Sorti de la prison, le journaliste Gamalo Bamba brise le silence

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    Condamné à 6 mois, assortis de sursis, sans compter les 49 jours de prison ferme passés aux 5 Etoiles de Coronthie et 5 ans sous contrôle judiciaire, avec confiscation du téléphone enregistreur et le paiement d’une amande d’un million de nos Francs.

    Voilà le verdict du président du Tribunal de Première Instance de Kaloum, Boye Diallo, dans l’affaire Bamba Bakary Gamalo-Francis Kova Zoumanigui de la GRIEF. Pardon. De la CRIEF, cette Cour chargée de réprimer la corruption au pays de Doumbouya.

    Au fond, j’ai confondu l’eau à la terre. Sinon quand tu dois recevoir un journaleux investigateur, sois sûr qu’il viendra avec sa caméra cachée ou autre appareil enregistreur. Evidemment, tu ne dois jamais trembler lorsque tu es convaincu d’avoir les mains propres.

    Pourtant, cette soirée du 13 Octobre 2024, ma question était toute simple par rapport au dossier Remy Lamah, ancien ministre de la Santé et la société ZMC qui fournissait et qui continue toujours à fournir des médicaments au département de la Santé. Dossier géré en Première Instance par ce boss de la CRIEF, Francisco et qui fait actuellement polémique en Appel de cette même Cour, avec le Procrieur Spécial, Aly Tou-Ré.

    La question était la suivante : « En Première Instance, la partie civile était la société ZMC. En Appel, Aly Touré dit qu’il représente à la fois partie civile et parquet. Est-ce possible ? »

    En Français facile, la nouvelle victime poursuit, en présence de la première qui est encore dans le dossier avec 2 ou 3 avocats en plus de l’Agent Judiciaire de l’Etat.

    En tout cas, chez nous dans les eaux, même en haute mer, avec toutes les vagues, ce n’est pas possible. Et ce ne sera jamais possible.

    Curieusement, Francisco s’est fâché, comme quelqu’un qui n’était plus clair dans ce dossier. Alors, il m’a séquestré pour 4 heures de temps et a demandé à ses gardes de me déshabiller.

     

    Lui-même m’a tabassé et a versé dans mes yeux du vin rouge qu’il m’avait offert et que lui et moi buvions avec plaisir, avant de me faire promener dans Kaloum, en passant par son bureau et me voilà à 22 h 30 au gnouf dans le violon de la Brigade de la Gendarmerie du Marché Niger, où j’ai dû passer 3 jours, avant de me retrouver aux 5 Etoiles de Coronthie.

     

    Ce, malgré toutes mes excuses et celles de mon association AGEPI, celles du puissant Syndicat des médias, dirigé par Sékou Pendessa et de toute ma corporation, ayant constaté que le législateur guinéen ne sait rien du journalisme d’investigations.

    Après plusieurs audiences sur cette affaire et en dépit de toutes mes explications que je n’étais pas chez Francisco pour une interview, où il devrait être forcément averti d’un enregistrement, mais plutôt pour une enquête, ma grande surprise a été, qu’au moment de la plaidoirie, le fait a été complètement dénaturé.

    Contre toute attente, ses deux avocats ont juré les mains sur leurs palpitants que j’étais allé rencontrer leur client pour une affaire sociale.

     

    Plus grave, ils ont politisé carrément l’affaire en disant dans un premier temps que j’étais allé pour me plaindre du régime en place de décimer les cadres de mon ethnie et de ma région. Dans un deuxième temps, ils ont parlé de l’assassinat de l’officier Célestin. Et dire que le parquet a abondé dans le même sens que la partie civile, vraiment extraordinaire voire ridicule !

     

    Mais puisque l’enregistrement existe, heureusement, sinon ils auraient soutenu que j’étais allé pour la préparation d’un coup de force contre Doumbouya.

    Aux 5 étoiles de Coronthie, j’ai vu Moussa Dadis Camara. Il est en pleine forme. Chaque matin, il fait son sport à la terrasse de sa cellule. J’ai vu aussi l’ancien ministre Ibrahima Kourouma. On se saluait toujours à distance. Apparemment, il me fuyait lorsqu’il sentait que je voudrais l’approcher.

    Certainement qu’il avait été informé que j’étais le colis du boss de la Cour qui le poursuit. Surtout qu’à la barre, j’ai été présenté comme un journaleux très dangereux, capable d’enregistrer à tout moment et en tout lieu, même à partir de l’Océan Atlantique mon domaine de définition. J’allais dire, ma planète. Ah, difficile d’être un caïman en Guinée !

     

    Paradoxalement, je n’ai pas pu voir Tiégboro, pourtant l’un de mes voisins directs au gnouf. On raconte qu’il préfère être enfermé toute la journée, au risque de rencontrer ceux qu’il avait fait loger dans cet hôtel, au temps de l’autre.

    Quant à Mohamed Diané, c’est avec un petit sourire qu’il répondait à mes salutations. Mais Le plus heureux, c’est sans doute le grand Toumba Diakité.

     

    Logé un peu plus loin des autres, juste en face de la calle appelée ‘’ Couloir’’, je le voyais souvent assis en Bazin ou en veste, je dirais en vrai leader. Paraît qu’il a créé un parti politique. Lui au moins a appris la leçon selon laquelle, de la prison on peut se retrouver au Palais Sékoutourhéa !

    Par rapport au verdict, je dois me concerter avec ma brave avocate, l’ancienne ministre Hawa Béavogui.

    En attendant, je remercie tous les journaleux de Guinée et d’ailleurs : RFI, BBC, VOA (Amérique) et d’autres médias qui se sont mobilisés pour que je quitte cet hôtel et rejoindre tranquillement mes eaux.

     

    Je n’oublie pas les Droits de l’Homme, qui m’ont rendu visite pour s’enquérir de mes conditions de détention.

     

    Aussi, les Etats-Unis d’Amérique, la France… qui ont réagi pour exiger ma libération sans condition. Ça s’appelle simplement les risques du métier et le combat continue.

     

    Bamba Bakary Gamalo

    Envoyé spatial à la Maison Centrale