son pétrole.
Le sénateur Rand Paul a exigé des preuves tangibles que le Venezuela exportait de la drogue, mettant en lumière le manque de fondement factuel du discours. Le Colonel (retraité) Douglas Macgregor a affirmé à de nombreuses reprises que l’acharnement sur Maduro était purement motivé par le désir de reprendre le contrôle de ses ressources. L’économiste de renom Jeffrey Sachs a quant à lui dénoncé les sanctions américaines comme une forme de guerre économique illégale et une punition collective qui crée une crise humanitaire au Venezuela pour mieux justifier l’intervention projetée par le régime de Donald Trump.
À ce titre, la rapporteure spéciale des Nations unies, Alena Douhan, a conclu après sa visite en 2021 que les sanctions avaient « terriblement » affecté l’économie et étaient un « désastre et une honte mondiale qui violent les droits de l’homme », corroborant que l’effet des mesures coercitives est une cause directe de l’effondrement socio-économique et non une simple conséquence de la mauvaise gouvernance supposée.
Cette hostilité s’explique aussi par l’enjeu de la dédollarisation : le Venezuela, comme le Nigéria dans ses tentatives sporadiques de s’affranchir du système occidental, a cherché à vendre son pétrole en contournant le Dollar américain, notamment en utilisant l’or, le rouble ou le yuan, et même en explorant des crypto-monnaies souveraines comme le Petro.
Cette volonté de dédollariser le marché pétrolier, menaçant ainsi l’hégémonie du pétrodollar qui soutient la puissance financière des États-Unis depuis l’accord avec l’Arabie Saoudite en 1974, signé peu après la fin du système de Bretton Woods en 1971, est une motivation stratégique de premier ordre pour Washington, car elle met en péril le cœur du système de pouvoir global américain.
Le risque d’une agression militaire américaine est d’autant plus grand que les conséquences géopolitiques pourraient être catastrophiques. Le professeur John Mearsheimer, éminent théoricien réaliste, a émis un avertissement solennel : la Chine et la Russie ne resteront pas les bras croisés.
La Chine a des investissements de plusieurs milliards de dollars à défendre, et la présence de navires de guerre russes dans les eaux vénézuéliennes est une démonstration de force directe. De plus, la complexité logistique et l’immensité du Venezuela pourraient entraîner les États-Unis dans une insurrection prolongée même après la chute du régime, détournant des ressources stratégiques et offrant une opportunité à la Chine et à la Russie de pousser leurs agendas ailleurs. Dans le Sud global, cette attitude belliqueuse renforce une perte de confiance généralisée envers l’Occident.
Des analystes de ces régions, ainsi que des médias d’États comme l’Afrique du Sud ou l’Inde, dénoncent ouvertement ces agressions comme de nouvelles formes de colonialisme et appellent désormais la Chine et la Russie à défendre et protéger leurs alliés, comme le veut la doctrine de la multipolarité émergente. Face aux accusations américaines concernant son programme d’armement, un officiel chinois aurait rétorqué que « la Chine ne constitue une menace pour personne et s’arme uniquement pour se défendre contre l’attitude belliqueuse des Américains », soulignant le caractère défensif de sa modernisation militaire. Ce discours résonne avec une amère réalité : pour être en paix aujourd’hui dans le Tiers-Monde et dissuader les prédations coloniales, il est devenu impératif de développer sa propre capacité de dissuasion, y compris l’arme nucléaire, à l’image de la Corée du Nord, dont l’arsenal atomique est perçu par beaucoup dans le Sud global comme l’unique garantie de sa souveraineté face à l’interventionnisme.
Attaquer Caracas n’est donc pas une simple action humanitaire, mais une menace de confrontation indirecte avec deux puissances nucléaires, ce qui prouve que les motifs réels derrière les prétextes avancés sont bien le pétrole, l’hégémonie, et la poursuite interminable du colonialisme.
Pourtant, cet humanisme sélectif révèle une boussole troublante : l’absence totale de menace d’intervention pour « sauver » les Palestiniens, qui subissent un massacre et sont menacés de génocide par le régime de Netanyahou, est un silence assourdissant qui démontre que l’interventionnisme est un outil de domination, jamais un principe universel.
Finalement, le Soudan offre un exemple récent de la balkanisation d’un État riche, où des généraux et fils du pays, succombant à la tentation des prédateurs coloniaux arabes et occidentaux, participent au pillage de leur propre nation. Le conflit est alimenté par des soutiens étrangers clairs : le général Hemeti (FSR) bénéficie de l’appui des Émirats Arabes Unis (ÉAU) et de leurs alliés occidentaux, tandis que le pouvoir central (SAF) a d’autres partenaires comme la Turquie. Ces ingérences ont plongé le pays dans une guerre fratricide dont les dernières horreurs signalent une volonté affichée d’arabiser la région, avec des viols systématiques de femmes et des massacres ciblés de la population noire dans un schéma qui rappelle les pires heures du Darfour.
Le Soudan s’effondre sous le poids de la trahison interne et des convoitises externes, transformant sa richesse en malédiction, un cycle que Trump rêve d’achever au Venezuela et au Nigéria.
Légalité et Contestation : Le Droit International Face aux Interventions Militaires Unilatérales
Il est nécessaire d’aborder la question de l’intervention militaire dans un pays tiers en se basant sur les principes juridiques rigoureux qui régissent le droit international. Ce domaine est principalement encadré par la Charte des Nations Unies, qui établit l’interdiction fondamentale du recours à la force, garantissant ainsi la souveraineté et l’intégrité territoriale des États.
Une intervention militaire n’est donc pas la règle, mais une exception strictement définie. L’analyse des fondements juridiques d’une intervention militaire dans un pays tiers doit impérativement commencer par le principe cardinal du droit international : l’interdiction du recours à la menace ou à l’emploi de la force, tel qu’il est énoncé à l’Article 2(4) de la Charte des Nations Unies. Ce principe est le corollaire de la souveraineté des États et de leur égalité souveraine, un rempart légal contre l’ingérence. Toute intervention armée unilatérale est, par défaut, illégale, sauf dans les deux cas d’exception limitativement prévus.
La première exception est le droit inhérent de légitime défense individuelle ou collective, encadré par l’Article 51 de la Charte. Ce droit permet à un État d’utiliser la force uniquement s’il a été l’objet d’une agression armée par un autre État, et seulement jusqu’à ce que le Conseil de sécurité prenne les mesures nécessaires.
L’action doit, de surcroît, satisfaire aux critères coutumiers de la nécessité et de la proportionnalité. La seconde base légale est le mécanisme de sécurité collective confié au Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU), en vertu du Chapitre VII de la Charte. Seul le CSNU peut déterminer l’existence d’une menace ou d’une rupture de la paix et autoriser expressément les États membres à recourir à la force militaire (Article 42) pour rétablir l’ordre international. Sans l’aval du Conseil, aucune intervention coercitive n’est légitime.
La Responsabilité de Protéger : Un Débat Légal Controverse
Un débat juridique majeur persiste autour de la légitimité des interventions menées en dehors du cadre du CSNU, notamment sous l’égide de l’Intervention Humanitaire ou de la Responsabilité de Protéger (R2P). La doctrine R2P, adoptée par l’ONU en 2005, reconnaît que chaque État a la responsabilité de protéger ses populations contre les crimes de masse (génocide, crimes de guerre, etc.). En cas de défaillance manifeste de l’État, la responsabilité incombe à la communauté internationale.
Toutefois, le consensus se fracture sur le pilier 3 de la R2P, qui concerne la réponse militaire. Bien que la R2P soit acceptée pour les mesures préventives ou diplomatiques, le droit international exige formellement que l’usage de la force, même à des fins de protection, soit autorisé par le Conseil de sécurité.
La question de savoir si une intervention humanitaire est légale sans l’autorisation du CSNU notamment pour contourner le veto d’un membre permanent est l’une des plus controversées du droit international contemporain.
Les juristes et les États critiques soutiennent qu’autoriser une intervention armée unilatérale, même pour des motifs moraux, érode dangereusement le principe d’interdiction de la force de l’Article 2(4), créant un précédent qui pourrait être abusivement utilisé à des fins d’intérêt national plutôt qu’humanitaire.
L’application coercitive et sélective de la R2P sans mandat est ainsi considérée comme illégale par une grande partie de la communauté internationale, car elle remet en cause l’architecture même de la paix et de la sécurité collective fondée sur la Charte.
Non-Violabilité de la Souveraineté et Intérêts Économiques
Face à ce cadre juridique strict, l’hypothèse d’une intervention militaire projetée, telle que celle du président Trump au Venezuela pour son pétrole et au Nigéria pour la même raison, sous de pseudo-prétextes, ne résiste absolument pas au test juridique de la non-violabilité de la souveraineté des États.
Une telle action, motivée par la recherche d’avantages économiques ou de contrôle de ressources (pétrole), est par nature une ingérence dans les affaires intérieures des États, et ce, indépendamment des prétextes invoqués (démocratie, droits de l’homme, etc.). L’extraction de ressources ou l’établissement d’une hégémonie régionale ne constituent en aucun cas une base légale pour l’usage de la force.
N’étant ni une riposte à une agression armée directe (légitime défense), ni une mesure autorisée par le CSNU, une telle intervention serait qualifiée d’acte d’agression et de violation flagrante du droit international selon l’Article 2(4) de la Charte. Les intérêts nationaux, aussi puissants soient-ils, ne peuvent légalement primer sur le principe fondamental de la souveraineté.
L’Épuisement de l’Hégémonie Américaine : De la Coercition à la Contestation Globale
La politique étrangère des États-Unis est historiquement ancrée dans une cosmogonie politico-militaire singulière, un récit fondateur basé sur un messianisme et un interventionnisme libéral qui confère à Washington le devoir d’imposer un ordre mondial structuré selon ses valeurs.
Cependant, cette approche, dont le leitmotiv est toujours le changement de régime et l’élimination ciblée de dirigeants étrangers (comme le démontrent les cas de Saddam Hussein en Irak, de Mouammar Kadhafi en Libye, ou la tentative de renversement de Bachar el-Assad en Syrie), a engendré de cuisants échecs militaires et politiques dont les échos lourdement retentissants se propagent à travers le monde. Cette stratégie de domination, désormais largement perçue comme unilatérale et agressive, a conduit les États-Unis dans une profonde crise de légitimité internationale.
Les faits historiques factuels attestent de violations flagrantes du droit international et du principe de non-ingérence, illustrées par des actions extrajudiciaires comme la prime unilatérale de 50 millions de dollars placée sur la tête de Nicolás Maduro.
Le contraste saisissant avec la décence russe de ne pas avoir mis à prix la tête de Volodymyr Zelensky dans le conflit en Ukraine met en lumière le double standard occidental. Les justifications des actions américaines ne résistent plus ni à leurs propres normes morales ni à celles du droit international et sont désormais vivement contestées par l’ensemble du Sud global.
L’application incessante de la force et de la coercition a provoqué l’effet inverse de celui recherché. Selon la thèse du professeur John Mearsheimer, « De la coercition naît le ressentiment, du ressentiment naît l’alternative. » Ce ressentiment a massivement alimenté la quête d’un ordre multipolaire, mettant à mal l’hégémonie américaine.
Dans ce contexte, la Chine émerge comme l’alternative majeure, prenant lentement sa place partout dans le monde sans même avoir à forcer quoi que ce soit. Son succès repose sur un réalpolitik pragmatique et un modèle économique gagnant-gagnant. La Chine ne cherche pas à imposer sa vision du monde à ses partenaires, adhérant au principe respectueux de ne jamais se mêler de la politique intérieure des nations.
Des faits historiques comme l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie, qui finance massivement des infrastructures sans conditions politiques, démontrent que le modèle chinois de coopération économique gagne du terrain au détriment de l’Occident. En s’obstinant à imposer leurs désidératas par la force, les États-Unis et leurs alliés épuisent leur légitimité, confirmant que l’horizon se présente mal pour les Américains face à l’inéluctable déplacement du centre de gravité mondial.
Le Rejet de l’Extorsion : Pourquoi Trump n’est pas vu comme un Sauveur dans le Sud Global
Il est essentiel de comprendre que la réticence, voire l’hostilité, des ressortissants des nations qualifiées péjorativement et menacées d’agression militaire par Donald Trump, notamment le Venezuela et le Nigeria, s’enracine profondément dans une conscience historique aigüe et une perception claire des motivations réelles de la politique étrangère américaine, loin de toute posture de sauveur.
Ces populations sont parfaitement conscientes que l’histoire des relations internationales, particulièrement celle entre le Sud global et les puissances occidentales, est pavée d’interventions visant l’extorsion de leurs richesses et le contrôle de leurs ressources stratégiques, un contexte qui rend toute menace militaire, comme celle évoquée contre le Venezuela et ses réserves pétrolières ou le Nigeria, immédiatement suspecte d’être un acte d’impérialisme économique déguisé en préoccupation sécuritaire ou humanitaire. En effet, l’utilisation même par Trump de termes comme « shit-hole countries » pour décrire ces nations porte atteinte à leur dignité la plus fondamentale, signalant un mépris raciste et une attitude profondément condescendante et paternaliste. Comment un dirigeant qui dévalorise et insulte publiquement des peuples entiers pourrait-il sincèrement se présenter comme leur bienfaiteur ?
Cette rhétorique hostile confirme aux yeux des ressortissants de ces pays que le président américain n’a que faire de leur bien-être et que ses actions ne sont guidées que par des intérêts géopolitiques unilatéraux, loin de l’altruisme. De plus, le monde dit Sud global ne souscrit aucunement à l’idée que Donald Trump mériterait le prix Nobel de la paix, car il est perçu au mieux comme un imposteur, et au pire comme un violent et dangereux prédateur colonial.
Les réactions spécifiques au Venezuela l’illustrent : même la vraie opposition au régime de Nicolás Maduro a largement rejeté l’idée d’une intervention militaire américaine, la percevant comme une violation de la souveraineté nationale susceptible de causer le chaos et de décrédibiliser leur propre lutte interne, préférant l’autonomie politique au diktat d’une puissance ouvertement hostile. De même, au Nigeria, l’insulte proférée par Trump a provoqué une vague d’indignation et de fierté nationale, renforçant l’unité contre toute ingérence et soulignant la volonté du pays de gérer ses propres défis sans humiliation.
En définitive, les ressortissants de ces nations ne voient pas un sauveur, mais plutôt un acteur étranger menaçant qui cherche à subordonner leurs intérêts nationaux aux siens, une perception justifiée par un mélange puissant de mémoire coloniale, d’insulte publique et de menace militaire explicite, confirmant le rejet du néo-colonialisme.
Par Goïkoya Kolié, juriste, notre collaborateur depuis Canada