La Guinée va tout droit vers une banqueroute. Malgré le maquillage des chiffres dicté par Mamady Doumbouya, la situation économique et financière du pays est extrêmement difficile. Les populations souffrent du tâtonnement de leurs dirigeants et d’une violence policière qui vise à cacher la mal gouvernance. Les régies financières sont en berne.
Le plus gros scandale demeure aujourd’hui, l’affaire du ticket d’entrée de Winning. Il s’agit de 75 millions de dollars USD environ 45 milliards de FCFA introuvables dans les livres financiers.
Lorsqu’Alpha Condé était aux affaires, il n’avait pas opté pour le versement de ticket d’entrée avec Rio Tinto. Car, le président Condé voulait créer un fonds souverain pour la République. Ce qui était plus rentable pour les finances publiques.
Mais, le Colonel Mamady Doumbouya avait un réel souci d’argent lorsqu’il prenait le pouvoir. D’ailleurs, les fonds volés à la présidence lors du coup d’Etat le confirment. (Nous allons y revenir).
A peine arrivé, le Colonel avait reçu 75 millions USD (45 milliards de FCFA) payés par Winning comme ticket d’entrée. Nul ne sait quelle destination l’argent a pris. C’était pour Simandou 1 et 2. Or, cet argent devrait être recouvré par le Trésor public guinéen à travers le Ministre des Finances qui devrait présenter devant l’Assemblée nationale, une loi des finances rectificative. Cela devrait permettre aux autorités d’intégrer ces fonds dans le circuit des finances publiques.
Rien de tout cela n’a été fait. Seul Mamady Doumbouya sait où cet argent se trouve. Et pourtant, les 45 milliards FCFA pouvaient financer plusieurs projets pour les jeunes et les femmes de Guinée.
Plus grave encore, toujours au Simandou, les travaux sont arrêtés sur ordre de la junte. Ainsi, il faut dire que pas moins de 15 000 emplois ont été perdus depuis plus d’un an. Cette décision met en péril la date butoir de fin 2025 comme date de première exportation. S’y ajoute le retard dans la construction des infrastructures.
Il a été révélé que dans les négociations, Rio Tinto a remis en cause la pertinence du projet de port en eau profonde. « La guinée a renoncé ainsi à la construction de la jetée de 18 km qui avait été acté au profit de barges. En conséquence, le pays n’aura pas de port en eau profonde à la fin de la période d’exploitation du gisement » révèle une source.
Toujours à propos des mines, contrairement aux bonnes pratiques négociées avec les sociétés minières et les partenaires, les fonds ANAFIC et FODEL sont gérés aujourd’hui par le Ministre. Depuis, l’arrivée de Mamady Doumbouya, les populations n’ont aucune visibilité sur la gestion des fonds. La transparence est un luxe en Guinée. Pire encore, les redevances destinées aux communes ont disparu.
La junte n’arrive pas à effectuer l’audit de la dette publique. Pire encore, des entrepreneurs « bras longs » sont payés après avoir accepté de payer des commissions à des militaires. Des créances douteuses refusées sous Alpha Condé ont été payées entièrement selon les mêmes modalités. La population n’est informée de rien sur la gestion des finances publiques.
Certains opérateurs économiques jadis mis sur la liste des personnes à poursuivre, ont été recyclés et ont même été payés par la junte. Et pourtant, d’autres entrepreneurs ont vu leur mandat bloqué au trésor sans aucune explication.
Selon une source crédible, «le gouverneur de la BCRG a demandé l’augmentation du plafond d’endettement afin de résorber le blocage entraînant de facto l’usage de la planche à billet dans les mois à venir. L’inflation devrait s’envoler en conséquence ».
Une autre source avertie nous apprend que «la dette intérieure est de 2 milliards de dollars (1.200 milliards de FCFA) avec un stock de la dette de 250 millions en 2022. Cette situation dépasse largement le niveau de l’économie guinéenne.
Toutes les procédures de passation des marchés publics sont violées par la junte qui préfère le gré à gré. Pour preuve, concernant le projet de la 2×2 Hamdallaye Sonfonia, la junte a décliné le financement de la BID pour le lot 1. Elle a aussi décliné le financement du fonds koweïtien pour l’échangeur de Bambeto au profit de l’entrepreneur Daniel Zeideh exclu de tous les marchés publics au Burkina Faso. Car, son entreprise est responsable de l’effondrement de l’université Norbert Zongo.
Les 18 km plus l’échangeur seront financés sur le BND pour 400 millions de dollars US. Il s’agit d’une surfacturation du coût au kilomètre à 22 millions USD.
Maintenant, il faut avoir le courage de reconnaître que l’économie qui repose essentiellement sur les recettes minières, s’est effondrée. L’environnement des affaires n’est plus garanti. Les tensions politiques ont eu des impacts négatifs sur les productions. Et les bailleurs, les investisseurs et les partenaires de la Guinée n’ont pas confiance à la junte dont le pilotage à vue et l’amateurisme ont pris le dessus sur le fonctionnement. Face à cette situation, Mamady Doumbouya et ses hommes qui ont compris que leurs jours sont comptés à la tête de ce pays, se sont engagés dans une opération de chiffonnage des caisses de l’Etat. Et les finances extérieures n’arrivent plus parce que les bailleurs doutent sur la pérennité de ce régime contesté.
Les bailleurs ne prendront jamais le risque de financer des projets dans le long terme avec un régime sans avenir.
L’Etat Doumbouya n’a aucune possibilité de créer des recettes ou d’accroitre celles existantes. Selon Mohamed Tall ancien Ministre, «au vu de la contraction de l’économie, l’option de l’augmentation des impôts est à écarter car les entreprises sont asphyxiées ». Ce Cadre ajoute que «les possibilités d’emprunts sont aléatoires dans la mesure où habituellement, les banques qui achètent souvent les bons du trésor sont en sous liquidités (alors qu’habituellement, nos banques sont en sur liquidités). Par conséquent, dans l’hypothèse d’une émission de bons de trésor risque de ne pas atteindre ses objectifs ».
Plus étonnant encore, il a indiqué que «le budget n’est appliqué qu’à 75% au mieux et les dépenses sont essentiellement consacrées au fonctionnement ». Mohamed TALL a souligné que «le CNRD doit clairement expliquer aux guinéens qu’il va recourir à la planche à billets. L’Etat n’arrive plus à honorer ses engagements ».
Il a pointé du doigt le Colonel Doumbouya d’être responsable de cette situation de quasi récession de la Guinée qu’il dirige dans un amateurisme absolu, sans être « gêné de porter une montre de 400.000 euros » selon l’ancien Ministre.
Modou FALL /DAKARTIMES