Accueil POLITIQUE Conakry : l’imprimerie du Lynx vandalisée, le matériel d’impression dérobé
L’imprimerie de l’hebdomadaire satirique guinéen Le Lynx a été la cible d’un second cambriolage en l’espace de deux semaines, selon des informations relayées par nos confrères de Radio France Internationale.
Des équipements essentiels à la production du journal ont été dérobés ou endommagés lors de cette intrusion survenue dans la nuit du samedi 18 octobre, soulevant de vives inquiétudes quant à la liberté de la presse dans le pays.
Lorsqu’Aliou Diallo s’est présenté sur les lieux situés dans le quartier de Koloma, en périphérie de la capitale guinéenne, il a immédiatement constaté l’ampleur des dégâts. Le portail de l’établissement était verrouillé de l’intérieur, tandis que la serrure principale montrait des signes évidents d’effraction. À l’intérieur, le constat était encore plus alarmant : le massicot, appareil indispensable pour découper le papier, avait été vandalisé, et la rotative principale avait été dépouillée de son compresseur, rapporte RFI.
Face à ces dommages, l’impression du journal dans ses propres locaux est devenue techniquement impossible. La rotative, privée de son deuxième compresseur, présente désormais une importante fuite d’air qui la rend inutilisable. « Nous ne sommes plus en mesure de produire le journal ici », a confié Aliou Diallo aux médias.
Ce qui alarme particulièrement l’équipe éditoriale, c’est la récurrence de ces actes malveillants. Il y a à peine quinze jours, l’imprimerie avait déjà été visitée par des cambrioleurs qui s’en étaient pris au générateur électrique, dérobant plusieurs de ses composants. Pour Mamadou Siré Diallo, rédacteur en chef du Lynx, cette répétition ne relève pas du hasard. « Il est probable que les mêmes individus soient revenus, cette fois avec l’intention manifeste de paralyser totalement notre activité », a-t-il déclaré à Radio France Internationale.
Le journaliste situe ces agressions dans un contexte plus large de pressions exercées sur les médias guinéens. « Le Lynx subit ce que l’ensemble de la presse du pays traverse actuellement », a-t-il souligné, évoquant un climat délétère pour le journalisme indépendant en Guinée.
Depuis sa création en 1992, l’hebdomadaire s’est forgé une réputation pour ses caricatures mordantes et sa ligne éditoriale sans concession envers les pouvoirs successifs. Mamadou Siré Diallo y voit précisément la raison de ces sabotages à répétition. « Ces actes visent à faire taire un journal qui n’a jamais dévié de sa ligne critique depuis plus de trois décennies », a-t-il analysé, suggérant que ces intrusions pourraient constituer une tentative d’intimidation visant à museler une voix dissidente.
Malgré ces obstacles, l’équipe du Lynx refuse de baisser les bras. Grâce au recours à un prestataire externe, la publication continue de paraître et demeure accessible dans les kiosques de la capitale. Une preuve de résilience qui témoigne de la détermination de cette rédaction à poursuivre sa mission d’information, en dépit des pressions, indique RFI.
Cette affaire soulève néanmoins de sérieuses questions sur la sécurité des organes de presse en Guinée et sur les conditions d’exercice du journalisme dans un pays où la liberté d’expression demeure fragile.
Minkael Barry