L’OMS regrette le retrait des Etats-Unis décrété par Donald Trump, l’UE et la Chine inquiètes

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(FILES) This photograph taken on December 2, 2021, shows a sign of the the World Health Organization (WHO) next to theirs headquarters, in Geneva. Donald Trump signed a blizzard of divisive presidential orders as he was sworn in for a historic second term on January 20, 2025, pardoning supporters who violently attacked the US Capitol and clamping down on immigration, even as he vowed a new "golden age" for America. Trump also withdrew the United States from the Paris climate accord and the World Health Organization and threatened huge trade tariffs on neighboring Canada and Mexico in a whirlwind return to the White House. (Photo by Fabrice COFFRINI / AFP)

Le nouveau président a annoncé lundi 20 janvier que son pays, principal donateur, allait quitter l’Organisation mondiale de la santé, une décision qui préoccupe les experts. L’Union européenne et Pékin, eux, réaffirment leur soutien.

Il n’aura fallu que quelques heures après son investiture, lundi 20 janvier, pour que Donald Trump annonce par décret retirer les Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’écart des contributions financières américaines et chinoises serait à l’origine de ce retrait. «L’OMS nous a escroqués», a tranché le 47e président des Etats-Unis.

 

Dans le décret, Donald Trump exhorte les agences fédérales à «suspendre le transfert futur de tout fonds, soutien ou ressource du gouvernement des Etats-Unis à l’OMS» et les enjoint d’«identifier des partenaires américains et internationaux crédibles» capables d’«assumer les activités précédemment entreprises par l’OMS». De son côté, l’organisation «regrette» cette décision et espère que le président américain fera marche arrière. Un porte-parole de l’OMS à Genève, Tarik Jasarevic, a appelé ce mardi à «un dialogue constructif avec les autorités américaines», avant d’ajouter : «Nous espérons que les Etats-Unis vont revoir leur position et s’engageront dans un dialogue constructif pour le bien de la santé et du bien-être de millions de personnes dans le monde.»

 

Pékin a pour sa part assuré ce mardi que son soutien à l’OMS ne faiblirait pas. «Le rôle de l’OMS doit être renforcé, pas affaibli», a martelé le porte-parole de la diplomatie chinoise, Guo Jiakun. «La Chine, comme elle l’a toujours fait, soutiendra l’OMS dans la réalisation de ses missions» pour promouvoir «la santé de l’humanité», a-t-il ajouté ce mardi 21 janvier. L’Union européenne «voit avec inquiétude» ce retrait. «Nous sommes déterminés à coopérer avec nos partenaires américains et nous espérons que cette annonce est encore en cours d’examen», a déclaré Eva Hrncirova, porte-parole pour les questions de santé de la Commission, depuis Bruxelles.

 

Si ce retrait n’est pas une surprise, il soulève des enjeux de taille : les Etats-Unis sont le principal donateur et partenaire de cette organisation onusienne. Leur départ de l’organisation devrait donc déclencher une restructuration importante de l’institution et pourrait nuire aux efforts mondiaux en matière de santé publique, notamment de surveillance et de lutte contre les épidémies.

 

Un risque de pandémie

En se retirant de l’organisation, les Etats-Unis vont perdre un accès privilégié à des données de surveillance épidémique importantes, ont mis en garde plusieurs experts, ce qui pourrait nuire aux capacités de surveillance et de prévention des menaces sanitaires venues de l’étranger. L’OMS joue en effet un rôle central de coordination lors de situations d’urgence sanitaire mondiale. «La décision de quitter [l’OMS] affaiblit l’influence de l’Amérique, augmente le risque d’une pandémie mortelle et nous rend tous plus vulnérables», a fustigé sur X Tom Frieden, ancien haut responsable sanitaire sous l’administration de Barack Obama.

 

Crible

Les agences de santé américaines et entreprises pharmaceutiques dépendent également de l’Organisation mondiale de la santé «pour obtenir les données nécessaires au développement de vaccins et de thérapies», relève Lawrence Gostin, professeur du droit de la santé publique à l’université de Georgetown. «Au lieu d’être les premiers à recevoir des vaccins, nous serons en queue de peloton. Le retrait de l’OMS inflige une blessure profonde à la sécurité des Etats-Unis et à notre avantage concurrentiel en matière d’innovation», a-t-il regretté sur X.

 

Ce choix du milliardaire républicain inquiète d’autant plus qu’il survient au moment où la forte circulation du virus de la grippe aviaire aux Etats-Unis accentue les craintes d’une prochaine pandémie. Le pays a recensé début janvier un premier mort humain lié au virus H5N1.

Libération