Guinée: et si la junte militaire guinéenne souffrait de la maladie du pouvoir?

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On constate depuis un certain temps que le à dictature françafricaine en Guinée souffle d’une une sorte de la maladie du pouvoir.

Car elle peine à accepter que l’opposition et les acteurs de la société civile remplissent une fonction de dénonciation et de critiques.

 

Le fait d’imposer le silence aux opposants politiques, aux activistes de la société civile, aux médias privés qui ne respectent pas le conformisme d’idées considérées comme majoritaires et incontestables, auxquelles tous les gouvernants, les médias en Guinée ne doivent plus confronter d’idées opposées et sur lesquelles il faut nécessairement s’aligner, prouve que la junte militaire guinéenne souffre de la maladie du pouvoir.

 

Les symptômes de cette maladie du pouvoir dont souffre la junte militaire guinéenne sont énormes..

 

Ils se manifestent depuis deux ans par une perte du sens des réalités, par de l’intolérance à la contradiction, des actions à l’emporte-pièce, l’obsession de sa propre image et abus de pouvoir…

 

Ce sont entre autres quelque uns des symptômes d’une maladie mentale liée à l’exercice du pouvoir, le syndrome d’hubris dont souffre sans doute Mamady Doumbouya et son clan.

 

Mamady Doumbouya, le libérateur devenu oppresseur croît plus que jamais qu’il a quelque chose de plus élevé que celui des autres.

 

Or il oublie que son arrivée au pouvoir dépend beaucoup plus du hasard..

 

Mais il n’en est plus conscient et il ne veut plus admettre que tous ses emportements, toute cette violence sur le peuple, toute cette vanité et orgueil malsain viennent du fait qu’il ne connaissent point ce qu’il est.

 

Fasciné par l’exercice du pouvoir, l’homme du 05 septembre 2021 ne se souvient plus suffisamment de sa condition de simple mortel.

 

Le rôle de faire-valoir de l’opposition favorise la maladie du pouvoir de la junte

Après observation de l’attitude de certains opposants politiques et certains acteurs de la société civile,on peut assurément déduire qu’ils jouent un rôle peu conséquent et ne servent que de « faire-valoir ».

 

À travers leur caractère versatile, ces bons transhumants politiques peuvent parfois être vus comme de simples véhicules pour accéder à des postes ministériels, ou des coquilles vides donnant à travers leurs participation à des élections non transparentes une légitimité démocratique à une dictature.

 

Cet état de fait avéré pousse par ailleurs à une crise de confiance entre politiques et militants.

 

L’opposition doit jouer son rôle

Pour guérir la junte militaire guinéenne de sa maladie du pouvoir, l’opposition guinéenne doit jouer son rôle en commençant par remplir conséquemment sa fonction de dénonciation et de critiques.

 

Les partis d’opposition, les médias ainsi que d’autres acteurs issus de la société civile, ont pour rôle de critiquer ce que le gouvernement fait mal, ou ne fait pas.

 

Et les partis d’oppositions pour remplir cette fonction sont donc dans l’obligation de s’attaquer au bilan du pouvoir – en particulier dans des domaines sur lesquels les attentes de la population sont immenses, comme la gestion d’une crise sanitaire, la gestion de la distribution de l’eau potable, des déchets, la gestion des déguerpissements, la destruction de l’environnement due à la l’exploitation sauvage des ressources naturelles, les coupures intempestives d’électricité, les violences policières, le muselage des medias, la corruption etc…

 

En cas d’élections , ils dénoncent aussi les fraudes électorales, la répression qu’ils subissent, ou l’impunité des dirigeants accusés de corruption ou de crimes de sang par exemple.

 

Cette dénonciation ou ces critiques se font de nos jours à travers les campagnes électorales, les réseaux sociaux et les médias, les débats parlementaires et d’autres moyens.

 

Cela permet de documenter ces abus et de les médiatiser, aussi bien à l’attention des citoyens que des partenaires internationaux.

 

Outre mesure, le rôle de l’opposition est aussi de mobiliser les mécontents pour leur donner une opportunité d’exprimer leur insatisfaction.

 

Cette mobilisation peut se faire au sein  du régime (par exemple en se présentant à des élections) ou en dehors, à travers des campagnes de désobéissance civile, des boycotts et des manifestations.

 

Car l’objectif de cette mobilisation est de forcer le régime à réagir – soit en lâchant du lest ou soit en réprimant la contestation – en augmentant alors le prix à payer pour se maintenir au pouvoir.

 

Une opposition c’est aussi celle qui se propose en alternative sérieuse

En effet les opposants politiques peuvent se positionner comme de potentiels successeurs à l’élite dirigeante et proposer une alternative sérieuse.

 

La crédibilité de l’opposition peut reposer sur différentes bases: un opposant peut être considéré comme un réel outsider s’il a accumulé assez d’expérience et de capital politique – par exemple à travers des fonctions parlementaires ou exécutives.

 

C’est ce qui explique pourquoi des anciens cadres du parti au pouvoir en Guinée arrivent régulièrement à se positionner comme des leaders de l’opposition: Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Kassory Fofana, Amadou Damaro Camara, Dr Ousmane Kaba.

 

La crédibilité d’un opposant peut aussi reposer sur un parti politique comme ce fut le cas de l’actuel premier ministre Sonko au Sénégal. Elle peut lui fournir une base de soutien importante, un programme politique et une organisation solide à travers le territoire.

 

Mais cette crédibilité peut aussi émaner des sacrifices qu’un opposant est prêt à faire. L’opposant Ousmane Sonko du Sénégal ou encore l’ancien président Alpha Condé peut être cité à titre d’exemple. Alpha Condé fut avant sa prise du pouvoir perçue comme légitime et digne de confiance. Et il s’était battu « dans les tranchées » et a supporté les coups physiques du régime de Conté et de Sékou avant de venir au pouvoir pour faire comme eux.

 

Sauf qu’un régime militaire alimentaire, françafricain adepte de la pensée unique souffrant de la maladie du pouvoir, compte tenu de son caractère despotique, ne peut pas laisser l’opposition jouer ce rôle en Guinée.

 

Un pouvoir souffrant du syndrome de démesure

Et c’est plus que jamais une impérieuse nécessité afin de mettre fin à ce pouvoir militaire souffrant du syndrome de démesure donc de la maladie du pouvoir.

 

Cette junte militaire associe narcissisme, arrogance, prétention, égotisme, voire manipulation, mensonge et mépris.

 

C’est un pouvoir narcissique d’un petit clan ethniciste, factionnel ayant desormais un sentiment d’invulnérabilité, d’invincibilité et de toute-puissance, en y associant un certain pathétique.

 

Et c’est sur fond de ces symptômes de la maladie du pouvoir, qu’il a crû qu’il peut désormais traquer les opposants politiques même au delà des frontières guinéennes.

 

Signe d’une progressive descente dans l’hubris du putschiste du 05 septembre 2021.

 

Mais quoiqu’il en soit, les critiques et dénonciations se feront tant que des sujets qui peuvent en faire l’objet existent.

 

Car malgré la situation de cul de sac actuel, ce ne sont pas tous les acteurs de la société civile guinéenne, de l’opposition politique, des médias qui veulent devenir de simples véhicules pour accéder à des postes ministériels.

 

Aïssatou Chérif Balde 

African panorama magazine