Accueil POLITIQUE Présidentielle 2025 : Doumbouya face à 8 challengers, deux ténors écartés
La Cour suprême de Guinée a publié ce vendredi la liste provisoire des candidats autorisés à briguer la magistrature suprême lors de l’élection présidentielle prévue le 28 décembre 2025. Sur les 51 dossiers de candidature examinés, seuls 9 postulants ont satisfait aux exigences constitutionnelles et légales, notamment celles prévues par l’article 45 de la Constitution et les articles 127 et 129 du Code électoral.
Tous les candidats retenus ont été certifiés en bonne santé physique et mentale, condition sine qua non pour prétendre à la présidence de la République. Cette liste provisoire marque le coup d’envoi officiel d’une campagne électorale qui s’annonce déterminante pour l’avenir politique de la Guinée.
La liste officielle comprend des figures familières de la scène politique guinéenne ainsi que de nouveaux visages.
Parmi eux, Abdoulaye Yéro Baldé, consultant et président du Front démocratique de Guinée (Frondeg), fait son entrée dans la compétition présidentielle. Ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique sous Alpha Condé, il avait démissionné de son poste en 2020 pour marquer son opposition au projet de troisième mandat présidentiel.
Makalé Camara, magistrate et candidate du Front pour l’alliance nationale (FAN), devient la seule femme en lice pour cette élection, marquant ainsi une présence féminine historique dans cette course.
Ibrahima Abé Sylla, leader de la Nouvelle génération pour la République (NGR), figure pour la troisième fois sur une liste présidentielle après ses participations aux scrutins de 2010 et 2020. Né en 1951, ce vétéran de 74 ans a également été ministre de l’Énergie sous Mamadi Doumbouya avant de se lancer dans cette nouvelle aventure présidentielle face à une concurrence renouvelée.
Faya Lansana Millimouno, candidat du Bloc Libéral, revient également dans l’arène présidentielle. Déjà candidat en 2015 où il avait obtenu 0,3 % des suffrages, cet opposant de longue date espère améliorer son score face à un contexte politique différent.
Abdoulaye Kourouma, du Rassemblement pour la renaissance et le développement (RRD), et Mohamed Nabé, candidat indépendant, complètent cette liste.
Elhadj Bouna Keïta, président du Rassemblement pour une Guinée prospère (RGP), tente à nouveau sa chance après sa participation officielle en 2010 où il n’avait recueilli que 0,08 % des voix au premier tour. Sa campagne avait été particulièrement suivie à l’époque en raison de ses difficultés d’expression en langue française qui avaient suscité l’attention médiatique et publique.
Le général Mamadi Doumbouya, actuel président de la transition et chef de la junte au pouvoir depuis le coup d’État de septembre 2021, se présente comme candidat indépendant. Sa candidature, attendue mais controversée, cristallise les débats sur la transition démocratique en Guinée.
Enfin, Mohamed Chérif Tounkara, également candidat indépendant, complète ce groupe de neuf prétendants à la présidence.
La Cour suprême a déclaré irrecevables les candidatures de deux figures politiques expérimentées : Lansana Kouyaté et Ousmane Kaba. Ces deux anciens candidats présidentiels, qui avaient marqué les scrutins précédents, ne verront pas leurs noms sur les bulletins de vote du 28 décembre.
Lansana Kouyaté, leader du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN), avait été l’un des principaux challengers d’Alpha Condé lors de la présidentielle de juin 2010. Ancien Premier ministre sous Lansana Conté, il avait été éliminé dès le premier tour mais avait enregistré un score honorable. Son éviction de la course 2025 constitue un coup dur pour son parti et ses partisans.
Ousmane Kaba, président du Parti des démocrates pour l’espoir (PADES), avait également participé aux élections de 2010 et 2020. Figure respectée de l’opposition, son exclusion soulève des interrogations dans les milieux politiques.
Les motifs du rejet de ces deux candidatures ont été révélés par la Cour suprême. Leurs dossiers présentaient des irrégularités qui ne répondaient pas aux exigences légales et constitutionnelles requises pour la validation de leur candidature.
Cette élection présidentielle intervient dans un contexte particulier, marqué par plus de quatre années de transition militaire depuis le renversement d’Alpha Condé. La communauté internationale, notamment la CEDEAO, observe attentivement le processus électoral guinéen, espérant un retour effectif à l’ordre constitutionnel.
Les candidats disposent désormais d’un délai légal pour contester éventuellement cette liste provisoire avant sa validation définitive. La campagne électorale officielle devrait débuter dans les prochaines semaines, offrant aux neuf candidats retenus l’opportunité de présenter leurs programmes et de convaincre les électeurs guinéens.
Le scrutin du 28 décembre 2025 déterminera qui succédera à Mamadi Doumbouya à la tête de l’État guinéen, dans un climat politique où les attentes démocratiques du peuple sont immenses.
Sékou Sylla