DISCOURS DE MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE, CHEF DU GOUVERNEMENT, AMADOU OURY BAH, A LA 4E CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT (FFD4)
Séville, Espagne
– S.E. Pedro Sánchez Pérez-Castejón, Président du Gouvernement d’Espagne
– S.E. M António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies,
– Excellences Mesdames et Messieurs,
Nous saluons le choix de Séville, au cœur de l’Espagne, symbole des relations euro-africaines et du métissage culturel, pour abriter la 4ᵉ Conférence des Nations Unies sur le financement du développement.
Au nom de Son Excellence le Général d’Armée Mamadi Doumbouya,
Président de la République de Guinée, Chef de l’État, je tiens à saluer la tenue de cette conférence majeure, organisée dans un esprit de responsabilité collective à un moment de tensions profondes, d’urgences croisées et de promesses fragilisées.
Alors que le déficit mondial de financement du développement se creuse dangereusement, nous devons redéfinir la solidarité internationale non pas comme un principe moral abstrait, mais comme une condition pragmatique de survie partagée.
Le monde ne pourra faire face aux risques systémiques qui s’accumulent, qu’il s’agisse du climat, de la dette, des conflits armés, de la sécurité alimentaire ou encore des fractures numériques, qu’en renouvelant profondément les bases du multilatéralisme, en particulier financier.
Notre région est déjà le symbole vivant de ce qui pourrait advenir si la solidarité tarde à se manifester. En effet, la crise sahélienne illustre les risques, à l’échelle de la planète, des méfaits du changement climatique.
La République de Guinée, pays en transformation, riche de ressources naturelles mais vulnérable aux chocs climatiques, économiques et géopolitiques, porte une voix singulière et légitime dans ce débat. Nous sommes confrontés à une équation complexe : répondre à des besoins sociaux urgents, tout en assurant une transition économique compatible avec les objectifs mondiaux, en particulier ceux climatiques et économiques.
C’est pourquoi nous appelons à des instruments de financement différenciés, qui tiennent compte des réalités spécifiques des pays comme le nôtre. Une aide au développement qui ignore les efforts d’investissement vert ou les contraintes de vulnérabilité climatique n’est ni juste, ni inclusive, encore moins efficace.
La République de Guinée a engagé une transformation profonde de son économie, en mobilisant des leviers nationaux, mais aussi en s’ouvrant à l’innovation financière, aux partenariats stratégiques, et à des réformes courageuses dans la gouvernance des ressources publiques. Le Programme Simandou, à travers lequel nous articulons notre stratégie de diversification et de souveraineté productive, symbolise cette nouvelle ambition. Il ne s’agit pas seulement de bâtir une économie plus robuste, mais de fonder un modèle endogène et durable, capable de créer des emplois, de générer des chaînes de valeur et de garantir l’accès aux services essentiels.
Dans cette dynamique de transformation, la République de Guinée poursuit ses efforts pour préserver et valoriser son patrimoine naturel, porteur d’enjeux écologiques, économiques et humains majeurs pour la région. L’initiative d’inscrire le Massif du Fouta Djallon au patrimoine mondial de l’UNESCO s’inscrit dans cette vision, qui lie développement durable et coopération transfrontalière. Elle traduit également notre volonté de renforcer la solidarité régionale, notamment envers les pays enclavés du continent. Fidèle à son histoire d’ouverture et d’engagement aux côtés de ses voisins, la Guinée réaffirme sa disponibilité à soutenir les dynamiques d’intégration, en mettant à contribution son territoire, ses infrastructures et ses ressources au service du bien commun régional.
À Séville, nous devons aller au-delà des intentions. Nous appelons à une réforme effective de l’architecture financière internationale, à un mécanisme équitable de traitement de la dette, à une coopération fiscale mondiale qui ne marginalise plus les pays du Sud, et à une approche réellement partenariale du financement du climat et du développement. La création de nouveaux guichets, la valorisation des efforts nationaux, et l’accès à des ressources concessionnelles fondées sur des critères adaptés aux réalités contemporaines doivent devenir des priorités.
La République de Guinée ne vient pas demander un traitement d’exception, mais une reconnaissance équitable des efforts engagés et des droits de chaque peuple à tracer sa voie vers la prospérité. Que la Plateforme de Séville ne soit pas seulement un document de plus, mais un tournant concret dans la manière dont nous décidons, ensemble, de financer l’avenir que nous prétendons vouloir bâtir.
Je vous remercie.