Dans ces derniers temps, la Guinée connaît une prolifération des mouvements de soutien qui s’organisent autour di Général Mamadi Doumbouya et de son gouvernement. Un phénomène qui s’intensifie, à mesure que la transition politique se poursuit. Ces mouvements, au nombre croissant, posent la question de la sincérité des soutiens et de la véritable nature des motivations qui les sous-tendent. Qui sont ces groupes ? Quelles sont leurs ambitions réelles ? Et, surtout, le Général Mamadi Doumbouya et le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) ont-ils conscience de l’opportunisme qui se cache derrière certaines expressions de soutien ?
1. Les anciens soutiens d’Alpha Condé : des profiteurs naturellement engagés
La première catégorie de ces mouvements de soutien se compose des anciens partisans d’Alpha Condé, particulièrement ceux qui avaient milité pour son troisième mandat en 2020. Leur soutien à Doumbouya ne semble pas être guidé par un véritable projet politique, mais par une recherche de réhabilitation de leurs privilèges. Ceux-là étaient les bénéficiaires directs du système de patronage mis en place sous Alpha Condé, où les promotions, les marchés et les voyages étaient au cœur des avantages accordés à cette clientèle politique. Ces individus, souvent appelés « les profiteurs naturels », ne sont ni animés par une cause juste, ni porteurs d’une vision nouvelle. Leur soutien à Doumbouya est principalement stratégique : il s’agit de maintenir leurs positions et, le cas échéant, de se repositionner pour l’avenir. D’ailleurs, une fois le pouvoir de Doumbouya passé, ces mêmes personnes seront prêtes à soutenir un autre candidat, tout en dénigrant l’actuel président, comme elles l’ont fait pour leurs précédents alliés. Une constante dans leur comportement : ils ont toujours su profiter des situations pour se maintenir en poste et accroître leur influence.
2. Les directeurs et cadres du service public : un soutien sans conviction, mais par intérêt
La seconde catégorie regroupe des directeurs et autres cadres du service public. À l’instar des premiers, leur soutien n’est pas fondé sur une véritable conviction politique, mais sur la volonté de conserver leur position actuelle, voire d’obtenir un poste plus lucratif. Leur soutien à Doumbouya ressemble davantage à une manœuvre stratégique de « m’as-tu-vu », où l’objectif est d’être perçu comme fidèle aux autorités en place. Bien souvent, ces cadres se positionnent selon des considérations personnelles, et non sur des principes politiques ou moraux. Derrière leurs déclarations publiques de soutien, ils cachent une ambition de rester dans le cercle du pouvoir, quitte à changer d’allégeance si la situation le nécessite. Leurs « leaders naturels » sont ceux auxquels leurs familles et leurs communautés ont prêté allégeance pendant des années, non pas par une adhésion idéologique, mais par tradition et intérêt personnel. L’absence de sincérité dans leur soutien pourrait à terme fragiliser la cohésion de l’équipe gouvernementale.
3. Le troisième groupe : ceux qui veulent « manger leur part de gâteau »
Le troisième groupe se distingue des deux précédents par son absence de position claire dans le camp des soutiens traditionnels d’Alpha Condé ou de Doumbouya. Ce groupe est plus pragmatique et plus intéressé par le « gâteau » que par les idéologies ou les programmes politiques. Ces personnes ne cherchent qu’à s’insérer dans le système et à tirer profit des opportunités politiques ou économiques. Parmi eux, certains n’hésitent pas à se positionner en faveur du président actuel, non pas par conviction, mais par pur intérêt personnel. Cependant, il convient de noter que, parmi ce groupe, certains affichent un véritable respect pour le Général Mamadi Doumbouya et soutiennent sa vision de la Guinée, y voyant un espoir pour l’avenir du pays.
4. Les admirateurs des grandes réalisations infrastructures de Doumbouya
Il existe également une autre catégorie de guinéens, qui soutiennent le Général Doumbouya en raison des réalisations infrastructurelles impressionnantes qu’il a entreprises. Ces citoyens, souvent éloignés des centres de décision, sont dans toutes les communautés et régions du pays. Pour eux, le soutien au Président est une façon de reconnaître les progrès visibles réalisés, comme la modernisation des infrastructures et les efforts pour améliorer le quotidien des guinéens. Ce soutien est fondé sur des résultats tangibles, notamment les projets d’infrastructures qui ont, pour certains, amélioré l’accès aux services de base, comme l’eau, l’électricité, ou encore les routes. Ces partisans peuvent parfois être plus nombreux, mais leur fidélité reste fragile, car elle repose sur des attentes matérielles qui, si elles ne sont pas satisfaites, peuvent les faire basculer vers d’autres causes.
Dans ce contexte, le Général Mamadi Doumbouya et le CNRD doivent faire preuve d’une vigilance accrue face à l’opportunisme ambiant. L’histoire politique de la Guinée montre qu’il est facile de se laisser séduire par des soutiens qui, en réalité, n’ont d’autre ambition que de se maintenir dans un système de privilèges. Le danger réside dans le fait que ces individus, en quête de « gâteau », peuvent détourner les réformes ou les intentions sincères du gouvernement en fonction de leurs propres intérêts. Doumbouya doit être en mesure de discerner les véritables alliés de ceux qui cherchent seulement à « manger leur part ».
Au-delà des groupes d’opportunistes, il est essentiel pour le président de ne pas négliger la voix de la base populaire, celle des guinéens qui, sans intérêts personnels ou calculs politiques, disent ce qu’ils pensent et expriment leurs attentes sans fard. C’est ce groupe, souvent composé de citoyens modestes et de jeunes, qui porte les véritables aspirations du peuple. Doumbouya doit prendre en compte leurs avis sincères et éviter de se laisser influencer par les opportunistes à l’affût de gains immédiats. L’unité nationale, la justice sociale et la paix ne se bâtiront pas avec des calculs de pouvoir, mais avec une écoute attentive des préoccupations profondes du peuple.
En définitive, la prolifération des mouvements de soutien en faveur du Général Mamadi Doumbouya met en lumière une réalité politique complexe. Le soutien ne doit pas être perçu comme un simple affichage de loyauté, mais comme un véritable engagement pour le bien-être de la Guinée. La transition doit être marquée par une gouvernance transparente, et non par des arrangements personnels ou des intérêts égoïstes. La Guinée a besoin d’une véritable réforme politique, qui inclut un examen minutieux des motivations de ses acteurs et une vigilance face aux opportunistes qui risquent de dénaturer l’élan du gouvernement.
Don Mike Fofana
