En l’espace de quinze jours, deux vies ont été fauchées par des voleurs à moto, transformant les rues de Conakry en zones de non-droit. Face à cette escalade alarmante, les citoyens attendent désespérément une réaction des autorités.
Le vendredi 31 octobre 2025, vers 23 heures, Mohamed Barry, jeune transitaire connu sous le surnom de « Nedved », a été arraché à la vie dans des circonstances dramatiques. Circulant à bord d’un tricycle à Foulamadina, dans la commune de Lambanyi, il a été pris pour cible par deux individus à moto non immatriculée.

La scène, devenue tristement banale dans les artères de la capitale, s’est déroulée avec une brutalité inouïe. Les malfaiteurs ont tenté d’arracher le sac que le jeune homme tenait sur ses genoux. Sa résistance lui a coûté la vie : projeté au sol, il a violemment heurté le bitume, provoquant un traumatisme crânien fatal. Transporté d’urgence à l’hôpital de l’Amitié Sino-Guinéenne, il est resté dans le coma pendant près de vingt heures avant de succomber à ses blessures le samedi soir.
Deux semaines plus tôt, le 17 octobre 2025, à T5 dans la commune de Ratoma, Jeannette Mansaré, mère de quatre enfants, avait connu un sort similaire. Circulant à moto, elle avait refusé de céder son sac aux bandits. Sa chute l’avait placée sur la trajectoire d’un véhicule qui l’avait percutée mortellement.

Ce qui glace le sang, au-delà de l’horreur de ces agressions, c’est le mutisme incompréhensible des autorités sécuritaires. Aucune communication officielle du ministère de la Sécurité après le décès de Jeannette Mansaré. Aucun plan d’action annoncé. Aucune mesure préventive visible sur le terrain.
Comment expliquer qu’en deux semaines, deux citoyens paisibles perdent la vie dans des circonstances similaires sans que l’État ne daigne s’exprimer publiquement ? Comment accepter que les Guinéens vivent dans la terreur quotidienne de se faire agresser au détour d’une rue, sans que les responsables de leur sécurité ne réagissent ?
Les vols à l’arraché par des bandits à moto se multiplient dans toutes les communes de Conakry. Lambanyi, Ratoma, Matoto, Dixinn… aucun quartier n’est épargné. Les criminels opèrent en plein jour comme en pleine nuit, ciblant indistinctement hommes, femmes, jeunes et moins jeunes.
Le mode opératoire est toujours identique : des motos sans plaque d’immatriculation, deux individus, des agressions éclairs qui laissent les victimes blessées, traumatisées, parfois même mortes. La peur a changé les habitudes des Conakrykas qui n’osent plus utiliser leurs téléphones dans la rue, cachent leurs sacs ou préfèrent rester chez eux plutôt que de risquer leur vie.
La Brigade mobile, censée assurer la surveillance et la sécurité dans les rues de la capitale, semble absente de ce combat crucial. Pourtant, le mode opératoire des criminels est toujours identique : des motos sans plaque d’immatriculation, deux individus, des agressions éclairs. Un schéma prévisible qui devrait faciliter la mise en place de stratégies de prévention et d’intervention.
Patrouilles renforcées aux heures et dans les zones sensibles, contrôles systématiques des motos non immatriculées, sanctions exemplaires contre les propriétaires de véhicules non enregistrés, multiplication des points de contrôle… Les solutions existent. Elles nécessitent de la volonté politique et des moyens, certainement, mais surtout une prise de conscience de l’urgence de la situation.
Monsieur le Ministre de la Sécurité, jusqu’à combien de morts faudra-t-il déplorer avant que votre département ne prenne la mesure de cette catastrophe humaine ? Les Guinéens ne demandent pas l’impossible : ils réclament simplement le droit fondamental de circuler librement dans leur propre pays sans craindre pour leur vie.
Chaque jour qui passe sans action concrète est un jour de plus offert aux criminels pour semer la terreur. Chaque silence des autorités est perçu comme un abandon des populations à leur triste sort. Chaque nouvelle victime représente une famille brisée, des enfants orphelins, une société qui se délite.
Les familles de Jeannette Mansaré et Mohamed Barry attendent justice. Les habitants de Conakry attendent protection. La Guinée tout entière attend que ses dirigeants assument leurs responsabilités.
Il est temps d’agir. Il est temps de parler. Il est temps de protéger.
Leverificateur.net