Suspension de l’UFDG, du RPG et du PRP : entre responsabilités des partis et manquements de l’État

0
12

La récente décision du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation de suspendre pour 90 jours l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), le RPG Arc-en-ciel et le Parti du Renouveau et du Progrès (PRP) constitue un événement majeur dans le paysage politique guinéen. Selon la note officielle du ministre Ibrahima Kalil Condé, la suspension résulte de l’incapacité de ces partis à satisfaire les obligations prescrites dans le rapport d’évaluation et à se conformer aux exigences de la Charte des partis politiques.

D’un point de vue légal, il est indéniable que les partis politiques ont la responsabilité de respecter les textes et règlements en vigueur. Le non-respect des obligations administratives et financières et la mauvaise gouvernance interne affaiblissent la crédibilité des partis et contribuent à fragiliser le système démocratique. En ne se mettant pas en règle dans les délais impartis, ces formations politiques montrent une incapacité à garantir la transparence et la discipline nécessaire à un fonctionnement démocratique exemplaire.

Cependant, l’État n’est pas exempt de critiques. La suspension des partis soulève des questions sur la transparence et l’équité dans l’application des règles. Une communication plus claire sur les motifs précis de la sanction et une uniformité dans le traitement de tous les partis sont indispensables pour éviter toute impression de partialité ou de sélectivité. En restreignant temporairement l’activité de partis majeurs, l’État risque d’affaiblir la confiance des citoyens et de limiter le pluralisme politique, essentiel à une démocratie saine.

Ainsi, cette situation illustre un double problème : d’une part, des partis politiques qui peinent à respecter les règles et à organiser leur gouvernance interne de manière transparente ; d’autre part, un ministère qui, tout en faisant respecter la loi, pourrait améliorer sa communication, sa transparence et sa méthode de contrôle. L’un comme l’autre jouent un rôle déterminant dans la perception qu’ont les citoyens de l’équité et de la fiabilité du processus politique.

En tant qu’acteur de la société civile, il est crucial de souligner que la démocratie ne peut se limiter à la simple sanction des manquements. Elle doit reposer sur la participation équitable de tous, le respect des règles et la responsabilisation des acteurs. Les partis doivent renforcer leurs mécanismes internes, garantir une gouvernance transparente et veiller à la conformité avec la loi. Simultanément, l’État doit appliquer les règles de manière claire, prévisible et équitable, afin de protéger le pluralisme et la confiance citoyenne.

En conclusion, la suspension de l’UFDG, du RPG et du PRP met en lumière une responsabilité partagée. La consolidation de la démocratie guinéenne exige que les partis politiques améliorent leur gouvernance et leur conformité, et que l’État renforce la transparence et l’équité dans ses décisions. La société civile, de son côté, doit continuer à observer, sensibiliser et encourager des pratiques démocratiques qui servent l’intérêt général.

 Mamadou Diouldé Sow Activiste de la société civile

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici