La capitale guinéenne est en proie à une vague de violences sans précédent, résultant de la volonté du président Alpha Condé de modifier la constitution pour se maintenir au pouvoir au-delà des mandats prévus.
Le 13 janvier, une manifestation dans la commune de Ratoma a été réprimée brutalement, faisant des morts, des blessés et entraînant des arrestations. Le jeune activiste Thierno Mountaga Diallo, dont le nom aurait été rapporté aux services de renseignement était activement recherché. Des militaires tenteraient de l’arrêter comme cela a été le cas pour d’autres opposants et activistes.
Thierno Mountaga, qui vit au Canada, est récemment rentré en Guinée pour soutenir moralement sa famille qui a déjà payé un lourd tribut à la répression sous le régime d’Alpha Condé. Son père Mamadou Oury, a disparu après la démolition de leur maison, une opération menée sans aucune procédure judiciaire. Militant actif de l’UFDG (Union pour la Force Démocratique de la Guinée) depuis de nombreuses années, Mamadou Oury avait été enlevé en même temps que Ibrahima Diallo, le frère cadet de son épouse. Ce dernier a trouvé la mort suite à des tortures, selon nos sources, bien que les autorités pénitentiaires de Conakry aient refusé de répondre à nos questions. Le décès de Ibrahima Diallo a été un choc immense pour la famille.
À l’arrivée de Thierno Mountaga, le pays était en pleine ébullition, avec des manifestations contre le troisième mandat du président Condé. Les forces de l’ordre, composées de policiers, de gendarmes et de militaires, tiraient à bout portant sur des manifestants désarmés. Selon ses proches, il était particulièrement ciblé. La raison? Depuis son retour, il sensibilisait les jeunes de son quartier aux enjeux de la démocratie et de l’État de droit. Son nom aurait été mentionné dans des rapports de renseignement, indiquant que le pouvoir en place tenterait de l’arrêter.
Notre reporter a pu joindre sa mère, Bilguissa Diallo, par téléphone. Inconsolable, elle nous a
confié: << Vous savez, je vis un véritable enfer depuis plusieurs mois. Je suis sans nouvelles
de mon mari. Mon frère Ibrahima est mort suite à la torture sans avoir jamais comparu devant
un juge. Hier encore, des militaires patrouillaient dans notre quartier, affirmant être à la
recherche de mon fils Thierno Mountaga. Je suis complètement dépassée par la situation. >>>
À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons toujours pas si Thierno Mountaga est entre les mains des militaires. L’inquiétude grandit au sein de son entourage.
Depuis, le FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution), qui rassemble une grande partie de la classe politique et de la société civile, continue de mener la lutte pour l’instauration de la démocratie en Guinée.
Moussa Diallo
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