La scène qui s’est déroulée lors de l’escale de Mory Condé en se rendant a Dabola mérite d’être mise en lumière, tant elle reflète un modèle de gouvernance que l’on pourrait espérer voir davantage incarné par nos dirigeants. Ministre guinéen de l’Urbanisme, de l’Habitat, l’aménagement du Territoire et de la Récupération des Biens Spoliés de l’État, Mory Condé a pris le temps de s’arrêter dans une gargote pour offrir à sa délégation un repas modeste mais généreusement servi par une femme humble.
Cet acte pourrait sembler anodin, voire banal aux yeux de certains, mais il est porteur de plusieurs significations. D’abord, il témoigne d’une proximité entre le ministre et le peuple, une proximité qu’il est rare de voir à un moment où beaucoup de hauts responsables semblent se désintéresser des préoccupations quotidiennes de leurs concitoyens.
En effet, dans une Guinée où la plupart des ministres, une fois en poste, semblent éloignés des réalités des populations, ce geste symbolique de Mory Condé prend une dimension importante : celle de la reconnaissance de l’importance de l’humain dans toute gouvernance.
Il est aussi crucial de noter que cette femme, bien que modeste, a offert ses services avec générosité et bonne humeur, accueillant la délégation dans une ambiance de joie. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre une personne prête à servir des dignitaires avec autant de bienveillance et de simplicité. Elle l’a fait, comme des milliers d’autres Guinéens, sans chercher une contrepartie autre que la satisfaction de subvenir aux besoins de ses hôtes.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En réglant la facture de manière inattendue et surprenante, Mory Condé a dépassé le cadre d’un simple geste d’hospitalité. Le ministre, qui a fait preuve d’une grande générosité, a véritablement bouleversé cette dame en payant un montant bien plus élevé que la simple bouillie servie. Le fait qu’une telle somme ait été versée dans ce contexte pourrait prêter à diverses interprétations.
Pour certains observateurs, cet acte pourrait être perçu comme une démonstration de la solidarité d’un ministre envers une femme modeste, qui ne s’attendait certainement pas à recevoir une telle somme. Cela représente une aide matérielle considérable dans un contexte économique où beaucoup peinent à joindre les deux bouts. Pour d’autres, cela pourrait être vu sous un angle plus pragmatique : un investissement pour encourager un commerce local, un modèle à suivre dans le soutien des petites entreprises et des commerçants locaux. En effet, la somme pourrait permettre à cette femme d’acheter des produits de première nécessité ou de diversifier ses marchandises pour obtenir un profit plus important. Cela pourrait aussi être perçu comme un moyen de stimuler l’économie locale en encourageant les citoyens à développer leurs petites entreprises, tout en respectant les principes d’humanité et de solidarité.
Cependant, il n’en demeure pas moins que cet acte de générosité montre une fois de plus l’écart entre une gouvernance proche du peuple et une gestion publique plus technocratique et déconnectée. La vision d’un ministre qui se rend dans les petites échoppes, parle aux gens et leur témoigne son soutien est peut-être un modèle qu’il serait bon de généraliser au sein de l’ensemble des institutions publiques. Ce genre de geste n’est pas seulement un moyen de renforcer la confiance des citoyens dans leurs dirigeants, mais aussi une invitation à redéfinir ce qu’est véritablement le rôle de l’homme politique : être au service du peuple, et non l’inverse.
Le ministre Mory Condé n’est pas le seul à pouvoir incarner ce modèle de gouvernance humaniste, mais cet épisode démontre qu’il a compris l’importance de l’authenticité dans la relation politique. Dans un contexte où la corruption et le détournement de fonds publics sont des fléaux qui gangrènent le système politique guinéen, ce genre de geste rappelle que la politique peut aussi rimer avec bienveillance et proximité. Espérons que ce modèle inspire plus de dirigeants à aller à la rencontre des citoyens et à témoigner, par des actions concrètes, leur souci du bien-être commun.
Cet événement, bien qu’il soit passé presque inaperçu démontre une fois encore qu’une gouvernance bienveillante et proche des réalités du peuple peut être source de progrès.
Si tous les ministres, tous les responsables politiques pouvaient se rapprocher de la population avec autant de générosité et de proximité, peut-être que la Guinée connaîtrait un avenir politique et économique plus serein et équitable pour tous.
Minkael BARRY