Notre confrère Facely Konaté, journaliste investigateur, basé à N’Zérekoré, a publié les dernières évolutions du drame enregistré le dimanche 1er décembre au stade 3 avril sur sa page X.
Ci- dessous, son compte rendu.
Un deuil national de trois jours a été décrété en Guinée suite au drame survenu dimanche au stade du 3 avril de N’zérékoré, en marge d’un tournoi de soutien à la junte. Quarante-huit heures après cette tragédie, on assiste désormais à une guerre de chiffres. Lundi, le gouvernement a fait état de 56 morts et de plusieurs blessés. Un peu plus tard dans la soirée, le Conseil supérieur de la diaspora forestière (CSDF), à travers une déclaration, estimait le bilan à environ 300 morts. Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi matin, le Collectif des organisations de défense des droits humains de la Guinée forestière a évalué le nombre de victimes à 135, principalement des enfants de moins de 18 ans.
Le Collectif dit avoir collecté les informations à l’hôpital régional de N’zérékoré, auprès des supporters présents au stade, des chefs de quartiers (concernant les enterrements dans les cimetières), dans les mosquées et les églises, et auprès des parents des victimes.
Cette organisation, composée notamment de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme (OGDH), Avocats sans frontières (ASF) et Mêmes droits pour tous (MDT), pointe du doigt, entre autres, le mauvais arbitrage, le souci des forces de défense et de sécurité de protéger les autorités administratives et non les citoyens en débandade, et l’usage excessif de gaz lacrymogène dans un endroit clos. De plus, on ajoute que les voitures des autorités administratives et autres usagers ont percuté des citoyens en quête de sécurité. La mauvaise sécurisation et l’obstruction de la porte du stade par les véhicules des forces de défense et de sécurité, ainsi que le nombre élevé de supporteurs au-delà de la capacité d’accueil du stade, ont aussi été évoqués comme causes de ce drame.
Le CNRD, accusé d’être l’un des responsables
Pour les organisations de défense des droits humains de la Guinée forestière, « l’Alliance des jeunes leaders de la forêt, en complicité avec le CNRD [la junte au pouvoir], qui a apporté son appui technique et financier à l’organisation de ce tournoi », est responsable de ce qui s’est passé.
Par conséquent, elles demandent l’interpellation immédiate des organisateurs du tournoi, conformément aux dispositions du code pénal, et l’ouverture d’une enquête sans délai par le Procureur de la République près du Tribunal de Première Instance de N’Zérékoré contre les organisateurs et leurs complices pour situer leurs responsabilités. Il est également fait appel aux familles des victimes pour qu’elles se constituent en association des victimes du stade du 3 avril, afin de porter plainte contre les auteurs principaux et leurs complices devant les institutions judiciaires compétentes aux niveaux national et international.