Le serment de la transition : les conséquences du non-respect des engagements en Guinée ( Tribune )

0
63

Dans les sociétés africaines, et plus particulièrement en Guinée, la parole donnée par un chef revêt une valeur sacrée, une force qui dépasse celle des lois formelles.

 

 

Les valeurs culturelles placent le serment au centre de la dignité et de la confiance accordées à ceux qui nous dirigent. Dans ce contexte, le serment du général Mamadi Doumbouya, président de la transition, à respecter et faire respecter les dispositions de la Charte de la transition guinéenne a suscité espoir et adhésion au sein de la population.

 

 

Pourtant, à l’aube de récentes déclarations des hautes autorités annonçant une possible candidature du général Doumbouya, une question cruciale se pose : quelles seront les conséquences du non-respect de cet engagement solennel ?

 

 

Un serment sacré, une responsabilité partagée

 

 

Le serment est une institution morale et politique qui, en Afrique, incarne l’autorité et la légitimité. Lorsqu’un chef prête serment, il s’engage devant son peuple à honorer des principes, à respecter des promesses, et à œuvrer pour l’intérêt général. Comme le disait Nelson Mandela : « Un dirigeant est comme un berger. Il reste derrière son troupeau, laissant les plus agiles aller devant, où ils montrent le chemin, et les autres les suivent, sans se rendre compte qu’ils sont dirigés par derrière. »

 

 

Le général Doumbouya, en prenant les rênes du pouvoir sous la bannière de la transition, avait promis de respecter les termes de la Charte de la transition, un document qui a servi de boussole pour guider le pays vers un retour à un ordre constitutionnel démocratique. Ce serment, vu comme un pacte sacré, a été un pilier de la confiance entre le peuple et ses dirigeants durant cette phase délicate de reconstruction politique.

 

 

La crise de confiance

 

 

L’éventualité d’une candidature du président de la transition pose un dilemme moral et politique. Si elle se confirme, cela pourrait être perçu comme une trahison du serment initial. Au-delà de la question légale, c’est une crise de confiance qui se profile. Le non-respect des engagements pris pourrait éroder la crédibilité des institutions de la transition et affaiblir la foi des citoyens dans le processus démocratique. Comme l’a affirmé Mahatma Gandhi : « Là où il y a promesse, il doit y avoir fidélité. »

 

 

Une telle décision pourrait être vue comme une confiscation de la transition, transformant un engagement temporaire en une aspiration personnelle à conserver le pouvoir. Cela pourrait alors réveiller les spectres d’une histoire politique marquée par des promesses non tenues et des ambitions autocratiques, ce qui saperait les efforts de réconciliation nationale.

 

 

Le risque d’instabilité politique

 

 

En violant la Charte de la transition, le risque est également d’ouvrir la voie à une instabilité politique accrue. Les transitions pacifiques reposent sur une alternance politique claire, accompagnée de garanties crédibles. Si ces principes sont remis en question, le pays pourrait connaître des tensions sociales et politiques, ravivant des divisions qui avaient été apaisées par l’engagement de la transition.

 

 

Les partis politiques, la société civile, et même les partenaires internationaux pourraient remettre en question la légitimité de ce processus, ce qui pourrait isoler la Guinée sur la scène internationale. Comme le soulignait Thomas Sankara : « Sans la dignité, il n’y a pas de liberté, et sans liberté, il n’y a pas de paix. »

 

 

La dignité et l’épanouissement du peuple

 

 

Renier un serment n’est pas seulement une violation juridique, c’est un acte qui porte atteinte à la dignité du peuple. Le respect des engagements pris par un dirigeant est fondamental pour l’épanouissement de la société. C’est en maintenant la crédibilité de ses leaders que le peuple peut espérer prospérer dans un environnement de stabilité, de justice et d’opportunités.

 

 

En bafouant ces principes, on ne piétine pas seulement un engagement, mais aussi le bien-être et l’avenir de millions de Guinéens. Martin Luther King Jr. a dit : « La véritable mesure d’un homme n’est pas son comportement dans les moments de confort, mais dans ceux de controverse et de défi. » Ce moment décisif pour la Guinée est justement l’occasion pour ses dirigeants de montrer la voie à suivre.

 

 

Une opportunité pour la réflexion et l’honneur

 

 

Le respect de la Charte de la transition et du serment prononcé offre une opportunité unique pour le général Mamadi Doumbouya de marquer l’histoire de son pays non seulement par ses actions de transition, mais aussi par son intégrité. En honorant ses engagements, il pourrait se distinguer comme un dirigeant qui place l’intérêt de la nation au-dessus de ses ambitions personnelles, en contribuant à forger une Guinée plus juste et plus démocratique. Comme le disait Kofi Annan : « Il est possible de s’élever, mais il est encore plus grand de s’élever en servant autrui. »

 

 

Conclusion

 

 

L’avenir de la transition en Guinée repose sur un choix fondamental : respecter la parole donnée et guider le pays vers un avenir démocratique, ou rompre cet engagement et risquer de replonger dans l’instabilité et la méfiance. Le serment du chef est un pacte sacré, et son respect est essentiel non seulement pour la crédibilité du leadership, mais aussi pour l’épanouissement et la dignité du peuple guinéen. Le moment est venu de montrer que les promesses faites à une nation ne sont pas de simples mots, mais des engagements à tenir.

 

 

A bon entendeur salut ! D’ici-là, merci de contribuer au débat.

 

Par El hadj Aziz Bah