C’est avec fermeté que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a condamné, hier lundi 5 août 2024, les attaques perpétrées fin juillet (25 et 27 juillet) par les rebelles touaregs du Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA) contre les forces armées maliennes (Fama) à Tinzawatene, dans le nord du pays.
L’organisation sous-régionale a ainsi marqué sa désapprobation totale, malgré la rupture consommée avec cet ex-pays membre cofondateur de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Localité située à la frontière avec l’Algérie, Tinzawatene a été, en effet, le théâtre d’affrontements lors desquels les forces armées maliennes et leurs supplétifs russes de Wagner ont subi de lourdes per
tes.
Réagissant à ces attaques sanglantes, le gouvernement du Mali déclare avoir « pris connaissance, avec une profonde stupeur, des propos subversifs par lesquels Andriy Yusov, porte-parole de l’agence ukrainienne de renseignement militaire, a avoué l’implication de l’Ukraine dans une attaque lâche, traître et barbare de groupes armés terroristes ayant entraîné la mort d’éléments des forces de défense et de sécurité maliennes », dénonce, dans le communiqué, le porte-parole du gouvernement Abdoulaye Maïga.
« Le fait que les rebelles aient reçu les données nécessaires qui leur ont permis de mener à bien une opération contre les criminels de guerre russes a déjà été observé par le monde entier. Bien entendu, nous ne divulguerons pas les détails. Plus d’informations à venir ici aussi », avait déclaré Yusov à la télévision ukrainienne et repris par la représentation diplomatique de l’Ukraine à Dakar.
De son côté, le gouvernement sénégalais a convoqué l’ambassadeur d’Ukraine, samedi. Ce dernier a publié sur la page Facebook de l’ambassade d’Ukraine à Dakar la vidéo de Yusov en soutien aux récentes attaques meurtrières contre l’armée malienne et ses alliés russes. « Constant dans sa position de neutralité constructive dans le conflit russo-ukrainien, le Sénégal ne peut tolérer une quelconque tentative de transférer sur son territoire la propagande médiatique en cours dans ce conflit », a déclaré la cheffe de la diplomatie sénégalaise Yacine Fall.
« Au pays frère du Sénégal, nous demandons une meilleure analyse de la situation… »
Une posture que les séparatistes touaregs reprochent au Sénégal. Dans un communiqué publié ce mardi 6 août 2024, le CSP-DPA affirme avoir suivi « avec beaucoup d’incompréhensions et de questionnements les réactions en chaîne relatives aux affrontements de Tinzawatene », « notamment celles des autorités du Sénégal et de la Cedeao qui condamnent sans aprioris une ‘attaque contre les forces armées maliennes ».
Plaidant la « légitime défense », les rebelles touaregs disent s’étonner que « des pays et des organisations suffisamment imprégnés de la question politique qui les oppose aux autorités centrales de Bamako, pour avoir été membres de la médiation internationale dans le cadre du caduc accord issu du processus d’Alger, affichent une telle méconnaissance ou un déni des réalités au point d’étiqueter les forces légitimes du CSP-DPA de terroristes ».
« Au pays frère du Sénégal, un État d’une démocratie inspirante et qui a eu le mérite de contribuer à la Minusma à travers une forte crème de hauts cadres militaires et politiques, nous demandons une meilleure analyse de la situation afin d’éviter de contribuer aux amalgames entretenus au détriment de la paix dans la sous-région », soulignent les rebelles dans leur communiqué.
Ils rappellent également à la Cedeao « qu’elle serait plus dans son rôle en œuvrant à contraindre la junte de Bamako à un retour rapide à un ordre constitutionnel normal ».
Seneweb