Accueil AFRIQUE Drone détruit : le Mali accuse l’Algérie de « déni de justice...
Après avoir nié l’existence même de la saisine de la CIJ par le Mali, pendant deux semaines, l’Algérie refuse finalement d’accepter la compétence de la Cour internationale de Justice.
Le Mali a officiellement confirmé jeudi le refus de l’Algérie de comparaître devant la Cour internationale de Justice (CIJ) dans l’affaire de la destruction d’un drone malien, mettant fin à une procédure internationale que Bamako espérait voir aboutir pour établir les responsabilités algériennes.
Dans un communiqué rendu public, le gouvernement de transition malien indique que « la Cour Internationale de Justice (CIJ) lui a notifié, le 19 septembre 2025, le refus de l’Algérie, suite à la requête introductive d’instance du Mali, d’accepter la compétence de la Cour » dans cette affaire.
Cette notification intervient exactement le jour où la CIJ avait confirmé avoir reçu la requête malienne, mettant fin à près de deux semaines de controverse sur l’existence même de cette saisine que les autorités algériennes avaient catégoriquement démentie.
De la dénégation au refus formel
L’incident remonte à « la nuit du 31 mars au 1er avril 2025 », lorsque les forces algériennes ont détruit « un drone de reconnaissance des Forces armées et de sécurité du Mali, au cours d’une mission de surveillance sur le territoire national malien », selon le communiqué signé par le Premier ministre et ministre porte-parole Abdoulaye Maiga.
Le Mali avait déposé sa requête le 16 septembre 2025, après avoir annoncé dès le 4 septembre avoir saisi la Cour. Mais le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, avait alors assuré que la CIJ « n’a jamais été saisie d’aucune demande d’introduction d’instance » et qu’Alger n’avait « jamais reçu aucune lettre » de la Cour.
Conformément aux règles de la CIJ, « ce refus de la junte algérienne met fin à la procédure devant cette juridiction internationale », précise le communiqué malien.
« Un aveu de culpabilité »
Le gouvernement malien considère que ce refus constitue « non seulement la négation de la justice internationale par la junte algérienne, mais également son mépris de la légalité internationale ». Bamako y voit « un aveu qui prouve à suffisance à la face du monde son indubitable culpabilité ».
Plus grave encore, les autorités maliennes estiment que « le refus de la junte algérienne de coopérer avec la CIJ est une preuve supplémentaire du soutien de l’Algérie aux groupes armés terroristes et crédite l’argument du Gouvernement malien sur la destruction de son drone ».
Le Mali accuse l’Algérie de privilégier « une stratégie de fuite en avant et des invectives diffamatoires pour tenter de voiler son soutien aux groupes extrémistes, y compris les chefs terroristes ciblés par le drone malien abattu ».
Escalade diplomatique
Cette confirmation du refus algérien s’inscrit dans une dégradation continue des relations bilatérales depuis l’incident d’avril. Les deux pays ont fermé mutuellement leurs espaces aériens, rappelé leurs ambassadeurs et suspendu les liaisons aériennes.
Bamako avait déjà saisi le Conseil de sécurité des Nations Unies dès le 7 avril, qualifiant la destruction du drone d’« agression délibérée ». Une enquête judiciaire pour terrorisme et complicité avait également été ouverte le 8 avril par le Procureur du Pôle judiciaire spécialisé.
Dans ce contexte tendu, le gouvernement de transition « réitère son appel au régime algérien à cesser ses ingérences intempestives et inacceptables dans les affaires intérieures du Mali et son soutien aux formations terroristes qui déstabilisent le Sahel ».
Sous l’autorité du président de transition, le général Assimi Goïta, le gouvernement malien « rassure les populations qu’il ne ménagera aucun effort pour la stabilité, la sécurité et le développement durable » du pays.
Cette nouvelle escalade diplomatique confirme la rupture entre les deux pays voisins dans un contexte régional déjà fragilisé par l’instabilité sécuritaire au Sahel.
APA