Le footballeur dit avoir été « piégé par des amis d’enfance » qui lui réclamaient 13 millions d’euros. Il affirme avoir été enlevé et séquestré.
Paul Pogba, ici en 2019. Six de ses proches dont son frère Mathias sont jugés à partir du 26 novembre 2024 pour tentative d’extorsion.
Chantage par vidéo, séquestration sous la menace d’armes à feux, tentative d’extorsion de millions d’euros… Six hommes, dont le frère de Paul Pogba, sont jugés à partir de ce mardi 26 novembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour leur participation dans une affaire qui a secoué le monde du football.
Séquestration de Paul Pogba : ce que son frère Mathias a justifié face à la juge lors de son audition.
Ils seront six assis sur le banc des prévenus. Trois sont des amis d’enfance de Paul Pogba, deux sont des connaissances du quartier où les Pogba ont grandi à Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne) et le dernier est son frère, Mathias, de trois ans son aîné. Tous sont accusés d’avoir tenté par différents moyens d’extorquer 13 millions d’euros au footballeur.
L’affaire a éclaté au grand jour fin août 2022 avec une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par Mathias Pogba en quatre langues (français, italien, anglais et espagnol), dans laquelle il promettait des révélations sur son cadet. « Tout cela risque d’être explosif », avait déclaré Mathias, sans plus de précisions.
Une histoire rocambolesque de marabouts
Cette vidéo énigmatique était suivie d’une autre dans laquelle le grand frère accusait Paul d’avoir marabouté Kylian Mbappé, son coéquipier chez les Bleus. Dans un communiqué publié fin août, les avocats de Paul Pogba ainsi que son agente Rafaela Pimenta, indiquaient : « Les déclarations récentes de Mathias Pogba (…) s’ajoutent à des menaces et des tentatives d’extorsion en bande organisée contre Paul Pogba ».
L’international, joueur vedette de la Juventus Turin, avait effectivement déposé plainte en Italie en juillet 2022 avant d’être entendu en France quelques jours plus tard. Aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre le crime organisé, il déclarait avoir été « piégé par des amis d’enfance » dans la nuit du 19 au 20 mars 2022.
Ces proches l’auraient enlevé et séquestré sous la menace de deux hommes cagoulés et armés de fusils d’assaut, pour lui réclamer 13 millions d’euros pour « service rendu », lui reprochant de ne pas les avoir aidés financièrement depuis qu’il était devenu joueur professionnel. Sur les 13 millions, il affirme avoir versé la somme de 100 000 euros.
Au cours de ses auditions, Paul Pogba a également raconté avoir subi des pressions de la part de ces amis au centre d’entraînement des Bleus à Clairefontaine, à Manchester où il avait une résidence et au centre d’entraînement du club de Turin. Enfin il racontait avoir dû régler une note de 57 227 euros dépensés par ses mêmes connaissances dans la boutique Adidas des Champs-Élysées. Contacté par l’AFP, l’avocat de Paul Pogba, Me Pierre-Jean Douvier, n’a pas souhaité s’exprimer avant l’ouverture du procès.
Les amis de Paul Pogba nient les accusations
Les proches du champion du monde 2018 ont nié fermement ces accusations. Tous ont déclaré au cours de l’enquête avoir été eux-mêmes victimes des deux braqueurs et avoir même été agressés par ces deux hommes qui n’ont jamais été identifiés. Lors du procès qui s’ouvre mardi, ils seront tous les cinq jugés pour extorsion, enlèvement et association de malfaiteurs délictuelle.
Le sixième prévenu, Mathias Pogba, absent la nuit de la séquestration, est soupçonné d’avoir alors « commis des pressions contre son frère Paul et contre sa famille afin de s’assurer du paiement de la somme de 13 millions d’euros ». Il sera jugé pour tentative d’extorsion et association de malfaiteurs délictuelle.
« L’affaire Pogba » a mis au jour des relations fraternelles gangrenées par la concurrence et l’argent mais aussi les difficiles relations entre les joueurs professionnels et leurs fréquentations d’avant le succès. « Malgré tout ce qui s’est passé, ils auront toujours une place dans mon cœur (…) C’était comme ma famille », avait déclaré Paul Pogba après une confrontation avec ses amis en septembre 2023.
Sur le plan sportif, la Juventus a annoncé le 15 novembre la résiliation du contrat du champion du monde 2018, suspendu pour dopage jusqu’en mars 2025.
AFP
