« Tout ce qui est dans cette Constitution est dangereux », dénonce Faya Millimouno

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 Dans le cadre du début de la campagne référendaire, le Bloc Libéral (BL) a organisé lundi après-midi une conférence de presse pour exprimer son opposition ferme au texte constitutionnel proposé par le Conseil national de transition (CNT). Les dirigeants du parti appellent les Guinéens à voter « Non » lors du référendum prévu le 21 septembre prochain.

Le président du Bloc Libéral, Dr Faya Millimouno, a livré une analyse critique du projet constitutionnel, pointant du doigt ce qu’il considère comme un déséquilibre institutionnel majeur. Selon lui, le texte reproduit les travers des constitutions précédentes en concentrant l’essentiel des prérogatives entre les mains de l’exécutif.

Le leader politique a énuméré une liste exhaustive des pouvoirs dévolus au Président de la République dans le projet : commandement suprême des forces armées, responsabilité de la défense nationale, présidence du Conseil supérieur de la Défense, orientation et contrôle de la politique nationale, pouvoir de révocation du Premier ministre, nominations aux hautes fonctions, fixation des attributions ministérielles, présidence du Conseil supérieur de la magistrature, exercice du droit de grâce, pouvoirs exceptionnels en cas de crise, nomination d’un tiers des sénateurs, et définition de la structure gouvernementale avec nomination de neuf ministres sans cadre prédéfini.

« Nous allons faire la campagne pour expliquer aux Guinéens que tout ce qui est dans cette Constitution est dangereux », a déclaré Dr Faya Millimouno, soulignant les risques d’une telle concentration du pouvoir pour l’équilibre démocratique.

Le chargé de communication du BL, Ibrahima M’Bemba Bah, a établi un parallèle historique avec le référendum du 28 septembre 1958, date à laquelle la Guinée avait rejeté la proposition constitutionnelle française sous Charles de Gaulle pour accéder à l’indépendance.

« À l’image du référendum du 28 septembre 1958, jour historique où la Guinée a dit non à la colonisation, à la France et au général de Gaulle, aujourd’hui encore, le 21 septembre 2025, nous appelons nos militants, nos sympathisants et l’ensemble du peuple de Guinée à voter NON », a-t-il déclaré.

Contrairement à certaines formations politiques qui prônent le boycott, le Bloc Libéral encourage la participation citoyenne au scrutin. « Nous demandons à nos compatriotes de ne pas boycotter. Allez voter, en bons citoyens. Choisissez entre les deux bulletins : le oui (généralement en blanc), le non (en rouge). Choisissez le rouge », a précisé M’Bemba Bah.

Au cours de sa prise de parole, Dr Faya Millimouno a interpellé l’assistance journalistique sur l’absence de certaines figures de l’opposition : « Où est votre collègue Habib Marouane Camara ? Où sont Foniké Menguè et Billo Bah ? Où est passé Nimaga ? Si cette Constitution passe, beaucoup d’entre vous seront obligés d’aller au Sénégal. »

Le dirigeant du BL a conclu par un appel direct aux citoyens : « Allez-y aux urnes le 21 septembre, votez NON. En 58, c’est un Général, un français qui nous a proposé une Constitution mais le peuple a voté NON. Aujourd’hui encore, c’est un autre Général, un français qui nous a proposé une Constitution, alors, votez NON. »

Cette sortie médiatique du Bloc Libéral s’inscrit dans une campagne référendaire qui s’annonce animée, les partisans du « Oui » et du « Non » fourbissant leurs arguments à moins de trois semaines du scrutin. Le projet de Constitution, élaboré par le CNT, fait l’objet de vives controverses politiques depuis sa présentation publique.

Oumou Baillo Diallo 

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