Le Royaume des Bénis oui-oui : Une Terre de paradoxe et d’obéissance aveugle

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    Il était une fois, dans un royaume lointain, le royaume des Bénis Oui-Oui, un endroit où les rivières ne coulaient pas seulement en abondance, mais où elles dessinaient les frontières et les contours de chaque village. Ce royaume, riche de plus de 1200 cours d’eau et des gisements de fer historique semblait être une terre bénie par la nature. 

    Mais en dépit de ses eaux en apparence infinies, la population souffrait d’un manque criant d’eau potable, une situation paradoxale qui faisait de la soif une compagne quotidienne des habitants, alors que le royaume regorgeait de rivières, de lacs et même de ciments…

     

    À la tête de ce royaume régnait un roi, un monarque dont le pouvoir ne connaissait aucune limite. Sa volonté était loi, et tout ce qu’il disait, faisait et pensait était célébré par tous, des plus humbles mendiants aux artistes en quête de reconnaissance, en passant par les intellectuels.

    Un peuple de Bénis Oui-Oui qui, sans un murmure, était prêt à applaudir chaque geste du roi, chaque mot prononcé, sans jamais se poser de questions. Le roi n’avait pas de réelle opposition.

     

    Ceux qui osaient contester son autorité, ses décisions ou même ses idées se voyaient souvent réduits au silence, soit par des arrestations arbitraires, soit par des enlèvements mystérieux, ou bien en devenant victimes de violences cruelles. Disparaître dans l’ombre du pouvoir était la norme, et ceux qui avaient l’audace de résister au régime ne faisaient que nourrir l’histoire des disparus du royaume.

     

    Mais ce qui frappait le plus dans ce royaume n’était pas seulement la cruauté du pouvoir en place, mais la déconnexion totale des habitants du royaume avec les valeurs fondamentales de la morale. Les Bénis Oui-Oui, loin de se soucier des principes de justice, d’honnêteté et d’humanité, n’avaient pour seul souci que leur ventre.

    Les gens se battaient pour un morceau de pain, deux mètres de bazin, un sac de riz, un kilos de sucre, pour une main tendue qui pouvait les nourrir, oubliant que la dignité humaine était aussi essentielle que le pain quotidien.

    Leurs rêves étaient corrompus par la quête constante de nourriture et de satisfaction immédiate surtout matérielle,  tandis que l’âme de la nation se fanait dans l’indifférence générale à l’égard du respect des normes et des valeurs humaines.

    Ce royaume, où les rires étaient une réponse systématique aux discours du roi, n’était pas toujours ainsi. Il y a quelque temps, avant l’ascension de l’actuel roi, le peuple vivait encore sous un autre monarque, qui, bien que moins autocratique, avait su attiser la flamme de l’espoir parmi les siens. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Et pourtant, il est vivant . Il n’est pas pendu. Mais il est « vendu » ailleurs.

    Ce même peuple, qui avait juré fidélité à l’ancien roi, a non seulement abandonné ses serments, mais l’a aussi piétiné sans la moindre once de remords. Ceux qui étaient jadis les fidèles conseillers de l’ancien roi se sont retournés contre lui, se rangeant sous la bannière du nouveau roi pour une poignée de promesses et de privilèges.

    Le paradoxe du royaume des Bénis Oui-Oui réside justement dans cette capacité étonnante du peuple à oublier ses engagements, à sacrifier son passé pour s’accrocher à un présent qui nourrit ses désirs les plus immédiats.

    Même les anciens opposants, ceux qui avaient défié les pouvoirs en place, ont fini par se joindre à l’actuel roi, trahissant leur propre lutte au nom d’un confort relatif. Ils étaient prêts à se compromettre, à sacrifier leurs idéaux pour quelques miettes, comme si l’espoir d’un lendemain meilleur n’était qu’une chimère. Ce renversement d’allégeance, ce retournement des principes et des idéaux, révélait la fragilité morale d’une société où les intérêts personnels passaient avant tout.

     

    Dans ce royaume, où l’obéissance était synonyme de bonheur, où la contestation était perçue comme un crime, le peuple des Bénis Oui-Oui vivait dans une étrange illusion de prospérité. Ils étaient les meilleurs complices du roi, leur soumission devenait la clef de leur tranquillité. Il n’y avait plus de place pour les voix dissonantes, plus de place pour la rébellion ou même pour le dialogue.

    Le royaume des Bénis Oui-Oui est, par excellence, un lieu où la soumission est la norme, où l’aveuglement et l’inaction ont transformé une terre autrefois fertile en un espace de stagnation et d’oubli. C’est un royaume où le peuple, faute de pouvoir se remettre en question, s’enfonce dans la servitude volontaire. Mais à quel prix ?

    Par un habitant du royaume des Bénis Oui-Oui