Guinée : un journaliste interpellé pendant un reportage sur Sekou Touré

0
191

Un journaliste de France 24 a été arrêté dimanche en Guinée, avant d’être libéré, à l’occasion d’un reportage sur les exactions du régime de Sekou Touré, a appris Mondafrique auprès de l’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB).

Simon Désiré Aimé Martin, pourtant accrédité, a été interpellé avec  Ahmadou Tounkara, le chargé de communication de l’AVCB alors qu’ils se trouvaient au pont du 8 novembre, à Conakry, où ont été pendues, le 25 janvier 1971, quatre hautes personnalités guinéennes. Les deux hommes venaient de visiter le charnier de Nongo, où l’on estime que 90 opposants du premier Président guinéen ont été exécutés le même jour de janvier 1971, au pic de la violence politique du régime.

Selon Amnesty International, 50 000 personnes au total auraient péri au camp Boiro, exécutées ou des suites de tortures et de privation d’eau et de nourriture. L’AVCB, elle, a identifié 2500 victimes.

Les familles réunies au sein de l’AVCB ne parviennent pas à faire progresser leurs revendications mémorielles, malgré les promesses des régimes successifs. L’association demande l’ouverture des fosses communes en vue de pouvoir procéder à des inhumations. Elle a également tout récemment contesté en justice la décision de baptiser l’aéroport international de Conakry du nom du premier Président guinéen.

Faire face au passé douloureux – ce que la transition militaire a entrepris à travers le procès fleuve du massacre du stade du 28 septembre 2009 – est une nécessité pour réconcilier le pays, plaide l’AVCB. Mais l’actuel homme fort de la Guinée, Mamadi Doumbouya, né en 1980, semble pourtant plutôt tenté de réhabiliter son prédécesseur contesté, qui a dirigé le pays de 1958 à sa mort en 1984.

S’inscrivant dans la geste héroïque de Samory Touré, Sékou Touré fut une figure éminente des luttes anticoloniales en Afrique de l’Ouest avant de gouverner dans un climat de complot permanent et au prix d’une répression très dure contre les ennemis supposés du régime. A sa mort, il laisse un pays ruiné et terrifié.

In mondafrique com