L’impensable s’est produit aux premières heures de ce matin, plongeant la Guinée dans une consternation et une fureur légitimes. Maître Mohamed Traoré, une voix intrépide de la justice et rempart inébranlable des droits humains, a été enlevé par des hommes cagoulés à son domicile à Sonfonia avant d’être retrouvé, blessé et torturé à Coyah, près de Bangouya, dans le Grand Conakry.
Cet acte barbare est une attaque frontale contre l’état de droit et les principes démocratiques que Maître Traoré a toujours défendus avec un courage inouï.
L’ancien Bâtonnier, dont la carrière est jalonnée de combats acharnés pour les opprimés et contre l’arbitraire, a subi des sévices indicibles avant d’être lâchement abandonné.
Qui ose s’attaquer de la sorte à un homme dont la seule faute est de se dresser contre l’injustice ? Maître Traoré n’a jamais reculé devant l’adversité, n’hésitant pas à monter au créneau chaque fois que la junte au pouvoir piétine la Charte de la Transition ou bafoue les droits humains.
Sa récente démission du Conseil National de la Transition (CNT) résonne aujourd’hui comme une alerte tragiquement prémonitoire des dérives autoritaires.
Pour l’heure, les raisons de cet enlèvement odieux restent obscures, alimentant l’angoisse et la colère d’une population déjà éreintée. Maître Traoré serait actuellement soigné dans une clinique de la capitale guinéenne, mais l’onde de choc de cet événement ne manquera pas de provoquer une indignation nationale et internationale.
Sekou Sylla