L’éducation en Guinée : Vers une amélioration de la qualité pour un développement durable

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L’éducation est un pilier fondamental du développement socio-économique d’un pays. En Guinée, bien que des progrès aient été réalisés en termes d’accès à l’éducation, la qualité de l’enseignement demeure une problématique majeure.

Plusieurs facteurs contribuent à cette situation, et des réformes structurantes sont nécessaires pour garantir une éducation de qualité, inclusive et adaptée aux besoins du pays.

1. L’insuffisance des infrastructures scolaires

L’un des défis les plus visibles dans le système éducatif guinéen est le manque d’infrastructures scolaires adéquates. Dans de nombreuses localités, particulièrement les zones rurales, les écoles sont en mauvais état ou sont tout simplement inexistantes. Il est courant de voir des enfants suivre des cours dans des salles de classe surpeuplées, sans suffisamment de tables-bancs, ou dans des environnements peu propices à l’apprentissage, comme en plein air.

Ces conditions matérielles dégradées affectent directement la qualité de l’enseignement et la motivation des élèves. Par ailleurs, les longues distances que doivent parcourir certains enfants pour se rendre à l’école contribuent à l’absentéisme et au décrochage scolaire, surtout en milieu rural.

Solutions proposées :

Construction et réhabilitation d’écoles : Augmenter les investissements pour construire des établissements scolaires, notamment en milieu rural, et réhabiliter ceux existants. Il est important de doter ces écoles d’équipements adéquats (tables-bancs, salles de classe bien ventilées et sécurisées).

Infrastructures adaptées à la réalité locale : Construire des écoles adaptées aux conditions locales (utilisation de matériaux locaux, accès à l’eau potable et à l’électricité) afin d’améliorer l’environnement d’apprentissage.

2. Faible qualification et formation des enseignants

Un autre obstacle à la qualité de l’éducation en Guinée est le manque de formation des enseignants. Beaucoup d’enseignants, notamment dans les zones reculées, n’ont pas reçu une formation pédagogique suffisante. Ce déficit se traduit par des méthodes d’enseignement traditionnelles, centrées sur la mémorisation, avec peu de place pour l’interaction, la créativité ou la pensée critique.

Par ailleurs, les enseignants, confrontés à des conditions de travail difficiles, bénéficient rarement de formations continues pour améliorer leurs compétences pédagogiques et suivre les évolutions des techniques d’enseignement.

Solutions proposées :

Renforcement de la formation initiale et continue : Organiser des formations régulières pour les enseignants, avec un accent particulier sur l’enseignement interactif et les nouvelles approches pédagogiques. Cela peut se faire en collaboration avec des instituts de formation des enseignants et des partenaires techniques.

Incitations et soutien aux enseignants : Offrir des incitations financières et des primes aux enseignants exerçant dans les zones rurales ou défavorisées, afin de les motiver et d’améliorer leur rendement professionnel.

3. Insuffisance de matériel pédagogique

Le manque de ressources pédagogiques est un problème récurrent dans les écoles guinéennes. Les élèves ont souvent peu ou pas de manuels scolaires, et les bibliothèques sont quasiment inexistantes dans de nombreuses institutions éducatives. Cette pénurie de ressources limite considérablement la capacité des élèves à approfondir leur compréhension des sujets abordés en classe et nuit à la qualité globale de l’éducation.

De plus, le matériel scientifique et technologique, qui est crucial pour l’enseignement des matières STEM (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques), est largement insuffisant, ce qui limite les compétences pratiques des élèves dans ces domaines essentiels au développement moderne.

Solutions proposées :

Distribution de manuels et de matériels scolaires : Mettre en place un programme national de fourniture de manuels scolaires et de matériel pédagogique dans toutes les écoles, avec un accent sur les matières scientifiques et techniques.

Création de bibliothèques scolaires : Encourager l’implantation de bibliothèques scolaires et d’espaces d’apprentissage numérique dans les établissements, afin de permettre aux élèves d’accéder à des ressources supplémentaires pour leur apprentissage.

4. Taux élevé d’abandon scolaire, particulièrement chez les filles

Le taux d’abandon scolaire en Guinée reste élevé, surtout chez les filles. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation, notamment la pauvreté, les mariages précoces, les travaux domestiques ou agricoles, ainsi que les préjugés sociaux qui favorisent l’éducation des garçons au détriment des filles. Cela perpétue les inégalités de genre et prive le pays d’un potentiel intellectuel et économique important.

Solutions proposées :

Programmes de sensibilisation : Mettre en place des campagnes de sensibilisation à l’importance de l’éducation des filles, impliquant les leaders communautaires, religieux, et les parents.

Soutien aux familles défavorisées : Offrir des bourses ou des aides financières aux familles défavorisées pour les encourager à maintenir leurs filles à l’école, et introduire des mesures pour lutter contre les mariages précoces.

5. Inadéquation entre les programmes scolaires et les besoins du marché du travail

Un des défis majeurs du système éducatif guinéen est que les programmes scolaires ne sont pas toujours alignés avec les réalités du marché du travail. Beaucoup de jeunes diplômés se retrouvent sur le marché de l’emploi sans les compétences techniques ou professionnelles requises, ce qui contribue au taux élevé de chômage des jeunes en Guinée.

Les programmes d’études sont souvent trop théoriques et ne préparent pas les élèves aux métiers pratiques ou aux secteurs en croissance comme l’agriculture moderne, la technologie ou l’entrepreneuriat.

Solutions proposées :

Réforme des programmes scolaires : Adapter les programmes scolaires pour qu’ils soient plus orientés vers les compétences pratiques et techniques, en intégrant des matières telles que l’informatique, l’entrepreneuriat, et les technologies agricoles.

Développement de l’enseignement technique et professionnel : Promouvoir l’enseignement technique et professionnel, en créant des écoles spécialisées dans des domaines porteurs comme l’agriculture, les énergies renouvelables, et les technologies de l’information.

Conclusion

La qualité de l’éducation en Guinée représente un enjeu crucial pour le développement du pays. L’amélioration des infrastructures scolaires, la formation des enseignants, l’accès aux ressources pédagogiques, la réduction de l’abandon scolaire, et l’adaptation des programmes aux réalités du marché du travail sont des axes prioritaires pour garantir une éducation de qualité. Il est essentiel que l’État, les partenaires internationaux, et les communautés locales travaillent ensemble pour surmonter ces défis et offrir aux jeunes guinéens les outils nécessaires pour réussir et contribuer au développement durable de leur pays.

Mamadou Dioulde SOW Coordinateur Préfectoral de la Maison des Associations et ONG de Guinée MAOG-PITA.