Guinée: un sujet du baccalauréat réducteur du continent africain.

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Le sujet du baccalauréat unique de cette année en français , profil SM/SE est un sujet réducteur du continent africain et calqué des schémas coloniaux.

Il s’agit de cette épreuve de français :« selon un observateur, l’Afrique est une chance pour l’occident, parce qu’elle dispose d’un patrimoine naturel et varié, malheureusement très peu exploité. En t’inspirant des problèmes de l’Afrique contemporaine, démontre la véracité de ces propos ».

Un sujet qui met à nu les insuffisances de l’éducation nationale, mais aussi et surtout le manque de maturité et le degré d’aliénation de la classe gouvernante guinéenne.

Une situation compréhensible car le pouvoir militaire guinéen est composé de satrapes qui n’arrivent pas à se libérer de l’emprise spectrale du maître.

Pour les actuels tenants du pouvoir en Guinée, même quand on pense combattre le néocolonialisme, il reste le modèle.

À défaut, comment expliquer que des cadres, des éducateurs, censés générer en leur sein des lumières, ces intellectuels qui vont éclairer le peuple peuvent proposer des sujets réducteurs, calqués des schémas coloniaux?

Ceux qui ont proposé ce sujet sont des commis subalternes, des aliénés diplômés,alliés du système néocolonialiste dénommé françafrique.

Ce genre de sujet démontre que nous avons à la tête de l’éducation nationale guinéenne des cadres prêts à perpétuer la domination du maître.

Car on ne peut en aucun cas démontrer la véracité d’un tel sujet à caractère néocolonialiste.

C’est un sujet qui fait croire à l’africain qu’il n’a pas puissance de son destin et que son salut ne se trouve pas en Afrique mais c’est plutôt en laissant l’Occident disposer de ses matières premières, les exploiter pour faire fonctionner son industrie, et garantir le bien être des occidentaux, en même temps enrichir une poignée d’aliénés diplômés au service du système monde.

On présente l’Occident sous une apparence de bienfaisance humanitaire. Et en réalité derrière cette façade se cache une domination persistante, particulièrement sur le plan de la langue et de l’éducation.

Et puisque l’éducation d’une population est étroitement liée à son identité, c’est bien évidemment l’identité des peuples de Guinée qui à travers un tel système éducationnel aliéné est affectée par le néocolonialisme.

À travers de tels sujets, la classe gouvernante guinéenne aliénée présente les africains comme des victimes passives de la pauvreté. L’Occident est par contre présenté et perçu comme le sauveur qui nous vient gracieusement en aide.

Non seulement ce genre de sujet dissimule une supériorité de l’occident admise par l’élite guinéenne, et par conséquent, on incite ainsi la jeunesse guinéenne à se sentir inférieure et dépendante de l’Occident pour assurer le bien-être de celui-ci.

Or dans quelle page de l’histoire avons-nous vu le dominant panser les plaies du dominé ?

Mieux, comment peut-on croire que l’Occident qui assure depuis plus de quatre siècles sa survie à travers l’exploitation des ressources minières et énergétiques du continent, la domination des peuples africains, son soutien aux pouvoirs despotiques, aux conflits, son soutien à une élite aliénée, corrompue, antidémocratique, médiocre, peut être une chance pour le continent africain?

Au bout du processus, on se rend compte que nous avons un enseignement aliénant qui fabrique des aliénés, alliés de l’Occident. Et l’intellectuel guinéen, figé dans les schémas coloniaux, ne joue pas son rôle de constructeur de la pensée.

L’État guinéen et les intellectuels veulent nous imposer une société aliénée, sans pensée propre, sans identité, sans éducation.

Pourtant, les murs et les programmes scolaires ne font pas l’éducation. C’est le contenu de ces programmes qui la fait.

Les intellectuels sont censés créer ce contenu, former le peuple, le libérer de l’aliénation.

Mais dépourvus de conscience, les intellectuels guinéens sont depuis assis dans une paresse intellectuelle incompréhensible et suicidaire.

Ils ne savent pas que, bien plus que l’homme politique, ils sont comptables des insuffisances enregistrées au sein de l’enseignement.

Alors habituons nous désormais à ce genre de sujet réducteurs, calqués de schéma coloniaux, conséquence d’une éducation aliénée qui cautionne cette idée de l’Occident dénoncée par Césaire sur l’incapacité de l’Afrique à avoir puissance de son destin.

Aïssatou Chérif Baldé

African panorama magazine