Hou ! Mbarring, dis à ton gars-là de la boucler !… ( Benn Pepito) –

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Mbarring ! est-ce que tu as fourragé dans la paperasse du transhumant Alpha Boubacar Bah alias Bout Bas, dirlo adjoint de ce truc qu’on appelle Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) ?
Si c’est non, dépêche-toi d’aller fourrer ton nez dans « Unis pour Kaloum. Debout pour la Guinée » avant que cette paperasse injonctive aux relents de la révolution sékoutouréenne ne soit décrochée des sites.

Franchement la lecture de cet écrit injonctif m’a hérissé le poil. D’entrée de jeu, il commence par une fanfaronnade à la révolutionnaire : « Nous, peuple de Guinée, sommes aujourd’hui unis dans la douleur, touchés au plus profond de notre âme par la tragédie qui frappe notre nation dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023. »

En fait, depuis qu’il a grimpé à ce poste, Bout Bas monte le bourrichon à Brutus Doumbouya et chante pouilles à ses anciens amis de l’opposition devenus ennemis.

Comme on le sait : un ami, qui devient systématiquement et irrémédiablement un nouvel ennemi, surtout en politique, est plus nocif qu’un chien enragé, d’un venin plus toxique que celui d’un mamba noir.

Et Bout Bas de ANRU, qui a le goût du lucre, ne fait pas dans la dentelle pour faire chier ses anciens amis politiques devenus, aujourd’hui, ses pires ennemis et par ricochet pour manifester son allégeance à Brutus Doumbouya qui détricote la transition au palais Gokhi Fokhè.

Dopé par le philtre de l’allégeance, Bout Bas, comme un ânier qui amasse le foin pour ses bêtes, fourrage sa paperasse d’injonctions ( « il est crucial de souligner… », « Il est également important de rappeler que… », « il est essentiel de souligner que… », « il convient de noter que … », « Il est tout aussi important de rappeler que… », « Il est impératif de noter que… », « Il est primordial de souligner que… », « il est important de reconnaître que… », « il est indéniable que… ») et tout un tralala de formules à l’emporte-pièce pour remplir la panse aux couillons qui le croient.

Et de sa voix de baryton, le ménestrel de Brutus, qui trouve son compte dans cette atmosphère délétère et qui a son content, fredonne : « La Guinée, sous la direction éclairée du président et du CNRD, avance avec succès. »

Hou ! Mbarring, dis à ton gars-là de la boucler !…

Ça rappelle Sory Kandia Kouyaté qui, dans les années 70 où la Révolution sékoutouréenne faisait encore fureur, chantait en langue peule la beauté et la prospérité économique de la Guinée dans son joli tube « Guinée min wélino » (c’est bon à vivre dans notre Guinée). Des candides, comme Diallo Telli, étaient tombés dans la nasse. Ils s’étaient fatalement jetés dans la gueule du camp Boiro en rentrant précipitamment en Guinée.

Aujourd’hui, c’est queussi-queumi !

Quel étourdi peut mentaliser un quelconque bonheur de développement dans cette Guinée qui est en train de crouler sous le commandement de Brutus Doumbouya ?

On coupe internet, on ferme des médias privés, on intimide et persécute les journalistes qui refusent de rentrer dans le rang, on musèle l’opposition et on interdit toute manifestation politique contre le commandement de Brutus Doumbouya dont l’intention inavouée, à date, est de garder le trône par un glissement de la transition. Depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2020, les forces spéciales, de la police et de la gendarmerie ont tué dans des manifestations, semble?t?il, plus de trente-six jeunes et adolescents seulement sur l’axe Hamdallaye-Bambeto?Cosa à Con-crimes.

 

 

En fait, pendant les manifestations, des forces de la police et de la gendarmerie, embusquées, descendent des élèves comme des lapins sur l’axe. Des balles perdues foudroient des passants. A côté de cela, c’est des coupeurs de routes, des bandits munis d’armes lourdes à se demander d’où ça sort, qui terrorisent les voyageurs et qui endeuillent des familles. L’insécurité est totale dans le pays où l’on est pris entre deux feux : le grand banditisme à main armée et le terrorisme des forces de sécurité à la gâchette facile.

Par ailleurs, c’est la poignée d’aigrefins, qui s’est mis du côté du manche, qui tire parti, en ce moment, de la situation chaotique actuelle de la Guinée-­? Conakry. Sinon, les populaces, elles, continuent de manger de la vache enragée.

Hé, Djento ! Djentoooooo !… Kori djento ! Ce n’est pas qu’on cherche à ternir l’image de Brutus Doumbouya et de son club. Tout ce qu’on critique là se voit comme le nez au milieu de la figure.

Les hôpitaux guinéens restent toujours des mouroirs pour les individus qui sont à fond de cale. Parce que pour des analyses médicales garanties sur facture, il faut nécessairement aller à Dakar, à Abidjan, en Tunisie, au Maroc, en France, aux Etats-Unis ; et pour cela, il faut être à flot.

Un enseignement à la noix est imposé aux élèves et étudiants dans le bled. Ceux qui arrivent à bout de leurs études universitaires, certains d’entre eux n’ont pas le niveau d’études d’un collégien en France ou aux Etats-Unis ou à Dakar ou à Abidjan.

Vous avez vu la prestation de Brutus Doumbouya à la tribune des Nations Unies, non ?

Parlons maintenant de cette explosion qui s’est produite à Kaloum sans verser dans la démagogie et la récupération politique ! Il y a eu des morts. Des familles sont endeuillées, près de 800 bâtiments sont endommagés.

 

 

Par la faute de qui ? Qui est responsable de tout ça ?

J’accuse Brutus Doumbouya d’être responsable tacite de cette explosion. C’est lui qui commande dans le patelin et il connaissait toute la dangerosité pour la population de l’existence de ce dépôt d’hydrocarbures dans la presqu’île de Kaloum. Il n’avait pris aucune mesure de prévoyance. Et ce qui ne devait pas se produire s’est produit à Kaloum.

En dépit de toutes les critiques plausibles, le ménestrel du système, qui se monte le bourrichon, indique que « la barque de la Guinée est solidement guidée par son capitaine, le président colonel Mamadi Doumbouya ». En bon troubadour, il ne tarit pas d’éloges pour ce dernier et trouve qu’aujourd’hui tout est « sous la direction éclairée du président colonel Mamadi Doumbouya. » Il parle même d’un « leadership tactique » de la part de Brutus dans la gestion du bled.

A écouter Bout Bas de ANRU, l’on croirait qu’il a tété le pis de la Révolution sékoutouréenne ou qu’il passe son temps à rabâcher les discours d’antan.

Ecoutez?le encore : « Appelons donc à un sursaut national, à l’unité d’actions, et exprimons un soutien indéfectible au CNRD et au président colonel Mamadi Doumbouya. »

Didon ! Ton « Appelons et exprimons » englobent qui et qui ?

Tous les diapourris, diasripoux, diaspos et Guinéens façons de l’intérieur ?

Est-­ce que tu as toute ta tête ?

Parce que là c’est fort de café de demander à tous ceux-­ci de prêter allégeance à Brutus Doumbouya et de te permettre ainsi de vivre aux crochets de ce pouvoir dictatorial.

Ecoute, Bout Bas ! Nous sommes au 21ème siècle marqué par l’aspiration des populations à plus de liberté, de démocratie, de justice. Doncou ! dans ton « sursaut national » doit être présent impérativement un contre-pouvoir qui s’oppose au maintien au trône de Brutus Doumbouya. Et les animateurs de ce contre-pouvoir sont appelés des opposants réunis généralement dans des formations politiques. Ils sont indispensables dans la vie de la cité. Ils ont pour mission de toujours porter la contradiction, de poser des questions qui irritent, de lever le lièvre ; et c’est leur droit de se battre dans les urnes pour prendre le pouvoir et de gouverner à leur tour. Ça s’appelle l’alternance démocratique. Et en démocratie, le pouvoir est temporaire comme l’usufruit.

 

 

Et ils sont des millions de Guinéens qui bataillent, aujourd’hui, pour la fin de cette transition militaire et l’organisation d’une élection présidentielle inclusive, transparente, démocratique dans le bled. Des centaines de familles guinéennes ont été martyrisées, endeuillées par le pouvoir de Brutus Doumbouya. Et toi, Bout Bas, tu les appelles à manifester leur « soutien indéfectible au CNRD et au président colonel Mamadi Doumbouya » ?

Ventrebleu ! Il nous arrive d’oublier qu’on se trouve sur la planète-Guinée où l’innommable continue de se faire depuis au temps de Sékou Touré. On tue vos père et mère, votre oncle ou votre tante, votre frère ou votre sœur, et on vous bombarde ministre le temps de faire votre deuil. On a mitraillé Aïssatou Boiro devant chez elle pendant le régime de Néron Condé, et celui-­ci a eu la finesse d’esprit de nommer le veuf ministre pendant quelques mois.

Franchement ! Ce qui se passe en Guinée ne se passe nulle part ailleurs. On pouvait éviter cette explosion d’hydrocarbure à Kaloum si on concevait que gouverner, c’est prévenir.

Attendre maintenant d’enregistrer une dizaine de victimes et des dégâts matériels importants pour décréter deux ou trois jours de deuil et donner un sac de riz par?ci, par-là avec le prix de la sauce, c’est un cautère sur une jambe de bois ; et les sinistrés doivent se coaliser pour ester en justice.

Par Benn Pepito