Bah Alpha Oumar, le jeune espoir du cinéma guinéen, appelle à l’engagement de l’État

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Bah Alpha Oumar, plus connu sous son nom d’artiste Oumar Bongo, est un jeune diplômé de l’Institut Supérieur des Arts de Guinée (ISAG de Dubréka). Spécialisé en art dramatique, ce jeune acteur, réalisateur et scénariste passionné de cinéma a accordé une interview exclusive à notre rédaction. Il a partagé sa vision sur l’avenir du cinéma guinéen, sa participation à plusieurs longs-métrages, ses initiatives pour le secteur, et nous a dévoilé les détails de sa première œuvre, « Mamadjan, Jamais sans ma mère », dont la sortie est très attendue.

Leverificateur.net : Après vos études à l’Institut Supérieur des Arts de Guinée (ISAG de Dubréka), vous vous êtes illustré en tant qu’acteur dans plusieurs longs-métrages. Pouvez-vous nous parler de vos débuts ?

Bah Alpha Oumar : Après mon passage à l’ISAG, j’ai eu la chance de participer à plusieurs projets qui ont été pour moi des expériences très formatrices. Mon premier rôle majeur a été celui de Tom dans le long-métrage « Note coupable » de Boubacar N’Gnessa, un film qui traite du harcèlement sur les campus universitaires.

J’ai ensuite enchaîné avec des rôles dans le court-métrage « Le sort de Mingui » d’Alhassane Linguiwi et le long-métrage « Dongal » de Lamarana Barry. J’ai également joué dans des courts-métrages comme « Que j’en crève » et « Badjo an on », en plus de plusieurs spots publicitaires. Toutes ces expériences m’ont permis d’acquérir une connaissance pratique essentielle du métier.

En tant que jeune amoureux du septième art, quelles sont vos initiatives pour contribuer à l’essor du cinéma guinéen ?

Je suis convaincu que le cinéma guinéen possède un potentiel immense. Grâce à ma formation et à mes recherches personnelles, j’ai acquis des connaissances que je souhaite ardemment transmettre. C’est dans cette optique que j’anime des ateliers de jeu d’acteur pour les jeunes de mon quartier, une manière pour moi de dénicher et d’encourager les talents de demain. Cependant, pour que notre cinéma atteigne une stature internationale, il est impératif d’adopter une approche collaborative. J’appelle donc à l’unité de tous les professionnels du secteur, mais aussi et surtout à l’engagement du gouvernement pour soutenir activement notre industrie. C’est ensemble que nous pourrons faire rayonner le cinéma guinéen.

Vous venez de réaliser votre tout premier long-métrage, marquant ainsi votre « baptême du feu » en tant que réalisateur. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette œuvre ?

Je suis très fier d’avoir réalisé mon premier film, intitulé « Mamadjan, Jamais sans ma maman ». C’est une œuvre qui aborde des thèmes poignants et universels. Le film suit le parcours de Mamadjan, un jeune homme de 19 ans qui grandit sous l’emprise d’une marâtre sévère, subissant des épreuves insoutenables au quotidien. Pour échapper à cette vie de souffrance, il s’enfuit de chez lui, se réfugiant dans un stade.

L’intrigue se densifie lorsque, après plusieurs semaines passées dehors, il est retrouvé par un ami de son père alors qu’il cire des chaussures. Mamadjan n’a qu’un seul but : retrouver sa mère, Djelo, qui a été chassée de la maison par son père dix ans plus tôt, injustement accusée de vol par la coépouse Yassine.

Le film culmine dans une scène particulièrement tragique : après un long voyage, Mamadjan retrouve enfin sa mère, mais celle-ci, déjà souffrante d’une maladie incurable, s’évanouit d’émotion et rend l’âme dans ses bras à l’hôpital. C’est un moment déchirant qui met en lumière la force des liens familiaux et les conséquences dévastatrices des rivalités. Mon objectif à travers ce film est de montrer non seulement la force de l’amour filial, mais aussi les injustices sociales et les drames familiaux qui peuvent marquer des vies.

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle du cinéma guinéen ?

Il est vrai que notre cinéma ne bénéficie pas encore de la reconnaissance internationale que connaissent d’autres pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Burkina Faso. Mais cela ne doit pas nous décourager. Il est de notre responsabilité, en tant qu’artistes, de redoubler d’efforts et de surmonter ces obstacles. Le cinéma est le septième art ; il est un travail d’équipe qui englobe toutes les autres formes d’expression artistique. C’est pourquoi il est crucial que tous les passionnés collaborent dans la cohésion et le respect mutuel.

Cependant, un défi majeur persiste : tant que l’État ne s’impliquera pas pleinement, qu’il n’y aura pas de volonté politique et de suivi institutionnel, notre progression restera limitée. Malgré tout, je reste optimiste et j’ai l’intime conviction que les choses finiront par évoluer dans le bon sens.

Un dernier mot pour conclure ?

Je voudrais simplement rappeler au public que le cinéma est un miroir, parfois une caricature, de notre société. Il a le pouvoir de dénoncer les injustices, de corriger nos mœurs et de rendre hommage aux personnes de bien. Je vous remercie pour votre soutien à notre art et pour l’opportunité qui m’a été donnée de m’exprimer.

Interview réalisée par Léon  Kolié 

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