Dr Faya Lansana Millimouno, président du parti Bloc Libéral, a tenu une conférence de presse jeudi après-midi à la Maison de la Presse de Conakry, à quelques heures de la fin officielle de la campagne référendaire prévue ce jeudi 18 septembre à 23h59.
À l’approche de la clôture de la campagne, le leader politique a réitéré son appel aux citoyens guinéens à rejeter le projet de nouvelle Constitution. « Le 21 septembre, vous devez aller voter, et vous devez voter NON », a-t-il déclaré.

Dr Millimouno a justifié sa position en rejetant l’option du boycott : « Le boycott n’est pas une option. Depuis Lansana Conté jusqu’à Alpha Condé, l’opposition a appelé à boycotter les référendums. Mais elle a toujours fini par participer aux élections qui ont suivi. Aujourd’hui, nous devons tirer les leçons de l’histoire : le boycott est stérile, le NON est libérateur. »
Le président du Bloc Libéral a développé plusieurs arguments contre le texte soumis au vote :
L’article 74 sur l’immunité : Dr Millimouno dénonce cet article qui accorderait une immunité civile et pénale absolue aux anciens présidents et chefs d’État, « même en cas de crimes économiques ou de violations graves des droits humains ».
La concentration du pouvoir présidentiel : Il critique un mandat présidentiel de 7 ans renouvelable, soit « 14 ans potentiels pour un seul homme », avec un contrôle étendu sur la nomination des juges, l’organe électoral et les commissions de développement.
L’architecture institutionnelle : Le texte dénonce « une Constitution qui multiplie les institutions » avec de multiples cours, commissions et conseils dont le coût est estimé « entre 11 000 et 15 000 milliards de francs guinéens par an, soit près d’un tiers du budget national ».
Les restrictions aux libertés: Malgré les proclamations de libertés fondamentales, le projet introduirait selon lui des conditions floues permettant d’interdire manifestations et expressions politiques « sous réserve de l’ordre public », « dans le respect de la cohésion nationale » et « conformément à la moralité ».
Dr Millimouno a établi un parallèle avec le référendum de 1958, rappelant que « tous les partis politiques guinéens de l’époque se sont unis pour dire NON au référendum du 28 septembre 1958 », ouvrant ainsi la voie à l’indépendance de la Guinée.
Il a souligné l’évolution des moyens de communication depuis 1958 : « Nos devanciers n’avaient ni internet, ni téléphones, ni réseaux sociaux. Ils sillonnaient le pays à pied, à bicyclette, en pirogue, pour convaincre et mobiliser. »
Lors des échanges avec les journalistes, une question a été posée au Dr Millimouno sur ce qui se passerait si le « OUI » remportait le référendum. Le leader du Bloc Libéral a répondu sans détour : « Si le Oui remporte, nous allons confortablement installer le pays dans l’instabilité.
Cette prise de position place Dr Millimouno parmi les rares leaders politiques à appeler explicitement au rejet du projet constitutionnel, la plupart des autres formations ayant opté pour des positions plus nuancées ou le silence.
À quelques heures de la fin officielle de la campagne référendaire, la conférence de presse s’est achevée sur un appel patriotique : « Le NON, c’est la dignité. Le NON, c’est la justice. Le NON, c’est l’avenir. Que Dieu bénisse la Guinée et accompagne le peuple dans sa marche vers la liberté. »
La campagne référendaire se clôture officiellement ce jeudi 18 septembre à 23h59, avant le scrutin du 21 septembre 2025 sur l’ensemble du territoire national.
Minkael Barry