La Soguipah mise en cause par Amnesty International pour des abus envers les droits des travailleurs

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Amnesty International a publié un nouveau rapport accablant, intitulé « Des salaires à en pleurer : atteintes aux droits des travailleurs liées aux activités de la Soguipah en Guinée », qui met en lumière des abus généralisés des droits humains à l’encontre des travailleurs et des petits exploitants affiliés à la Société guinéenne de palmiers à huile et d’hévéas (Soguipah), une entreprise d’État.

L’organisation de défense des droits humains exhorte les autorités guinéennes à garantir immédiatement les droits de ces travailleurs et à diligenter une enquête sur les violations, notamment en ce qui concerne le droit à un travail décent.

Le rapport révèle que les employés des plantations et de l’usine de la Soguipah, située dans la région de Nzérékoré, à Diécké et ses environs, ont été payés bien en deçà du salaire minimum légal national et n’ont pas bénéficié d’équipements de protection adéquats.

En 2024, la Soguipah, détenue à 100% par l’État, employait plus de 4 000 personnes et comptait 6 801 planteurs affiliés. Cependant, les fiches de paie consultées par Amnesty International pour la période 2022 à 2025 montrent une situation alarmante. Sur 30 fiches de paie examinées, 29 révélaient un salaire de base inférieur au minimum légal de 550 000 francs guinéens (environ 55 euros) par mois.

Pire encore, en septembre 2025, le salaire de base le plus bas versé sur les 24 fiches de paie consultées était de 69 783 francs guinéens (environ 7 euros) pour 170 heures travaillées dans le mois.

« Quand tu vois le bulletin de paie de certaines personnes, ça donne envie de pleurer… [Le travailleur] va passer sa vie à rembourser ses dettes et prendre encore d’autres dettes », a témoigné un travailleur.

Ces faibles salaires, exacerbés par l’isolement de la sous-préfecture de Diécké, rendent difficile pour de nombreux employés de satisfaire leurs besoins essentiels tels que l’alimentation, le logement, la scolarisation des enfants et les soins de santé.

Le rapport dénonce également la manière dont la Soguipah a acheté le latex auprès des planteurs des exploitations familiales affiliées à des prix inférieurs à ceux du marché.

Marceau Sivieude, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a souligné l’incohérence entre les pratiques de l’entreprise et les promesses présidentielles : « Le président promettant depuis 2021 de faire de l’exploitation des ressources naturelles un levier pour le développement et l’amélioration des conditions de vie, les autorités devraient agir immédiatement pour garantir les droits humains de ces travailleurs et petits exploitants, conformément au Code du travail guinéen, à la nouvelle Constitution et à leurs obligations internationales en matière de droits humains. »

Amnesty International appelle désormais le gouvernement guinéen à prendre des mesures immédiates pour enquêter sur ces abus et garantir le respect des droits des travailleurs et des planteurs de la Soguipah.

La rédaction

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