Enlèvement de Me Mohamed Traoré : Le silence gouvernemental rompu, mais des questions persistent

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L’enlèvement et la torture de Me Mohamed Traoré, ancien Bâtonnier, ont provoqué une vive émotion en Guinée. Près d’une semaine de silence pesant s’est écoulée avant que le gouvernement guinéen ne se manifeste enfin. Le Premier ministre Bah Oury a choisi le journal télévisé national de 20 heures 30 mn, ce jeudi soir, pour s’exprimer, marquant l’aboutissement d’une attente anxiogène pour la victime, ses proches et l’ensemble de l’opinion publique.

L’intervention du Premier ministre s’est voulu empreint de fermeté, adressant un avertissement aux « nostalgiques d’une période antérieure ».

Il a fermement condamné un acte qui, selon lui, « n’honore pas la République et ternit l’image des autorités ». Cette prise de parole, bien que tardive, témoigne d’une reconnaissance officielle de la gravité des faits.

Bah Oury a exprimé la « profonde tristesse » du gouvernement et du Président de la République, insistant sur le fait que l’agression de Me Traoré n’était pas seulement une attaque personnelle, mais une véritable « poignardée » portée à la République elle-même.

« Des actes de ce genre, » a-t-il affirmé, « ont pour objet de ternir l’image de la République de Guinée et l’image des autorités, et principalement l’image du président de la République sur la scène nationale et internationale. »

Il a réitéré l’engagement du gouvernement pour l’apaisement et la paix, citant les initiatives du Général Mamadi Doumbouya telles que les assises nationales et le dialogue interguinéen.

Pourtant, cette déclaration, aussi ferme soit-elle, ne peut effacer la persistance d’une ombre sinistre planant sur la sécurité des citoyens guinéens.

L’incident de Me Traoré s’inscrit, en effet, dans une série d’événements inquiétants.

Le 19 février dernier, l’activiste Abdoul Sako a connu un sort similaire : enlevé, torturé, et à ce jour, les présumés commanditaires n’ont toujours pas été identifiés ni traduits en justice. Cette incapacité récurrente à élucider de tels crimes et à en sanctionner les auteurs soulève de sérieuses questions sur l’efficacité des mécanismes de protection et de justice. L’impunité, si elle perdure, risque d’encourager la répétition de ces actes barbares.

Le Premier ministre a insisté sur l’importance de préserver la « relative accalmie » que connaît le pays, fruit des condamnations systématiques de la violence.

Il a martelé que le gouvernement « ne saurait tolérer des actes de violence de cette nature qui porte atteinte à l’honorabilité de la République de Guinée. »

Si les paroles de Bah Oury sont un jalon important pour condamner l’inacceptable, c’est la rapidité et l’efficacité de l’enquête qui détermineront la véritable portée de cette déclaration.

L’attente du gouvernement avant de réagir est un signal qui ne peut être ignoré. La crédibilité de l’État de droit en Guinée dépendra de sa capacité à rompre ce cycle de violences impunies et à garantir, sans tarder, la sécurité de tous ses citoyens.

La rédaction 

 

 

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