Amadou Damaro Camara, ancien président de l’Assemblée nationale et figure incontournable du régime d’Alpha Condé, a connu une ascension politique fulgurante, portée par sa loyauté indéfectible envers le pouvoir en place. Autrefois salué comme un « homme fort » de la République, ce pilier du RPG Arc-en-Ciel, le parti au pouvoir durant les mandats du pprésident Alpha Condé, se retrouve aujourd’hui dans une situation totalement différente : incarcéré et malade.
L’homme qui, à une époque, évoquait fièrement sa propre origine, celle de la communauté Konia, réputée pour sa bravoure et affichait une confiance inébranlable face aux défis, se retrouve désormais en proie à une réalité bien plus cruelle : l’arrestation, la détention et les affres de la maladie.
Amadou Damaro Camara, ancien président du groupe parlementaire du RPG Arc-en-Ciel, avait une réputation de durcissement de la posture politique, n’hésitant pas à multiplier les déclarations belliqueuses. Un homme dont les propos, souvent virulents, étaient imprégnés de la rhétorique du pouvoir. Il s’était même fait connaître pour ses déclarations visant à “maintenir l’ordre” dans les fiefs de l’opposition, en soutenant qu’il fallait y aller « avec les armes ». Ces déclarations auraient pu sembler rassurantes aux partisans du pouvoir, mais elles avaient pour effet de nourrir un climat de tension et de division dans un pays déjà marqué par des fractures politiques profondes.
Et puis, la chute ! Amadou Damaro Camara a été arrêté en avril 2022 par les autorités de la transition dirigée par le Colonel Mamadi Doumbouya, à l’époque, qui ont pris les rênes du pays après le coup d’État. Il est désormais incarcéré, accusé de détournement de fonds publics. Une situation qui semble ironique quand on considère l’homme qui, jadis, n’hésitait pas à rappeler sa position de « force », et même à défendre le maintien de l’ordre par la répression. Aujourd’hui, c’est le système judiciaire qui s’abat sur lui, et ses anciens alliés semblent bien loin. Amadou Damaro Camara a été condamné à quatre ans de prison ferme. Une page douloureuse pour celui qui était l’un des visages les plus emblématiques du pouvoir précédent.
L’ancien président de l’Assemblée nationale, aujourd’hui fragilisé, n’est plus cet homme implacable. Le poids de l’emprisonnement, associé à des problèmes de santé graves, le rend vulnérable. L’ex-membre fort du régime Alpha Condé, a eu des mots poignants pour demander la clémence des autorités ce jeudi 20 février à la CRIEF :
« Je cours deux risques : avec le stress, je risque l’AVC ; ou je risque l’amputation sur la neuropathie… Vouloir refuser mon hospitalisation, c’est potentiellement me condamner à une amputation. Je vous en supplie, laissez-moi aller à l’hôpital. »
Ces paroles, empreintes de douleur et de vulnérabilité, sont un rappel amer de la fragilité humaine, même pour ceux qui se croient intouchables au sommet du pouvoir aujourd’hui.
À travers ce triste épisode, nous pouvons tirer des leçons de vie, à commencer par celle de l’humilité. La gloire et la puissance sont des biens éphémères. Amadou Damaro Camara, qui se vantait d’appartenir à une communauté fière et courageuse, qui se disait prêt à aller à la guerre pour défendre sa cause, est aujourd’hui l’ombre de lui-même. Cette transition de la grandeur à la déchéance nous interpelle sur la sagesse à cultiver dans les moments de succès.
Les hommes puissants d’aujourd’hui devraient méditer sur ce que la vie réserve à ceux qui abusent de leur position de force. L’orgueil et la certitude d’être inébranlable laissent place, tôt ou tard, à la fragilité. Les événements nous rappellent que la richesse, la gloire et l’influence d’hier peuvent se transformer en solitude et en souffrance de demain.
« Les forts d’aujourd’hui seront les faibles de demain », comme le rappelle Damaro Camara lui-même.
Cette histoire est aussi un appel à la compassion. Il est du devoir des autorités en place de permettre à un homme souffrant, quel que soit son passé, d’accéder à des soins de santé appropriés. Le combat pour la justice et l’équité ne s’arrête pas aux portes des prisons. Même l’adversaire politique mérite d’être traité avec dignité, surtout lorsque sa santé est en jeu.
Par conséquent, la chute d’Amadou Damaro Camara est plus qu’une simple revanche de l’histoire ou une victoire des nouvelles autorités. Elle est une leçon universelle sur l’humilité, la justice et la fragilité de l’être humain. Ceux qui se croient inaccessibles devraient se souvenir que la vie est parsemée de renversements inattendus, et que le vrai pouvoir réside dans la sagesse, la modestie et le respect des autres, même dans les moments difficiles.
Par Minkael BARRY