Le plus vieux métier du monde prend de l’ascension à Conakry. Dans certains quartiers notamment au rond point de l’Aéroport en remontant vers Bambeto, une multitude de bars, boîte de nuit, motels… pullulent çà et là l’endroit.
Contrairement aux années précédentes, les étrangères sont les plus visibles dans la prostitution actuellement dans cette contrée, ce qui suscite la jalousie des prostituées guinéennes.
Belles petites rondeurs, seins pointus exposés comme des citrons sur une table de marché. Bien maquillées, arrêtées ou assises en en groupe comme des troupeaux, en tenue sexy, très sexy.Telles sont les images affichées par ses ressortissantes léonaises qui ont fui la crise économique qui mine actuellement leur pays.
Pour s’en rendre compte, il suffit de faire un tour la nuit dans les boites de nuit ou restaurants huppés aux alentours de l’aéroport international de Gbèssia.
Cette pratique jugée humiliante dans un passé récent est devenue aujourd’hui une source de fierté pour certaines filles.
Dans une boite de nuit qui se distingue par son espace aéré, la quasi-totalité des prostituées sont des léonaises. L’on parle tellement le krio au point qu’on se croirait à Freetown. Mélangé défois de soussous ou poular tordu. D’autres aussi se débrouillent difficilement en français.
Approchée cette nuit, Augusta, une prostituée léonaise de 27 ans selon elle a indiqué qu’elle a fait à peine 9 mois à Conakry. Elle est uniquement venue vendre son charme pour pouvoir subvenir à ses besoins.
« La prostitution n’est pas une activité honteuse dans ma famille. Ma grand mère a été prostituée, ma mère est prostituée. Moi aussi je fais çà depuis 2014. Je viens de venir à Conakry, il y’a 9 mois. Je suis logée au motel ici, je fais la prostitution, je gagne de l’argent ici plus que Freetown. J’envoie un peu à ma mère et le reste je gère pour mes besoins. J’aime Conakry parce qu’ci les clients ne sont pas agressifs contrairement à Fretown. Et puis la monnaie est forte, » explique -a-t-elle.
Et d’enchaîner :
» Le prix c’est 50.000 fg chez moi sans les frais du motel. Si tu veux dormir avec moi ici jusqu’au matin, tu me payes 200. 000 fg. Si tu m’envoies chez toi, c’est 300. 000 fg. Mais tu ne seras jamais déçu parce que, je sais bien faire. Quand tu fais une seule fois avec moi, tu demandes directement mon numéro et on devient des clients. Rires ! », se vante- elle.
Dans un autre endroit de la zone, c’est le même constat. Germaine, 30 ans, est une des filles de joie venant de la Sierra Leone :
« On se sent à l’aise ici. Chez nous à Fretown ça ne va pas. Ici, c’est Franc guinéen. Quand on gagne un peu ici, c’est beaucoup chez nous. Mais ce n’est pas seulement les filles léonaises qui font ça ici. Les guinéennes aussi se prostituent. Tu les vois là-bas [ elle indexe derrière]. Mais quand certains clients arrivent , ils nous préfèrent aux guinéennes, c’est pourquoi, défois elles nous insultent et on se mélange pas. Elles sont à part, nous sommes à part» raconte-elle.
Isata, une autre léonaise nous explique que c’est la mort de sa mère par le virus Ebola qui avait fait 4 000 morts en Sierra Leone entre 2013 et 2014 qui l’a poussée à être travailleuse de sexe pour pouvoir nourrir ses petits frères.
» Je me suis tournée vers les rapports sexuels rémunérés pour subvenir aux besoins de mes jeunes frères, quand notre mère est morte du virus Ebola. Depuis lors je suis habituée et c’est mon travail. Mais actuellement la vie est très dure en Sierra Leone. Mais quand je suis venue à Conakry, je travaillais dans un restaurant et je dormais là-bas en même temps. J’étais payée à 300. 000 fg. Un jour j’ai vu une copine qui m’a fait rentrer dans le réseau de prostitution. Ce que je gagne dans çà par mois n’est pas comparable aux 300. 000 fg du restaurant. Y’a des clients qui ont pris mon numéro , ils peuvent m’appeler je vais aller les satisfaire, ils me payent et je me retourne. D’autres viennent ici même la journée. Je ne veux pas faire ça, mais je n’ai pas le choix. C’est vraiment mal, mais pour l’instant, c’est le seul moyen par lequel je peux gagner de l’argent » dit- elle.
Assise parmi ses copines, cigarettes en main, deux bières à côté, Lolo est l’unique de son groupe à faire difficulté pour abandonner la prostitution et à commencer une nouvelle vie.
« Certes, il y’a les difficultés , mais je ne pratique plus la prostitution depuis en Sierra Leone. J’ai maintenant peur à vivre dans la rue et pratiquer la prostitution car j’ai vu de nombreuses copines mourir maladies dans notre pays. Un jour, à Fretown, après une rafle dans la rue, les agents de la police me gardent au commissariat et me demandent des rapports sexuels pour ma libération, ce jour, je me suis sentie comme une sauvage. Et j’ai décidé d’abandonner la prostitution. Quand je suis venue à Conakry, j’ai commencé de travailler comme fille de ménage. Je mange bien, je dors bien et ce couple m’aime comme leur propre fille. À la fin d’année, ce couple m’a acheté des habits sans défalquer cela dans mon salaire. Défois ils M laissent sortir les weekend pour m’amuser avec mes amis, c’est pourquoi je viens ici. La prostitution avec Lolo, c’est le passé, » se réjouit – elle.
Auteur : Mohamed Sylla