GAC perd son permis d’exploitation en Guinée, Nimba Mining prend le relais

0
23

En Guinée, la société émirienne GAC (Guinea Alumina Corporation) s’est vue retirer, lundi 4 août, son permis d’exploitation par décret présidentiel. L’entreprise, qui exploitait un site de bauxite à Boké, dans le nord-ouest du pays, est accusée par Conakry de n’avoir pas respecté son principal engagement : construire une raffinerie permettant de transformer la bauxite en aluminium sur le sol guinéen.

Dans la foulée de cette révocation, un second décret présidentiel a officialisé la création d’une nouvelle entreprise publique : Nimba Mining Company. Cette société anonyme, détenue à 100 % par l’État guinéen, est placée sous double tutelle : le ministère des Mines pour l’aspect technique et le ministère des Finances pour l’aspect financier.

À peine créée, Nimba Mining récupère la concession de 690,20 km² précédemment attribuée à GAC. Elle en hérite pour une durée de 25 ans renouvelables.

Vers une souveraineté industrielle

Cette décision s’inscrit dans une nouvelle orientation stratégique voulue par le président de transition, Mamadi Doumbouya. Son objectif : renforcer le contrôle national sur les ressources minières et soutenir une industrialisation fondée sur des capitaux guinéens.

Des spécialistes du secteur saluent cette volonté politique affirmée, y voyant un tournant dans la politique minière du pays. Toutefois, certains experts guinéens, interrogés par RFI sous couvert d’anonymat pour des raisons de sécurité, s’interrogent sur la capacité réelle de Nimba Mining à succéder à la GAC dans l’immédiat.

Il faut rappeler que la GAC employait plus de 3 200 personnes, exportait 12 millions de tonnes de bauxite par an et versait environ 60 millions d’euros par an au Trésor guinéen, selon les sources de RFI.

Une opération risquée pour l’économie guinéenne ?

Pour l’instant, les capacités opérationnelles, les ressources techniques et même les membres du conseil d’administration de Nimba Mining Company sont inconnus. Le seul élément disponible en ligne est une page Wikipédia, qui reprend le contenu du décret présidentiel, et qualifie déjà la nouvelle entité comme « l’une des principales entreprises de Guinée » sans plus de précisions.

Si la démarche d’industrialisation nationale est saluée, l’opacité qui entoure la création de cette société soulève de nombreuses interrogations. Depuis le coup d’État de septembre 2021, toute la politique minière du pays est pilotée directement depuis la présidence par un comité stratégique, dirigé par Djiba Diakité, directeur de cabinet et proche du général Doumbouya.

Ce que perd Emirates Global Aluminium avec la Guinée

Coup dur pour l’entreprise émirienne EGA et sa filiale guinéenne GAC. Le groupe, spécialisé dans la production d’alliages d’aluminium, dépend entièrement de la bauxite guinéenne pour faire tourner ses fonderies aux Émirats, grâce à une énergie abondante et peu coûteuse, comme le souligne un rapport publié au printemps par l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques (OSFME), en partenariat avec la DGRIS, Enerdata et Cassini Conseil.

Privée de son approvisionnement guinéen, EGA devra, une fois ses stocks épuisés, se tourner vers le marché mondial à des conditions moins avantageuses. Un risque de perte de compétitivité, qui pourrait se répercuter sur ses clients, en particulier les États-Unis, gros acheteurs d’aluminium de qualité militaire.

rfi

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici