Audience pour Sonko : Des magistrats disent refuser la rencontre

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Entre Ousmane Sonko et l’Union des magistrats du Sénégal (UMS), la tension est à son comble. En cause, la dernière sortie du Premier ministre, accusant certains magistrats d’être « corrompus ». Des propos qui ont eu un effet tellurique dans les cercles de l’UMS, lesquels exigent désormais des excuses publiques, selon L’As.

D’après des informations relayée par L’As, l’audience sollicitée par le chef du gouvernement pour ce mercredi à la Primature n’a pas trouvé un écho favorable. La quasi-totalité des magistrats ont rejeté cette proposition avec véhémence, malgré le souhait exprimé par une frange de la hiérarchie judiciaire consistant à porter l’affaire devant le président de la République.

Les magistrats sénégalais sont profondément irrités par les commentaires jugés « outrageants » du Premier ministre à l’égard du pouvoir judiciaire, à la suite du rejet de sa demande de rabat d’arrêt dans le procès pour diffamation qui l’oppose à Mame Mbaye Niang, rejet confirmé par les juges de la Cour suprême.

Depuis lors, un silence pesant règne dans les arcanes de la justice. Habituellement prompte à publier des communiqués à chaque fois qu’un magistrat est attaqué ou qu’une décision judiciaire fait l’objet de vives critiques, l’UMS s’est murée dans une attitude de réserve qui a surpris plus d’un. Ce silence a d’autant plus intrigué qu’il s’agissait de la deuxième sortie du Premier ministre contre la justice ou ses représentants en moins de deux ans. Feu Badio Camara en avait déjà fait les frais.

Selon plusieurs sources interrogées par L’As, le garde des Sceaux Ousmane Diagne avait, à l’époque, donné des gages au corps judiciaire, exprimant son mécontentement dans les coulisses et promettant que de tels débordements ne se reproduiraient plus. Mais voilà qu’Ousmane Sonko récidive. Pour beaucoup, la coupe est désormais pleine. Dans les juridictions, la colère gronde. La majorité des magistrats souhaitent que l’UMS prenne une position ferme et rejette la demande d’audience formulée par le Premier ministre par l’intermédiaire de son conseiller en communication.

D’après les informations rapportées par L’As, l’Union des magistrats du Sénégal ne serait ni demandeuse ni même intéressée par une rencontre avec celui qu’ils considèrent comme leur « insulteur ». Pire encore, beaucoup redoutent que cette audience ne soit l’occasion de se faire rabrouer, sans possibilité de réplique.

Selon le journal, si certains membres de la hiérarchie judiciaire et quelques anciens tentent, bien que courroucés, de jouer les pompiers en suggérant de rencontrer directement le président de la République Bassirou Diomaye Faye pour lui faire part de leur colère et pointer les contradictions de son Premier ministre, cette idée est largement rejetée. Pour la grande majorité, il s’agirait d’une forme de délation ou d’une manœuvre pernicieuse visant à opposer les deux têtes de l’exécutif.

En tout état de cause, il y a bel et bien une crise ouverte entre le Premier ministre et le corps judiciaire. Une crise sérieuse, qui menace, selon plusieurs voix relayées par L’As, la République, l’État de droit et les fondements mêmes de la démocratie.

La Primature dément avoir sollicité une audience avec l’UMS

L’As a recueilli la version de la Primature au sujet de cette audience controversée. « La Primature n’a jamais demandé à rencontrer l’UMS. Il peut y avoir des initiatives individuelles, mais officiellement, il n’a jamais été question d’une telle démarche », a confié à L’As une source proche du Premier ministre.

Relancée par le même journal, une source de l’UMS a toutefois partagé un message qui affirme tout le contraire : « Pour restaurer un climat de confiance mutuelle indispensable au bon fonctionnement démocratique de nos institutions, le Premier ministre Ousmane Sonko a proposé de rencontrer l’UMS le mercredi 9 juillet 2025. Cette rencontre préfigure une série d’audiences que le Premier ministre compte initier avec les différents acteurs de la Justice dans les prochaines semaines. Ces dialogues directs permettront d’échanger sur les préoccupations du secteur. »

Selon les interlocuteurs de L’As, la Primature chercherait simplement à éviter l’étiquette de « camouflet ». Pourtant, le message évoqué émane bel et bien du conseiller du Premier ministre, et était adressé au président de l’UMS, ce qui en fait une initiative institutionnelle, et non isolée.

Toujours d’après L’As, les groupes WhatsApp internes à l’UMS ont été particulièrement animés ces derniers jours autour de cette audience. La base, composée de magistrats issus de toutes les juridictions, a été consultée et s’est clairement opposée à toute rencontre avec le Premier ministre. Plusieurs magistrats ont même estimé qu’avant toute audience, l’UMS devait publier un communiqué ou faire une déclaration ferme pour répondre publiquement aux propos jugés inacceptables du chef du gouvernement.

In senenews

 

 

 

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