La Cour d’Appel de Conakry a clôturé ce mercredi 23 avril 2025 les plaidoiries dans le procès qui oppose le Ministère public à Mamadou Aliou Bah, président du Mouvement pour la Démocratie et les Libertés (MoDeL). Cette seconde journée d’audience s’est déroulée dans une atmosphère tendue, marquée par des déclarations virulentes de la défense, qui n’a pas hésité à remettre en question l’indépendance de la justice guinéenne.
La salle d’audience présentait un visage différent de la veille, avec une affluence moindre et une absence remarquée des représentants diplomatiques, ces derniers s’étant vu refuser l’accès. Ce contexte particulier n’a fait qu’amplifier les critiques émises par la défense concernant la transparence de la procédure.
Me Halimatou Camara, avocate de la défense a ouvert les débats avec des propos particulièrement sévères envers l’institution judiciaire. « Nous sommes confrontés à un système où la conscience judiciaire semble avoir disparu », a-t-elle affirmé, qualifiant le procès de « malédiction » et de « simulacre de justice ».
La célèbre avocate du barreau guinéen a notamment exprimé son inquiétude quant à l’impact de cette procédure sur la perception de la justice par les jeunes générations.
Dans la même veine, Me Houleymatou Bah a repris les arguments avancés par son client concernant plusieurs dossiers sensibles, notamment le projet minier de Simandou et les disparitions non élucidées de plusieurs figures de la société civile guinéenne. S’adressant directement à la présidente du tribunal, Hadja Fatou Bangoura, elle a lancé un avertissement solennel : « Refusez d’entrer dans l’histoire par la mauvaise porte, » conseille-t- elle.
Au cœur de la stratégie de défense figurait l’accusation d’une instrumentalisation politique de la justice. Les avocats ont unanimement dénoncé ce qu’ils considèrent comme une « parodie judiciaire » et ont demandé l’abandon des poursuites contre Aliou Bah, estimant que les charges retenues ne reposent sur aucun fondement juridique solide.
À l’issue de cette journée chargée et mouvementée par l’indignation de la défense, la juge Hadja Fatou Bangoura a annoncé la mise en délibéré de l’affaire.
Le verdict sera rendu le 28 mai prochain, laissant planer l’incertitude sur le sort du leader politique pendant plus d’un mois.
Cette affaire, qui suscite un vif intérêt tant au niveau national qu’international, continue de soulever des questions sur l’état de la démocratie et l’indépendance du pouvoir judiciaire en Guinée, dans un contexte politique déjà tendu.
Cette transition sensée être une réforme institutionnelle notamment pour la justice Guinéenne semble s’inscrire aujourd’hui dans une labyrinthe.
Minkael BARRY