Nathalie Yamb : « si le système scolaire et universitaire de nos pays  était au top, Alexandra ne serait pas mort »

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Nathalie Yamb est une militante et femme d’affaires camerounaise-suisse. Elle est connue pour s’opposer aux actions de la France en Afrique, qu’elle et d’autres qualifient de coloniales. Elle est née en Suisse et a grandi au Cameroun, puis a fait des études universitaires en Allemagne. Elle a donné son avis suite à la découverte du corps de l’étudiante congolaise au Canada en indexant les dirigeants africains comme responsables sur son compte Télégramme. Lisez ! 

 

5 jours après sa disparition, le corps sans vie de Alexandra Martine Lumbayi Diengo, étudiante congolaise à l’Université du Québec à Trois-Rivières, a été retrouvé dans les eaux au Canada.

 

Au moment où j’écris ces mots, on ne sait pas quelle est la cause du décès. Mais néanmoins, j’affirme que si nos pays étaient sécurisés, si leurs systèmes scolaires, universitaires étaient au top, s’ils étaient industrialisés, s’il y avait du travail pour les jeunes et les moins jeunes, si la vie humaine, celle du citoyen lambda, avait autant d’importance que celle du président de la république, des ministres, de leurs femmes/maris et de leurs enfants, alors on est fondé de penser qu’Alexandra serait encore en vie.

 

Parce que sa mère ne se serait pas pliée en quatre pour l’envoyer étudier à l’étranger afin qu’elle ait ”une vie meilleure”. Et Alexandra n’aurait pas rencontré la mort dans les eaux froides d’une rivière en octobre 2024.

 

Il y a 13 ans, avec le professeur Mamadou Koulibaly, nous avions inscrit une mesure intitulée “personne ne sort” dans notre projet de société pour la Côte d’Ivoire. On avait reçu beaucoup d’insultes, mais aussi du soutien.

 

Cette mesure spécifiait qu’aucun haut gestionnaire de l’argent public (président de la république, ministres, députés, maires, gouverneurs, directeurs généraux de ministère et d’entreprises publiques/parapubliques), ni aucun membre immédiat de leurs familles (conjoints/enfants), n’auraient l’autorisation d’aller se faire soigner à l’étranger, ni d’aller se scolariser à l’étranger, sauf à démissionner préalablement irrévocablement de la fonction publique et de présenter une attestation de régularité fiscale.

 

À cela s’ajoute un deuxième niveau: celui de l’obligation, pour ces personnes, de se soigner et de se scolariser/scolariser leurs enfants dans les établissements publics africains.

 

Je vous assure que si nous faisons cela, en 6 à 12 mois, plein de choses vont changer dans nos pays.

 

Mais quand je vois les enfants de Tshisekedi se promener dans la cour de l’Elysée, Brenda Biya glander à inhaler des ballons dans les hôtels de Genève et Paris, et nos ministres, parfois même de l’éducation, publier fièrement, sur les réseaux sociaux, les cérémonies de graduation et les diplômes obtenus par leurs rejetons dans les universités étrangères, je me plais à espérer qu’Alexandra, de là où elle se trouve aujourd’hui, viendra les hanter tous!

 

Yako à la maman, à la famille, aux amis d’Alexandra. Que les ancêtres vous donnent la force de surmonter cette épreuve, la plus violente pour un parent. Un époux qui perd son conjoint est veuf/veuve. Un enfant qui perd son parent est orphelin. Mais il n’y a pas de mot pour qualifier un parent qui perd son enfant, tellement ce n’est pas dans l’ordre naturel des choses.

 

Arrangeons nos pays et nos mentalités. C’est une question de survie, pour nous tous!

Nathalie Yamb