N’Zérekoré: « des corps sont alignés à perte de vue dans l’hôpital »

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Le gouvernement guinéen a rapporté qu’au moins 56 personnes avaient été tuées lors d’affrontements entre supporters de football, dimanche. Selon la presse, ils se sont déroulés lors d’un tournoi dédié au chef de la junte, le général Mamady Doumbouya.

Des affrontements entre supporters au cours d’un match de football ont fait au moins des dizaines de morts, dimanche 1er décembre à N’Zérékoré, dans le sud-est de la Guinée, ont dit à l’AFP des sources médicales. Le gouvernement guinéen indique qu’au moins 56 personnes y ont trouvé la mort.

« Il y a une centaine de morts », a assuré auprès de l’AFP un médecin de l’hôpital régional sous le couvert de l’anonymat car n’étant pas habilité à s’adresser aux médias. « Des corps sont alignés à perte de vue dans l’hôpital. D’autres sont allongés à même le sol dans les couloirs. La morgue est pleine« , a-t-il commenté. « Il y a des dizaines de morts », a dit un autre médecin.

 

Des supporters en colère ont vandalisé et incendié le commissariat de N’Zérékoré, selon des témoins.

 

Le gouvernement est resté dimanche soir silencieux sur le drame.

Dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et dont l’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité, on voit de nombreux corps inertes. D’autres vidéos circulant sur les réseaux montrent des scènes de grande confusion dans les rues à la suite du déclenchement des affrontements.

 

« Tout est parti d’une contestation d’une décision de l’arbitre. Des supporters ont alors envahi l’aire de jeu », a dit à l’AFP un témoin sous le couvert de l’anonymat pour sa sécurité.

 

Des tournois en soutien à une éventuelle candidature de Mamady Doumbouya

Selon la presse, il s’agissait d’un tournoi dédié au chef de la junte, le général Mamady Doumbouya, arrivé au pouvoir après un coup d’État en septembre 2021 et qui s’est depuis investi président.

 

De tels tournois prolifèrent ces dernières semaines en Guinée, des événements perçus comme des témoignages de soutien à une éventuelle candidature de Mamady Doumbouya à la prochaine élection présidentielle.

 

La junte s’était initialement engagée, sous la pression internationale, à céder la place à des civils élus avant fin 2024. Elle a fait savoir depuis qu’elle manquerait à sa promesse.

 

Plusieurs représentants de Mamady Doumbouya se sont dits récemment favorables à sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Mais la « charte de la transition » établie par la junte peu après le coup d’État impose qu’aucun membre de la junte ne pourra se présenter « ni aux élections nationales ni aux élections locales ».

 

Les autorités avaient indiqué fin septembre que tous les scrutins devant concourir au retour de l’ordre constitutionnel se tiendraient en 2025.

 

Elles ont présenté fin juillet un avant-projet de Constitution avec l’objectif de le faire voter par référendum avant la fin de l’année. Mais aucune date n’a encore été arrêtée pour soumettre à la population ce texte rejeté par les principaux partis d’opposition et organisations de la société civile.

 

La junte cherche à faire taire toute forme de contestation, interdisant les manifestations et les médias critiques. Nombre de dirigeants de l’opposition ont été arrêtés, mis en cause devant les juges ou poussés à l’exil. Début juillet, deux responsables d’un mouvement citoyen dissous qui réclame le retour des civils au pouvoir ont disparu.

 

Avec AFP