La lèpre est une maladie extrêmement stigmatisante, invalidante et contagieuse, qui a longtemps rimé avec exclusion de la société. Bien que parfaitement traitable, elle existe toujours dans quatorze pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Deux pays du continent font partie des six nations les plus touchées au monde.
Une bactérie qui suit les armées d’invasion
La lèpre existe depuis la nuit des temps. Probablement apparue en Inde, elle s’est accrochée aux guerriers de Darius et d’Alexandre le Grand pour quitter la Chine, le Japon, et coloniser les continents les uns après les autres. Les grandes invasions ont été son véhicule de prédilection. Avec Alexandre, elle est arrivée au Proche-Orient et en Egypte. De là, elle a pu s’attaquer à l’Afrique.
Via les croisés, elle est entrée en Europe qu’elle a conquise petit à petit. Depuis lors, elle est présente dans le monde entier. Seule la création de léproseries, où les malades se trouvaient isolés du reste de la population, a permis de la faire reculer drastiquement en Europe.
La maladie prend tout son temps
L’affection se transmet au contact de gouttelettes nasales. Toucher ces petites projections suffit à propager la bactérie. Le temps d’incubation de la maladie varie de 5 à 20 ans. Elle se révèle par l’apparition de taches cutanées accompagnées d’une insensibilté de la zone concernée. Jusqu’à la moitié du XXe siècle, avoir la maladie rimait avec bannissement de la famille et exclusion définitive de la société. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la lèpre, loin d’avoir disparu, a concerné 210 000 nouveaux cas dans le monde en 2017. Une personne est touchée toutes les deux minutes par l’infection, dont 20% d’enfants de moins de 15 ans. On compte encore près de trois millions de lépreux, 20 à 30% avec des infirmités lourdes ou des mutilations.
Enfant malagache de deux ans, dont la mère est atteinte par la lèpre et dont le diagnostic demeure incertain malgré les taches pointées dans son dos. Marana (Madagascar), le 23 janvier 2018. (LAETITIA BEZAIN / DPA)
Enfant malagache de deux ans, dont la mère est atteinte par la lèpre et dont le diagnostic demeure incertain malgré les taches pointées dans son dos. Marana (Madagascar), le 23 janvier 2018. (LAETITIA BEZAIN / DPA)
La lèpre en Afrique
Quatorze pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine sont touchés dans le monde. Plusieurs pays d’Afrique sont encore sévèrement atteints. Si le Sénégal a réussi à atteindre le seuil d’élimination de la lèpre, sans pour autant y parvenir complètement, la situation est bien plus préoccupante en République démocratique du Congo et au Mozambique. En effet, ils font partie des six pays qui comptent à eux seuls 83% de la prévalence mondiale et 88% des nouveaux cas annuels mondiaux.
La lèpre reste endémique dans de nombreux autres pays d’Afrique comme l’Angola, Madagascar, la République Centrafricaine, la Tanzanie et le Bénin.
Pourtant, un traitement combinant trois médicaments, appelé polychimiothérapie (PCT), rend la maladie soignable. Et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) met la PCT gratuitement à la disposition de toutes les personnes atteintes dans le monde. Mais encore faut-il que les patients soient identifiés et aient accès au traitement.
francetv