L’exfiltration de l’ancien président Dadis Camara et certains de ses proches confirmée –

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Les guinéens ont été réveillés ce matin par des tirs nourris d’armes automatiques et d’armes de guerre.

Ces tirs ont été entendus dans le centre de la capitale guinéenne Conakry, où les accès furent bloqués très tôt ce samedi 4 novembre 2023.

Et les raisons de ces coups de feu sont désormais connues.

Car selon les informations relayées par les médias de la place et les témoignages de certains hauts gradés de l’armée qu’on a contacté, mais qui ont voulu gardé l’anonymat, l’exfiltration de l’ancien président Dadis Camara, ses proches collaborateurs Claude Pivi, Tiegboro Camara, Blaise Gomou est une évidence.

Les auteurs de cette évasion, parmi lesquels se trouvaient le fils de Claude Pivi, Sergent verni Pivi, serait à l’origine de cette évasion spectaculaire digne d’un film hollywoodien.

Ces militaires lourdement armés et très professionnels ont pénétré sans résistance aucune la maison d’arrêt de Coronthie où se trouvent incarcérés plusieurs personnalités du pays pour différents chefs d’accusation.

Et ils ont donc réussi à les exfiltrer pour une destination inconnue.

Les autorités militaires et judiciaires sont à leurs trousses.

Quant à Tiegboro Camara, il se serait rendu aux autorités et n’a pas voulu continuer la cavale avec les auteurs de cette exfiltration rocambolesque.

L’ancien président Dadis Camara, ses proches collaborateurs Claude Pivi, Tiegboro Camara, Blaise Gomou sont détenus et poursuivis depuis plus d’un an dans la maison d’arrêt de Coronthie dans l’affaire des massacres du 28 septembre 2009.

Ce procès tant attendu suscite beaucoup d’intérêt en Guinée et au-delà des frontières guinéennes.

Mais la nature du procès interrompu à plusieurs reprises interroge et inquiète. Car beaucoup accusent le régime militaire guinéen d’avoir tout mis en œuvre pour donner un caractère ethniciste à ce procès.

Ils sont parvenus à travers ce procès à diviser les guinéens et creuser davantage le fossé entre les populations du Sud de la Guinée et les autres qui soutiennent Toumba Diakité désigné tout récemment sur fond de démagogie comme ambassadeur de la paix.

Lentement, mais sûrement et surtout très dangereusement la Guinée de l’ancien légionnaire français Mamady Doumbouya bascule dans l’anarchie, la violence et dans ce qu’elle a de plus effroyable : tous les ingrédients d’un cocktail explosif sont réunis.

Cette exfiltration dans cette partie de la capitale guinéenne qui semble être la plus surveillée interroge

Selon un haut gradé de l’armée guinéenne qu’on a pu avoir aujourd’hui au téléphone, cette évasion est vraisemblablement organisée par l’État guinéen afin d’empêcher la comparution de certains témoins clés dans le procès des massacres du 28 septembre 2009 en cours.

Une piste qu’il ne faut pas négliger. Car nous sommes en Guinée, un pays où l’ordre des choses est fortement perturbé, où tout ce qui est interdit est permis.

Car comment ces commandos ont pu pénétrer Kaloum où se trouve concentrées les forces spéciales de l’armée guinéenne, et positionnées non loin de la maison d’arrêt de Coronthie et puis repartir sans résistance aucune?

Comment peut-on maintenir de telles grandes personnalités dans une prison avec une garde pénitentiaire ordinaire, non armée?

En tout état de cause cette évasion nous rappelle que la République de Guinée est défaillante, mal gouvernée, incontrôlable et minée par le gangstérisme d’État.

On voit aussi à travers les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux que l’organisation de cette évasion était minutieuse.

Les commandos ont surtout profité des failles irrationnelles au sein de la maison d’arrêt de Coronthie dont le ministre de la justice sélective guinéenne, Charles Wright qui confond la maison d’arrêt de Coronthie à un centre de loisir est comptable.

Dans un pays bien géré, on doit s’attendre au limogeage des cadres chargés des services spéciaux, des renseignements généraux et de la gestion de la maison d’arrêt de Coronthie.

Quant aux évadés, ne soyons pas surpris, s’ils ne mettent pas la main sur eux.

Aïssatou Chérif Baldé

African-panorama.com