Habib Marouane Camara : 8 mois de silence, RSF saisit l’ONU

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La Guinée est toujours sans nouvelle du journaliste Habib Marouane Camara. Voilà bientôt huit mois que le responsable du site d’information Le Révélateur 224 a été enlevé en pleine rue en banlieue de Conakry par des gendarmes, selon plusieurs témoins.

En début de semaine, Reporters Sans Frontières a décidé de saisir les Nations unies et son Groupe de travail sur les disparitions forcées, qui avait déjà exprimé aux autorités guinéennes par le passé (octobre 2024) son « inquiétude croissante » sur les kidnappings à répétition en Guinée.

Le 3 décembre 2024, Habib Marouane Camara se rendait à un rendez-vous avec le célèbre homme d’affaires Kerfalla Person Camara dit KPC, lorsqu’un barrage de gendarmes arrête son véhicule, casse le pare-brise, avant d’en extraire de force le reporter et le conduire vers une destination inconnue. Depuis, ni la justice ni le gouvernement guinéen n’ont communiqué sur l’évolution des recherches.

Jeanne Lagarde, chargée de plaidoyer à RSF, suit ce dossier de près. Elle explique au micro de Sidy Yansané, de la rédaction Afrique de RFI, pourquoi l’organisation a décidé de saisir le groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées. « On était déjà passé par plusieurs instances. On avait essayé de saisir la Commission africaine des Droits de l’homme et des peuples, la CADHP, à deux reprises, qui avait elle-même interpellé les autorités guinéennes, mais sans nouvelles depuis. Donc, face à cette inaction, on a décidé effectivement de saisir le Groupe de travail des Nations unies pour avoir plus de nouvelles, essayer en tout cas de montrer notre détermination, faire en sorte que ce groupe de travail enquête un peu plus et puisse à terme faire sortir les autorités de leur silence. Ce groupe a été aussi saisi sur les disparitions forcées des deux autres activistes en juillet dernier, Foniké Mengué et Billo Bah. On a vu qu’ils ont publié une lettre pour poser des questions, faire vivre ces cas. C’est une des raisons pour lesquelles ce groupe a été saisi effectivement, dans l’espoir que qu’une enquête soit ouverte et que tout soit mis en œuvre pour obtenir des informations sur son sort. »

Dans une déclaration en octobre 2024, le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées et la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples ont témoigné de leurs « craintes grandissantes » sur les risques de torture, de mauvais traitements et même d’exécutions extrajudiciaires que pourraient subir Foniké Mengué et Billo Bah, et appelé à leur libération.

Et nous l’avons appris mardi 15 juillet au soir, le directeur général du quotidien national Horoya, Ibrahima Kone, et l’administrateur du site RTGGuinee.info, Daouda Taban Sylla, ont été interpellés par la gendarmerie guinéenne. Les deux journalistes de médias d’État se voient reprochés la diffusion d’un projet de Constitution différent de la version officielle.

rfi

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