Afrique, Chine, États-Unis, France et Russie : le monde s’effondre-t-il?  ( Par Goikoya Kolié)

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Du voyage d’Antony Blinken en Chine pour réprimander la vitalité de l’industrie technologique chinoise, qui distance loyalement et de manière abyssale tous ses concurrents dans les technologies du XXIème siècle et notamment les énergies verstes, les véhicules électriques et les batteries; à l’expulsion de l’armée américaine du Niger; aux menaces de recolonisation de l’Afrique proférées de plus en plus clairement, sans circonlocution, ni ménagement, par des autorités civiles et militaires de la France; en passant par l’arrivée au pouvoir au Sénégal du ticket de parias Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, un nouveau monde multipolaire semble irréversiblement en éclosion, en Afrique en tout cas, alors que les tenants de l’ancien monde appréhendent nerveusement la revanche d’un Sud global agacé de leurs excès, abus, exactions, mensonges, supercherie, paternalisme, suprématie raciale, culturelle et économique.

Enjeux de la visite en Chine du secrétaire d’État américain.

C’est un balai diplomatique à l’initiative d’un empire asthénique, qui conduit des personnalités américaines de premier plan en Chine en avril 2024, dans l’espoir de lénifier un géant que rien de semble pouvoir l’arrêter. Janet Yellen, la secrétaire américaine au Trésor en déplacement en Chine quelques jours avant son collègue des affaires étrangères, était allée morigéner les chinois sur leur supposée « surcapacité » de production, en soulignant que Washington n’acceptera pas le déferment de produits chinois prétendument vendus à perte sur le marché mondial, ce qui selon Washington, mettrait en péril la concurrence des entreprises américaines.

Le voyage du secrétaire d’État américain en Chine donne tout son sens à l’expression « Piège de Thucydide », qui décrit ce concept des relations internationales qui désigne une situation dans laquelle une puissance dominante, dans le cas en l’espèce les États-Unis, entre en guerre avec une puissance émergente, ici la Chine, la première étant poussée par la peur que suscite chez cette dernière du fait de la montée en puissance de sa rivale.

Les États-Unis n’entendent pas se laisser usurper leur pouvoir structurel, en vertu duquel, ils ont déterminé, dicté et guidé la conduite du monde depuis quasiment 1945 et plus intensément depuis 1990, au gré de leurs seuls et uniques intérêts économiques, militaires, géopolitiques et géostratégiques.

Jusqu’à l’émergence absolument fulgurante et inexorable de la Chine, à partir de la fin des années 2000, les États-Unis étaient le maître incontesté de l’économie mondiale. Washington s’était arrogé le pouvoir structurel de fixer, seul, toutes les règles économiques et commerciales.

Cela allait des technologies du XXème siècle à celles du XXIème, en passant par la puissance monétaire accompagnée de gigantesques pouvoirs juridiques extraterritoriaux.

Aujourd’hui, Washington soupçonne la Chine avec raison, de lui disputer son hégémonie et de vouloir imposer ses propres règles sur l’économie mondiale, puisqu’au cours des 40 dernières années, la Chine est parvenue et continue à développer ses propres technologies et à les rendre internationales, ce que l’Amérique considère comme jouer sur ses platebandes.

Le vent de panique vient notamment de ces études économiques qui observent que la Chine est aujourd’hui précurseur de 37 des 44 technologies du futur avec ses dépôts de brevets en la matière notamment. L’exportation par la Chine de quantités énormes de panneaux solaires, de véhicules électriques de grande qualité et de batteries, à des prix défiant toute concurrence, devient un irritant majeur pour les États-Unis qui ne montrent uniquement plus leurs dents, mais semblent plutôt prêts à la guerre économique du Péloponnèse des temps modernes.

 

Le message de Blinken fait revivre Thucydide. Washington par la voix de son secrétaire d’État, estime que la Chine ne respecterait pas les règles du libre marché, puisqu’elle subventionnerait « massivement » les industries chinoises, ce qui mènerait à leur « surcapacité » et permettrait ainsi aux entreprises chinoises d’inonder le marché mondial avec des produits moins chers. Les États-Unis reprochent à la Chine ce qu’ils qualifient de « surcapacité de production et de surproduction » que le marché intérieur chinois n’arriverait pas à absorber à lui seul.

Certains analystes politiques asiatiques, européens et même américains, totalement insensibles aux jérémiades victimaires de Washington observent qu’il ne s’agit ni plus ni moins qu’une attaque en règle contre la philosophie du libre marché, de la mondialisation et de la loi de l’économie de marché, qui ont pourtant tous été institués par les États-Unis d’Amérique, pendant que d’aucuns y voient un aveu d’échec des États-Unis qui se voient résolument devancés par leur concurrent chinois surtout dans le domaine des nouvelles technologies. D’où la diabolisation médiatique, selon leur lecture, de Huawei, avant son interdiction pur et simple aux États-Unis et dans les pays satellites de l’Oncle Sam, sous de fallacieux prétextes de menace à la sécurité nationale de l’Amérique, soulignent-ils.

Pour l’essayiste français, immigré à Hong Kong, David Baverez, l’Amérique s’est engagée dans une guerre-froide qui ne nuit pas pour l’instant aux échanges mutuellement bénéfiques de 700 milliards de dollars qu’entretiennent annuellement les deux pays. Invité d’un média français pour débattre du voyage de M. Blinken en Chine, M. Baverez explique que les États-Unis auraient fait savoir aux chinois qu’ils n’ont pas « droit aux technologies du 21ème siècle », qui seraient l’apanage exclusif de l’Amérique, alors que celles du 20ème siècle (automobile à combustion, chimiques) seraient laissées aux Chinois. « TikTok est l’illustration de la technologie du 21ème siècle sur laquelle la Chine est en avance sur les États-Unis d’où son interdiction dans le but de prendre possession de son algorithme de manière à pouvoir rattraper la Chine, » déclare l’auteur de notamment, Bienvenue en économie de guerre.

Avec ses excès d’hubris et ses oukases débilitants, l’Amérique trahit les politiques économiques qui ont construit sa puissance et forcée son admiration partout sur la planète, peut-on lire sur les réseaux sociaux. Mondialisation, libre-échange, loi du marché, deviennent tous de vains mots lorsque la Chine bat à plate couture les États-Unis dans tous les domaines liés aux technologies du futur, de l’intelligence artificielle, des panneaux solaires, de la voiture électrique aux batteries. Joe Biden porte lui-même le message et multiplie les déclarations hostiles à ses concurrents.

En campagne électorale, le président américain affectionne de taper sur la Chine pour émoustiller ses électeurs. Entre panache mélancolique victimaire et déclarations purement folkloriques, le maître se Washington indique souvent à une audience conquise d’avance, qu’il ne souhaite pas se battre contre la Chine et qu’il souhaiterait que celle-ci respecte les règles.

À noter qu’il est question de règles définies par les États-Unis, qu’on retrouve par exemple dans le cas en l’espèce, dans l’Accord instituant l’Organisation mondiale du commerce OMC et dans ses différents Accords et Annexes. Ces règles américaines qui gouvernent le monde, que l’Amérique elle-même, lorsque nécessaire à ses intérêts, elle peut les éborgner, ne seraient pas respectées par la Chine.

Joe Biden explique à son audience que les entreprises sidérurgiques chinoises produisent beaucoup plus d’aciers que la Chine n’en a besoin, qu’elle finirait par déverser l’excédent sur le marché extérieur, à des prix qui seraient déloyalement bas. Ces prix, une fois de plus seraient déloyalement bas selon M. Biden parce que les entreprises chinoises n’auraient pas à se soucier de faire des bénéfices, dans la mesure où le gouvernement chinois les subventionnerait abondamment. Elles ne seraient donc pas en concurrence puisqu’elles tricheraient.

Il faut constater que l’heure est grave pour les concurrents de la Chine. L’empire du milieu détient dorénavant les usines automobiles les plus sophistiquées au monde.

C’est notamment le cas du constructeur de voiture électrique de luxe Zeekr, qui produit aujourd’hui une voiture à la minute avec seulement 2000 employés, puisque tout est automatisé dans l’usine qui s’approvisionne également presqu’exclusivement en Chine pour les composant dans elle a besoin.

Avec trois quart des batteries produites dans le monde, la Chine domine l’ensemble de la chaine de valeur des voitures électriques. La Chine est aujourd’hui une puissance automobile de premier plan, notable par exemple chez BYD, le numéro Un chinois de l’automobile, qui a produit plus de voitures électriques que l’américain Tesla au dernier trimestre 2023. La Chine a ainsi dépassé le Japon pour devenir le premier exportateur mondial de l’automobile. Rappelons que le Japon via Toyota, avait lui-même ravi cette position à l’américain GMC

Les Américains mettent leurs menaces à exécution, non pas auprès des institutions de justice internationale qu’ils ont impulsée : la division des affaires juridiques de l’OMC par exemple. Ils ont plutôt décidé de prendre les grands moyens pour faire entendre leur raison à la Chine.

C’est dans cet esprit qu’une loi interdisant TikTok sur le territoire américain, a été adoptée le 23 avril au Sénat. Les élus de la chambre haute du parlement donnent un délai de 12 mois à ByteDance, le géant chinois du divertissement et la maison-mère de TikTok, à le vendre à des citoyens corporatifs américains, sous peine d’exclusion des boutiques d’applications des téléphones intelligents dans le pays.

La première démocratie du monde accuse l’application chinoise d’être plutôt sous le contrôle du régime communiste chinois, qui s’en servirait pour espionner ses 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis.

Pour le parton de TikTok, Shou Zi Chew, la décision américaine est sans aucun doute un bannissement qui vise avant tout la liberté d’expression de ses membres, ce qui est une atteinte grave selon lui à une des valeurs que promeuvent les ÉU dans le monde et qui font de l’Amérique un symbole de la liberté d’expression. M. Zi Chew estime que sa plateforme offre à chaque membre Américain un puissant moyen d’être vu et entendu, ce qui explique pourquoi ce réseau social fait partie de leur quotidien. L’homme d’affaire chinois rassure ses abonnés qu’il n’ira nulle part et qu’il continuera à se battre devant les tribunaux américains pour leurs droits. Il ajoute que les faits et la Constitution américaine sont de leur côté. Les États-Unis emboiteraient donc le pas aux pays réputés pour être des champions de la liberté d’expression, tel que l’Afghanistan, la Corée du Nord, l’Iran et la Somalie, sinistre liste à laquelle l’Inde s’ajoute, pour interdire TikTok.

De grotesques accusations infondées et juridiquement indéfendables ou ironie de l’histoire? 

 

Les détracteurs de l’administration Biden et parfois mêmes certains trumpistes, font savoir à quel point les faits peuvent être têtus, en référence notamment aux files de Wikileaks ayant permis de découvrir que les États-Unis aussi infiltraient absolument tous les systèmes de communication de toute la planète, sans épargner pour cela leurs propres amis et alliés. Le journaliste australien Julian Assange croupit dans des prisons anglaises en attendant une improbable extradition aux États-Unis pour avoir fait un excellent travail de journalisme, soutient l’ancien ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, en révélant au monde entier que les ÉU espionnaient notamment la chancelière allemande de l’époque, Angela Merkel. Lorsqu’en duo, le journaliste Russe et critique de Vladimir Poutine, Dmitri Mouratov reçoit en 2021 son prix Nobel de la paix pour son « combat courageux pour la liberté d’expression », beaucoup d’intellectuels de gauche y voient une manipulation politique du comité Nobel norvégien, en lui reprochant de ne pas savoir faire la même lecture dans le journalisme militant de M. Assange, qui selon eux paie un lourd tribut pour la défense de ce même idéal, dans un monde où la démocratie et la liberté de la presse sont confrontées à des conditions de plus en plus dégradantes. Défendant son choix de nominer Julian Assange pour le prix Nobel de la paix 2023, Marcello Ferrada de Noli, professeur émérite et président de l’association des docteurs suédois pour les droits de l’homme, estime que « celui qui a été le pionnier du seul antidote contre les guerres basées sur la tromperie, mérite aussi le prix Nobel de la paix ».

De nombreux diplomates, des académiciens, des professeurs et mêmes des parlementaires à travers le monde font remarquer que des années avant l’émergence de la Chine, les États-Unis ont eux-mêmes abusé de leur position dominante sur l’économie mondiale pour pratiquer intentionnellement des prix prédatoires presque partout sur la planète et particulièrement dans ce qui était alors appelé le tiers-monde, éliminant ainsi toute concurrence locale à travers une politique de dumping économique classique.

 

La professeure canadienne d’origine haïtienne, Jamima Pierre, rappelle douloureusement l’abattage dans les années 80 du cheptel de porc de son pays d’origine, pour être remplacé par les importations de porc américain, ce qui a anéanti les activités économiques des éleveurs de bovins d’une île sur laquelle le sort de la prédation humaine s’acharne. Des milliers d’universitaires en Amérique latine, soutiennent que plusieurs coups d’État visant à remplacer des gouvernements de gauche par des régimes autoritaires de droite, militaires ou civils, impliquant l’intervention des États-Unis, visaient en réalité la mise en œuvre d’une politique de dumping économique complaisamment soutenue par ces dirigeants totalitaires eux-mêmes soutenus par les régimes successifs de Washington.

Des universitaires africains font également remarquer que tous les secteurs de l’activité économique du continent noir sont également la proie des politiques de dumping économique de la part de toutes les puissances économiques partenaires, et ce sans la moindre exception. L’Afrique subit de plein fouet les politiques de protectionnisme économique et de subventions massives que les géants de ce monde allouent à tous les secteurs d’activités économiques de leurs pays respectifs.

L’Europe de l’Ouest, alliée traditionnelle des États-Unis, s’inquiète et dénonce régulièrement les subventions massives qu’apporte Washington aux secteurs industriels au point de bouleverser, donc de piétiner les règles de l’OMC, que la Chine serait seule à violer.

L’Inflattion Reduction Act, ou la Loi sur la réduction de l’Inflation qui entend réindustrialiser les États-Unis à travers d’énormes subventions fait paniquer les européens. John Podesta, architecte de cette politique économique irrévérencieusement assumée de l’administration Biden, va de cette mise en garde à l’égard de ses alliés mais aussi de la Chine et du reste du monde :

« Nous n’allons pas nous excuser du fait que les dollars du contribuable américain doivent financer les investissements et les emplois américains ».

Malheureusement pour les États-Unis et heureusement pour l’allié européen, le fait est que Washington n’a pas les coudées franches en termes de pouvoir financier pour injecter de l’argent dans son économie à la hauteur des énormes pouvoirs financiers du parti communiste chinois.

Ceci expliquerait aussi la rancœur des américains vis-à-vis du concurrent chinois, qui lui, ne souffre d’aucun problème de trésorerie ni de décaissement, en raison d’une politique étatique dirigée, planifiée extrêmement efficace, qui permis d’amasser abondamment d’argent.

Le désengagement économique américain par rapport au respect des règles du commerce international lorsque bon lui semble, est critiqué par les alliés des États-Unis depuis de longues années, puisque certains n’hésitent pas à parler au sein de l’Union européenne de disparité dans la concurrence, tout en exigeant de Bruxelles des mesures de rétorsion ou en tout cas de rééquilibrage, pour dit-on aplanir les distorsions que causeraient les subventions américaines massives du plan climat de Joe Biden.

Le Farm Bill ou projet de loi sur l’agriculture 2023-2008 prévoit de répartir 7,2 milliard de dollars entre les 15 % des agriculteurs américains qui constituent les plus gros producteurs qui réalisent 85 % de production agricole aux États-Unis.

Dans un rapport de novembre 2010, Peter Clark, président de Grey, Clark, Shih Associates Limited, mentionnait le fait que le gouvernement fédéral américains et les États de la fédération américaine continuaient de subventionner leurs industries agricoles au moyen d’un dédale de programmes qui s’élevaient à 80 milliards de dollars en 2009. M. Clark soulignait le fait que :

« Les États-Unis continuent de fournir un soutien massif – parfois sous-déclaré à l’Organisation mondiale du commerce – au niveau des gouvernements fédéral, des États et locaux à l’agriculture américaine. Les producteurs laitiers américains sont parmi les principaux bénéficiaires de ce soutien grâce à un réseau complexe de soutien direct et de programmes et de mesures indirects ».

C’est donc par pure mauvaise foi que les américains peuvent accuser la Chine de concurrence déloyale alors que tous les pays développés injectent des milliards de dollars dans les activités économiques et industrielles de leurs pays respectifs. Voyant les choses de la même manière, le colonel Jacques Baud regrette pour sa part une aberration sans borne.

« On essaye de créer des formes de protectionnisme de distorsion du marché tout simplement parce que nos entreprises ne sont plus capables de produire des technologies évoluées à des prix qui sont compétitifs.

Dire que la Chine ne respecte pas les règles du jeu, c’est allé trop vite en besogne et oublié que notamment aux États-Unis, les entreprises dans les hautes technologies du futur, des énergies renouvelables, les véhicules électriques, etc., sont très largement subventionnée par les américains et que le gouvernement américain y a alloué plus de 800 milliards de dollars de subvention. Donc, cette idée que les chinois, eux, ne jouent pas le jeu est totalement absurde dans la mesure où les occidentaux font exactement la même chose pour promouvoir une industrie qui a de la peine à décoller, » a déclare l’analyste stratégique et spécialiste du renseignement et du terrorisme. Nous pensons qu’il y va de la crédibilité des États-Unis d’emprunter les voies légales de règlement des différends commerciaux.

L’expulsion de l’armée américaine du Niger.

Le Niger et les pays de l’Alliance des États du Sahel symbolisent aujourd’hui du côté africain la bascule en cours dans le monde unipolaire piloté par Washington et ses alliés.

En mars dernier, le président Abdourahamane Tiani du Niger refusait de recevoir une délégation américaine conduite par Molly Phee, sous-secrétaire d’État aux affaires africaines, flanquée de Celeste Wallander, secrétaire d’État adjointe à la défense et du général Michael Langley, commandant en chef du commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom).

Ces hauts dignitaires américains c’étaient s’introduits par effraction dans le pays membre de la Charte du Liptako-Gourma, alors que cette visite a été décrétée de manière unilatérale par le régime Biden, au mépris de tous les usages diplomatiques bienséants exigeants un minimum de révérence à l’égard des partenaires.

Après avoir injecté 100 millions de dollars dans la construction de ce qui est considérée comme la plus grande base de drones de l’armée américaine à l’extérieur des États-Unis, où seraient abrités 1.000 soldats américains.

L’armée américaine était prétendument engagée au Niger dans la lutte « antijihadiste » et ce pendant plus d’une décennie, sans réussir à vaincre des terroristes sur motos.

 

Jugeant illégale « l’accord » de coopération militaire imposé là aussi unilatéralement par les États-Unis à leur pays, avec la complicité d’un de ces fameux présidents « démocratiquement élus », les autorités nigériennes l’ont dénoncé en mars 2024. Plusieurs raisons expliquent le ras le bol de l’administration Tiani, d’un peuple et de tout un continent, qui n’en peuvent plus de supporter les impolitesses, les injonctions, les menaces, les intimidations, les foutaises et les actes de paternalisme et de condescendance de leurs partenaires américains, mais aussi des français et de tous ces européens qui ne se sont jamais réellement affranchis du regard viscéralement raciste qu’ils portent sur l’Afrique et sur les Africains, depuis l’époque qu’ils pratiquaient sur ces derniers un esclavage destructeur et féroce, métamorphosé aujourd’hui en coopération militaire, en aide publique au développement et en plaidoyer pour l’instauration d’une démocratie exogène.

Répondant avec beaucoup de promptitude, de dignité et de fierté, le général Tiani, par la voix du colonel Amadou Abdramane, porte-parole du gouvernement nigérien lâche une bombe, en raison de menaces proférées par les officiels américains : « Le gouvernement du Niger, prenant en compte les aspirations et les intérêts de son peuple, décide en toute responsabilité de dénoncer avec effet immédiat l’accord relatif au statut du personnel militaire des États-Unis et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire du Niger ».

Le Niger dénonce une présence militaire américaine « illégale, en violation de toutes les règles constitutionnelles et démocratiques », imposée unilatéralement par les États-Unis, via «une simple note verbale du 6 juillet 2012 ». A u Washington Post, le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine avait expliqué que le Niger avait décidé de rompre sa coopération militaire avec les États-Unis, en raison des intimidations de Mme Phee. Il souligne que la secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines avait menacé les autorités de Niamey de sanctions si le Niger signait un accord pour vendre de l’uranium à l’Iran.

« Premièrement, vous venez ici nous menacer dans notre pays. C’est inacceptable. Et vous venez nous dire avec qui nous pouvons avoir des relations, ce qui est également inacceptable. Et vous le faites avec un ton condescendant et un manque de respect », affirme avoir alors répondu M. Zeine.

Ces quelques éléments de l’accord militaire qui ont fuité dans certains médias africains, on attiré notre attention :

« Tout le personnel militaire et non militaire qui travaille avec l’ambassade des États-Unis ou en collaboration avec elle doit être automatiquement considéré comme agent diplomatique; tout personnel militaire ou non qui travaille avec les ÉU doit pouvoir entrer et sortir du Niger avec une simple carte d’identité délivrée par le gouvernement américain ou délivré par n’importe quel État américain sans difficulté; toutes licences professionnelles et tout permis délivrés par les ÉU, quelque soit l’État américain doivent être acceptés au Niger; tout document délivré par les ÉU doit être considéré par le Niger comme étant légal et avoir poids d’autorité sur le sol nigérien; les permis de conduire délivrés par les ÉU à leur personnel ne doivent se voir opposer aucun test de conduite ni le moindre frais à payer et ce quelque soit le type de véhicules; le personnel militaire américain a le droit de porter ses armes et ses uniformes dès lors qu’il reçoit l’autorisation du gouvernement américain et le Niger ne peut procéder à la fouille de leurs véhicules, ni de leur opposer une quelconque interdiction de port d’arme; le Niger reconnait que le gouvernement américain est la seule autorité à exercer justice sur tout personnel américain travaillant sur le sol nigérien; le personnel de la défense des États-Unis et de leur ambassade ne paient aucune taxes et aucun impôt tant qu’ils sont sur le sol nigérien et ils ont le droit d’importer tout ce qui est nécessaire, de leur alimentation jusqu’aux matériels de défense et ils sont exemptés de toute inspection; les véhicules du personnel de défense ont le droit de circuler librement et partout où ils le souhaitent sans payer de taxe; les avions de la défense américaine sont exemptés de taxe d’atterrissage et de taxe de parking; toutes les exemptions accordées au gouvernement nigérien doivent être les mêmes que celles accordées au gouvernement américain; le gouvernement américain se réserve le droit de construire ce qu’il veut et où le souhaite sur le sol nigérien et le gouvernement nigérien doit laisser entrer tous les matériaux nécessaires à la constructions des édifices; le gouvernement nigérien doit donner accès à tout le spectre de radio fréquence du Niger au département américain de la défense ».

Il ressort de ce qui précède que les États-Unis n’entretenaient pas de coopération militaire avec le Niger, et qu’ils c’étaient plutôt introduits dans le pays par effraction, d’autant plus que la convention à laquelle le Niger a adhéré contre son plein gré n’était bénéfique qu’aux seuls américains, puisque nulle part dans ce document quasi exhaustif, il n’est question de coopération ou de possibilité d’achat d’armes létales pour équiper l’armée nigérienne. De passage au congrès américain en avril 2024 pour le renouvèlement du budget alloué à sa mission, le général Michael Langley a clairement expliqué aux élus américains que leur présence militaire au Niger et en Afrique était pour « l’influence et les accès », ce qui est loin des sornettes du père Noel venu protéger les africains contre les terroristes.

Les menaces de recolonisation militaire de l’Afrique de plus en plus précises des autorités françaises.

Le général François Lecointre, ancien chef d’état-major de l’armée française, ne fait pas de mystère sur les intentions et les ambitions de recolonisation et d’esclavagisation de l’Afrique : « on ne fait pas la guerre pour la démocratie mais pour les intérêts de la France », affirme-t-il.

Les propos esclavagistes tenus en fin avril par François Lecointre sont extrêmement véhéments, impétueux, violents, dangereux, intempestifs et insupportables.

Malgré la brutalité congénitale de paroles volontairement prononcées pour injurier, blesser, menacer, intimider et choquer, François Lecointre laisse transparaitre un profond sentiment de vulnérabilité morbide, de faiblesse et d’impuissance d’une France adynamie, qui n’a ni les moyens, ni les effectifs, ni même le courage ou les couilles de s’en prendre seule à l’Afrique. Lorsqu’il affirme que l’Afrique est leur destin commun à eux Européens et qu’ils ont « en permanence eux français essayé d’entrainer les Européens dans cette prise de conscience de la nécessité d’agir collectivement en Afrique et en méditerranée », il souligne l’incapacité de la France d’agir seule en Afrique, d’où le besoin d’agir en meute de prédateurs dans l’esprit de reproduire les desseins de la conférence de partage de l’Afrique de Berlin 1884/1885.

Lorsque Lecointre déclare qu’ « un continent entier est en train de s’enfoncer dans la destruction des appareils de gouvernement et des États, qui s’enfonce dans une forme de chaos et de guerres civiles dans beaucoup de pays et de plus en plus de pays, nous aurons l’obligation de retourner et d’aider ses pays africains », il fait abstraction du génocide en cours à Gaza, donc, du génocide aux portes de la France, où 35 000 enfants, femmes, civils, personnel des Nations-Unies, journalistes et médecins sont indistinctement massacrés par l’armée de leur allié Benyamin Netanyahou et ce, avec notamment les armes fabriquées par la France.

Lecointre fait également abstraction de la guerre fratricide au nord de l’Europe où ils ont poussé un comédien devenu président à provoquer la Russie dans l’espoir machiavélique d’affaiblir cette dernière. Lecointre ajoute l’insulte à l’injure en prétendant vouloir retourner en Afrique pour aider les Africains. Faut-il lui rappeler la sagesse africaine qui prévient le berger de redoubler de vigilance lorsque le prédateur affamé, dissimulant une faim vorace se montre soudainement amical à l’approche d’un troupeau de proie et se met à jouer à la sentinellel attentionnée?

Lorsque Lecointre mentionne le fait que « ce n’est pas la Chine et la Russie qui vont apporter des solutions durables aux très grandes difficultés que connaissent les pays africains », il omet de souligner que les armées dites les plus puissantes au monde se sont invitées au Sahel avec des armes de dernières générations les plus sophistiquées, allant jusqu’à construire une base de drones ou base secrète de la CIA, pour la guerre technologique au Niger et que plus d’une décennie plus tard, elles n’ont jamais été capables de localiser et neutraliser des centaines de milliers de terroristes se déplaçant régulièrement en procession sur motos, à découvert, dans les grands espaces du Sahel. Pire, Lecointre ravale sa dignité et omet de noter que le Nord du Mali sécessionniste, où des séparatistes soutenus par Paris, défilaient chaque année devant l’ambassadeur de la France et ses complices de l’ONU, a été libéré par l’armée malienne avec l’aide de l’armée Russe, ce qui a fait en sorte que la ville stratégique de Kidal est retournée sous l’autorité de l’État malien.

Lecointre oubli également qu’en seulement 40 ans, la Chine a sorti plus d’un milliard de ses populations de l’indigence et l’impécuniosité pour faire d’eux les premiers touristes du monde.

Faut-il expliquer à ce sordide avaricieux de colon français que l’Afrique ne compte pas sur la Chine pour se développer et que cependant, les Africains sont capables d’observer que leur partenariat avec la Chine porte des fruits alors que celui avec la France et ses alliés se passe dans la supercherie et la duplicité? Fau-il rappeler à la France que le métro d’Addis-Abeba a été réalisé par les chinois en 2015 à 475 millions de dollars, sur une distance de 31.6 km et que les 37 km du métro d’Abidjan, dont la construction par la France s’éternise, est estimé à 1,36 milliard d’euros, pendant que d’autres chiffres à jours font état de 2 milliard d’euros. Au regard de ces chiffres et exploits militaires indéniables, une personne saine d’esprit peut-elle consciencieusement déclarer que se sont Chinois et Russes qui violent l’Afrique?

François Lecointre fait également allusion au dynamisme de la démographie africaine qui fout la trouille aux autocrates de l’hémisphère nord, qui craignent le grand remplacement supposé.

Actualité obligeant, la guerre d’indépendance en Nouvelle-Calédonie lève le voile sur la politique de grand remplacement que le colon français déploie sur l’archipel mélanésien. Il faut remarquer que l’ancien chef d’état major des armées française fait aussi dans la désinformation, la manipulation, le mensonge pur et simple et la réécriture de l’histoire, lorsqu’il soutient que l’Afrique « est un continent qui va connaitre une explosion démographique comme aucun continent n’en a jamais connu »; il est carrément dans la haine splanchnique du peuple noir qui caractérise tous rapaces de son espèce, dans cette mesure.

Est-ce nécessaire d’enseigner au couard gaulois que c’est le trop plein d’une Europe qui se procréait comme des lapins qui s’est déversé sur les Amériques, ou qu’au moment de la conférence du partage de l’Afrique en 1885, l’Europe a plus de 400 millions d’habitants, alors que l’Afrique comptait à peine 100 millions d’habitants? Faut-il enseigner au péteux de l’armée française que la Chine compte 1,41 milliards d’habitants sur 9,60 millions km² et que l’Inde affiche 1,42 milliards de population qui s’étouffent sur une minuscule superficie de 3,29 millions km², et que ces deux pays réunis font le double de la démographie africaine de 1, 494 milliards d’habitants sur une superficie de 30,27 millions de km², sans compter le fait que l’Asie compte en 2024 plus de 4,7 milliards de populations?

Au regard des chiffres susmentionnés, il faut réaffirmer que l’Afrique est un continent qui a été sous-peuplé par les esclavagistes arabes et judéo-chrétiens et que le continent noir doit quintupler sa population pour s’arroger la place de géant qu’il mérite, en sa qualité de berceau de l’humanité.

Vu l’importance de ses pertes sur le terrain, la France ravale sa dignité sur le front diplomatique et demande à la Russie de s’entendre sur le dos des Africains. Dans une mêlée de presse tenue en janvier dernier, Sergueï Lavrov, l’inamovible ministre russe des affaires étrangères déballe tout. L’homme dévoile les dessous d’une rencontre diplomatique où le ton a oscillé entre cynisme et proposition indécente de collaboration. Un média français rapport ces événements ubuesques :

« Lors de la réunion avec un ambassadeur russe au ministère des Affaires étrangères, une nation européenne — beaucoup y voit la France — a admis des relations difficiles avec la Russie, mais a tenté de négocier pour que la Russie aide ce pays à retrouver de meilleurs relations en Afrique. (Oui nos relations sont au plus bas et elles ne s’amélioreront guère. Mais, vous avez renforcé vos positions en Afrique, en République centrafricaine, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad. Tandis que nos positions se sont affaiblies. Rencontrons-nous, discutons de ce que nous pouvons faire ensemble). Cette proposition, totalement lunaire, laisse le ministre Lavrov dans le néant. (C’est du pur cynisme, un cynisme flagrant. En gros, il dit, vous restez notre ennemi, nous le dirons de manière crue dans l’espace public et par tous les autres moyens possibles. Mais en Afrique, pourriez-vous nous aider d’une manière ou d’une autre à renforcer nos positions là-bas) ». Les faits que rapporte M. Lavrov font écho aux propos outrageux, mais parfaitement décomplexés de François Lecointre lorsqu’il explique que la France tente de convaincre ses partenaires européens de la nécessité de s’unir pour récoloniser l’Afrique.

Tremblement de terre politique au Sénégal : quand le ticket Faye/Sonko menace les intérêts de la France au Sénégal.

L’élection présidentielle sénégalaise du 24 mars 2024 a porté au pouvoir sans grande surprise, le candidat du PASTEF, Bassirou Diomaye Faye. Quelques mois au paravent, Ousmane Sonko, leader charismatique du parti qui prône une rupture totale du système mafieux françafricain avait été enlevé, bâillonné et séquestré par le régime de Macky Sall, dans l’espoir de protéger le butin du colonialisme économique et monétaire dont l’homme promettait le démantèlement. Quelques jours après le kidnapping de M. Sonko, le régime Sall se confondra d’un communiqué du moins laconique, annonçant la dissolution de son parti, le PASTEL, pendant que l’incorruptible opposant au nazisme économique occidental était affublé d’épithètes multiples dont des appels à l’insurrection et complot contre l’état, suite l’échec de la tentative foireuse de le rendre inéligible sur des accusations grotesques de viols et menaces de mort. Macky Sall parviendra quand même à ses fins puisqu’il réussira à soudoyer une justice aux ordres, de laquelle il obtiendra une déclaration de culpabilité pour « corruption de la jeunesse » de son adversaire, ce qui valait à l’intéressé une condamnation à deux ans de prison ferme, l’empêchant du même coup d’être candidat à l’élection présidentielle susmentionnée. Ousmane Sonko avait fait peur au régime Macron, en se déclarant favorable à la dissolution du franc des colonies française d’Afrique (CFA), au renvoie de l’armée française cantonnée au Sénégal depuis l’époque coloniale et la renégociation de tous les contrats léonins liant son pays à des partenaires dont évidemment la France, l’Union européenne, les États-Unis et aussi la Chine et d’autre pays asiatiques, dans le domaine de la pêche par exemple. Ousmane Sonko dévient dès lors un homme à abattre, tant il constitue une menace réelle pour les intérêts de puissants pays étrangers établis au Sénégal. Devenu premier ministre, Ousmane Sonko, se tient droit dans ses bottes. En référence au franc cfa, il explique à son invité Jean-Luc Mélenchon :

« Aucun pays digne de se nom ne doit sous-traiter sa monnaie ». Cette fronde contre les intérêts monétaires et plus globalement contre les intérêts économiques de la France au Sénégal et ailleurs en Afrique a déjà valu l’anathème des autocrates successifs de l’Élysée à nombre de dirigeants Africains.
En géopolitique, le concept d’intérêt est extrêmement flou, sinon parfois carrément fantasmagorique. Charles de Gaule définit la notion d’intérêt comme suit : « Nos intérêts, c’est la libre exploitation du pétrole et du gaz que nous avons découvert ou que nous découvririons. C’est la disposition de terrains d’aviation, du droit de circulation pour nos communication avec l’Afrique noire  ».
En 2020, le prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye, renouvelle avec l’Union européenne, un de ces contrats léonins décriés aujourd’hui partout sur le continent africain. Beaucoup y voient d’ailleurs une conséquence directe de cette immigration que l’Europe se dit incapable de supporter. L’accord de pêche renouvelé pour 5 ans en 2020 par le régime de Macky Sall, prévoit la surexploitation du fonds marin sénégalais de 10 000 tonnes de poissons par les bateaux usines et autres chalutiers de pêche européens, en contrepartie de la modique somme 3 millions d’euros. En comparaison à l’accord similaire signé par le Maroc avec la même Union européenne, une année plutôt, soit en 2019, pour une période équivalente, la contrepartie accordée au royaume chérifien était de 280 millions d’euros. Il est donc plus qu’urgent pour le Sénégal et l’ensemble des pays africains de résilier unilatéralement ces contrats léonins qui freinent le développement de notre continent et réduisent ses habitants à un esclavage sans fin.