Ce vendredi 31 mai se tient la journée mondiale de la prévention contre le tabac, qui tue chaque année près de six millions de personnes dans le monde, 75 000 rien qu’en France. Le tabac chez les jeunes est aussi une réalité, dit l’OMS, il concerne 37 millions d’enfants dans le monde, entre 13 et 15 ans. Et de plus en plus, la cigarette électronique l’emporte sur la cigarette classique.
De plus en plus chez les jeunes, la cigarette électronique l’emporte sur la cigarette classique. Le problème est qu’elle est plus vendue comme un bonbon que comme un produit nocif pour la santé.
L’OMS a mené une enquête auprès d’adolescents de 15 ans en Europe. Verdict : 20% d’entre eux disent avoir vapoté au moins une fois lors du dernier mois. À l’échelle mondiale, il y aurait désormais plus de mineurs que d’adultes qui utilisent la cigarette électronique. Ce n’est pas une surprise pour le Dr Ruediger Krech, rapporte notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche.
Le responsable de la lutte anti-tabac à l’OMS dénonce les stratégies scandaleuses des cigarettiers pour attirer les enfants : « Les industriels donnent des échantillons gratuits à des enfants lors d’événements sportifs et de concerts. Ils paient des influenceurs. Ils font du placement de produits sur les services de streaming. Ils ont des partenariats avec des services de livraison de repas pour que vous puissiez recevoir vos cigarettes électroniques directement chez vous. Il y a plus de 16 000 arômes sur le marché, comme bubble gum, glace vanille, cookie…
Ces arômes sont destinés aux enfants. Nous demandons aux gouvernements de les interdire », dénonce le docteur.
La cigarette électronique, mais aussi les pouches, le snus… Tous ces produits à base de tabac ou de nicotine sont souvent vendus dans des emballages aux couleurs vives qui font plus penser à un soda ou à un paquet de bonbons.
Le problème, c’est que vapoter n’aide pas toujours à arrêter de fumer. En tout cas, ce n’est pas la majorité des cas selon l’OMS. Pour les non-fumeurs, l’utilisation de la cigarette électronique multiplierait même par trois le risque de fumer des cigarettes conventionnelles.
Les Français inégaux face au tabac
Douze millions de fumeurs quotidiens en France selon les données de Santé Publique France basée sur une étude de 2022 : le chiffre ne bouge presque pas. Ce qui ne change pas non plus, c’est que près de 60% des fumeurs quotidiens voudraient perdre cette habitude.
Le portrait du fumeur français – à très gros traits -, dressé par le baromètre de l’organisme de santé à l’occasion de cette journée mondiale sans tabac, c’est un homme, dont le diplôme est plutôt inférieur ou égal au baccalauréat, et dont les revenus sont parmi les plus bas. Les chômeurs fument plus que les actifs occupés ou les étudiants.
Toutefois, chez les femmes de 18-75 ans, le tabagisme quotidien a augmenté entre 2019 et 2021, passant de 20,7% à 23%, précise Santé Publique France. « L’augmentation du tabagisme parmi les femmes et parmi les moins diplômés pourrait être liée en partie à un impact plus fort de la crise liée à la COVID-19 chez ces populations, avec une utilisation de la cigarette comme outil de gestion du stress, notamment liée à une augmentation de la charge mentale et une dégradation des conditions de travail chez les femmes », explique-t-il.
C’est dans la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et en Occitanie que l’on fume le plus. En Ile-de-France et en Centre-Val de Loire, la consommation diminue pour les hommes et les femmes. Des écarts qui pourraient être culturels et tenir à l’image du tabac, ou bien dus à des raisons socio-économiques, par exemple liés à la possibilité d’acheter du tabac moins cher dans un pays voisin. L’on fume le moins en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe.
Savoir où trouver les fumeurs et comment les cibler pour les aider à arrêter est capital. Selon l’Observatoire social des drogues et des tendances addictives, le coût social du tabac est de 156 milliards d’euros par an.
rfi