Une vague d’arrestations sans précédent frappe le monde artistique malien. Selon plusieurs médias en ligne maliens, notamment maliweb.net, Mariam Bâ Lagaré, connue sous le nom scénique de « Dougouwili Mamou », figure adorée de la musique traditionnelle africaine du Mali, croupit actuellement dans les geôles de Bamako.
Cette artiste respectée a été placée sous mandat de dépôt le mardi 22 juillet 2025 par le Procureur du Pôle national anti-cybercriminalité, aux côtés de deux autres collègues, Babani Koné et Binguini Bakhaga.
Les accusations portées contre ces femmes « injures réciproques » et « atteinte aux mœurs » concernent des échanges sur les réseaux sociaux jugés inappropriés par les autorités.
Trois autres personnes, proches collaborateurs de ces artistes Founké Baki Camara, Mamba et Papa Symbo Ba ont également été placées sous mandat de dépôt dans la même affaire.
Le procureur Adama Coulibaly poursuit les auditions, laissant présager de nouvelles arrestations, selon nos confrères.
Le procès de ces figures du monde culturel malien est fixé au 4 septembre prochain, les contraignant à passer plus d’un mois en détention avant leur jugement. Cette affaire marque un tournant, car la justice malienne, selon nos confrères n’avait jamais procédé à de telles arrestations massives dans le milieu artistique.
Les griots, traditionnellement gardiens de la culture orale et médiateurs sociaux, se retrouvent pour la première fois visés par une telle répression inimaginable.
La solidarité dépasse les frontières. Depuis la Guinée, l’artiste Djelikaba Bintou Kouyaté, proche de Mariama Ba Lagaré, a publié un message de soutien sur Facebook : « En ces temps d’épreuve, je veux vous adresser toute ma force, et ma solidarité, nous ne vous oublions pas. L’histoire retiendra toujours ceux et celles qui se sont levés pour créer, penser, oser. »
En Guinée également, les internautes expriment massivement leur soutien et leur solidarité sur les réseaux sociaux à Mariam Bâ Lagaré qui compte de nombreux fans dans le pays.
L’opinion estime que les griots, gardiens de la mémoire collective, ne méritent pas un tel sort dans un pays comme le Mali où Soundiata Keïta protégeait et soutenait son griot Balla Fasseké.
Au Mali, Sidiki Diabaté a également pris la défense de Mariam Bâ Lagaré ce mercredi 23 juillet. « Elle a été notre lumière dans l’ombre, notre force dans les moments de faiblesse », déclare le musicien malien, lui-même ancien détenu des mêmes autorités.
L’affaire occupe toutes les conversations dans les grins de Bamako, les salons et sur les réseaux sociaux. Ces arrestations d’artistes respectés suscitent un émoi considérable dans une société où les griots occupent une place centrale depuis des siècles.
La répression visant ces gardiens de la tradition constitue un précédent inquiétant pour la liberté artistique au Mali et en Afrique de l’Ouest.
M. BARRY